Devoir de Philosophie

KANT: Thalès et le triangle

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

kant
Le premier qui démontra le triangle isocèle (qu'il s'appelât Thalès ou comme l'on voudra) eut une grande lumière; car il trouva qu'il ne devait pas suivre à la trace ce qu'il voyait dans la figure, ni s'attacher au simple concept de cette figure comme si cela devait lui en apprendre les propriétés, mais qu'il lui fallait réaliser cette figure, au moyen de ce qu'il y pensait et s'y représentait lui-même a priori par concepts (c'est-à-dire par construction), et que, pour connaître sûrement quelque chose a priori, il ne devait attribuer aux choses que ce qui résultait nécessairement de ce que lui-même y avait mis, conformément à son concept. [...] Lorsque Galilée fit descendre sur un plan incliné des boules avec une pesanteur choisie par lui-même, ou que Torricelli fit porter à l'air un poids qu'il avait d'avance pensé égal au poids, connu de lui, d'une colonne d'eau, ou que, plus tard, Stahl transforma des métaux en chaux et celle-ci à son tour en métal, en leur retranchant ou en leur restituant certains éléments, alors ce fut une grande lumière pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison n'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après son projet, qu'elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements suivant des lois constantes, et forcer la nature à répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme en laisse ; car autrement, des observations faites au hasard et sans aucun plan tracé d'avance ne se rassemblent pas en une loi nécessaire, ce que cherche pourtant la raison et dont elle a besoin. Cette raison doit se présenter à la nature, tenant d'une main ses principes, d'après lesquels seulement des phénomènes concordants peuvent valoir comme lois, et de l'autre les expériences qu'elle a conçues d'après ces mêmes principes. Elle lui demande de l'instruire, non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître, mais comme un juge en fonctions, qui force les témoins à répondre aux questions qu'il leur pose. KANT

QUESTIONNEMENT INDICATIF    • La raison produit-elle des objets physiques (par exemple produit-elle les sphères qui roulent sur le plan incliné, l'air dont la pression agit sur la surface de l'eau) ? Que produit-elle alors ? Que signifie ici « voir « ?  • En quoi les expériences de Galilée et Torricelli nous éclairent-elles sur ce qui est à l'œuvre dans l'expérimentation ?  • Les « lois immuables « sont-elles les fois physiques ?  • Qu'est-ce qu'une loi « nécessaire «? Pouvez-vous donner une définition de « nécessaire « et de « contingent « ?  • Qu'est-ce qu'avoir « l'autorité de lois « ?  • Pourquoi, selon Kant, seuls les principes (de la raison) peuvent donner aux phénomènes concordants entre eux l'autorité de lois ?  • En quoi l'expérimentation « est-elle nécessaire, selon Kant ?  • Quelle est la fonction de la métaphore « filée « « écolier« « juge «, « maître «, « témoin « ?  • Qu'est-ce qui doit être « premier « dans l'expérimentation ?  • Ce texte a-t-il un intérêt simplement « épistémologique «  ou se situe-t-il dans le domaine de la philosophie des sciences ?

kant

« des observations faites sur des figures particulières.

C'est, au contraire, ne voir dans les figures particulièresque des supports traduisant les définitions et les concepts géométriques de base.

Sur un tableau, ou surune feuille, l'angle que fait la parallèle à un côté passant par le sommet opposé du triangle avec leprolongement d'un des côtés adjacents au sommet n'est jamais rigoureusement égal à l'angle intérieur quefait le côté prolongé avec le côté opposé au sommet.

En revanche, pour le géomètre qui raisonne, ils sont,par construction, égaux, et c'est sur cette égalité, qui n'a lieu que dans une détermination a priori del'espace, que repose sa démonstration.Semblablement, le physicien ne se contente pas d'inventorier les observations de la nature.

Les lois et lespropriétés qu'il cherche à mettre en évidence ne pourront être universelles et nécessaires que si ellesprocèdent de principes qui ne sont pas dérivés de l'expérience (même s'ils doivent rester applicables auxobjets de l'expérience).

L'expérience, en effet, ne nous livre que des successions régulières, desenchaînements habituels, mais rien qui atteigne à une universalité rigoureuse.

La synthèse de l'expérienceréclame, si on ne veut pas en rester à une rhapsodie de perceptions, la mise en oeuvre de principesrationnels, que Kant appelle jugements synthétiques a priori, comme par exemple : « dans tous leschangements du monde corporel, la quantité de matière reste inchangée » (Critique, Introduction, V).

Cesexigences rationnelles forment le cadre a priori de l'unité de l'expérience, même si nous ne pouvons pastoujours déterminer a priori le degré de cette unité.

C'est l'affaire de la perception, que de nous renseignersur la matière des phénomènes.

Les valeurs particulières et les nuances ne peuvent être anticipées, maisl'architecture de l'expérience, sa syntaxe générale sont l'oeuvre de la raison.Comme lors d'une reconstitution des faits, c'est la raison qui expérimente pour vérifier ses hypothèses.

Elleconstruit l'expérience plus fondamentalement que l'expérience ne l'instruit.

Kant va même jusqu'à dire que «l'entendement est l'auteur de l'expérience » (quant à sa forme générale seulement) (Critique, § 14).

Ainsi, laraison prend les devants, au moins pour ce qui relève de sa compétence ; les principes a priori de lasynthèse de l'expérience.

Le texte suivant, illustrera jusqu'où peut aller, dans la théorie mathématique, laconstruction des concepts : comment la raison peut donner à la suite des nombres entiers, par exemple, laforme d'un système de définitions et d'axiomes. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.

C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.

Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).

Quantité : unité,totalité, pluralité.

Qualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, causalité, réciprocité.

Modalité :possibilité, existence, nécessité.

— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.

La raison aune destinée pratique, une faculté d'agir.

Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillibleElle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.

— Il y a en. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles