Devoir de Philosophie

Karl Heinrich MARX: Ce qui est animal devient humain

Publié le 07/04/2005

Extrait du document

marx
Ce qui est animal devient humain, ce qui est est humain devient animal. Karl Heinrich MARX (1818-1883)
marx

« Les formes modernes de travail consistent (si l'on s'en réfère à Taylor et à Ford) à décomposer les opérationsnécessaires à la fabrication d'un objet & à attribuer chacune d'elles à un ouvrier.

Cette forme de division dutravail, si elle favorise la production dans des proportions exponentielles, fait que d'une part la conception del'objet et son exécution sont deux tâches séparées, attribuées à des hommes bien distincts (ce qui supposeque certains ne sont plus que des exécutants purs & simples, travaillant avec des machines & à leur rythme),et que, d'autre part, l'objet n'est plus produit littéralement par personne.

Non seulement un homme ne produitplus un objet du début jusqu'à la fin, mais on ne peut plus parler de travail d'équipe dans la mesure oùl'organisation du travail est imposée de l'extérieur et que chacun exécute sa tâche isolément.Cet anonymat, cette séparation de la conception et de l'exécution, cette imposition d'une tâche abrutissante& répétitive, Marx la décrit en 1844 comme une véritable perversion du travail.L'ouvrier est dépossédé de son travail, et cela à plusieurs titres.

D'une part en ce que son salaire necorrespond pas au travail fourni, mais permet seulement de restaurer la force du travail.

D'autre part en ce quel'ouvrier ne peut en aucun cas reconnaître pour sien, comme son œuvre, un objet fabriqué dot il n'a fourniqu'une partie infime.

Non seulement nulle fierté n'est possible, mais nulle reconnaissance.

« Le travail estextérieur à l'ouvrier […] il n'est plus son bien propre mais celui d'un autre.

»L'ouvrier « mortifie son corps & ruine son esprit », cela se conçoit aisément.

Le corps n'est plus éduqué, formé,discipliné quand il est astreint à la répétition mécanique, à une cadence imposée par les machines.

Aucontraire, il est déformé, réduit à être un substitut de machine.

Proche, pour faire court de la définition quedonnait Aristote, des esclaves.« L'esclave lui-même est une sorte de propriété animée […] Si, en effet, chaque instrument était capable, surune simple injonction, d'accomplir le travail qui lui est propre […] si les navettes tissaient d'elles-mêmes […]alors ni les chefs d'artisans n'auraient besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves.

» (« Politique », I, 4).Mais cette ruine, cette dégradation du corps, qui ne développe plus ue habileté ou un talent mais itère &réitère un même geste qui n'a plus de sens pour celui qui l'exécute, est corrélative d'un abrutissement spirituel.Le « pire » réside dans la séparation de la conception et de l'exécution qui fait que le travail n'est plus conçumais subi, ne développe plus intelligence ou créativité, mais cantonne l'homme à la contemplation d'une actionimposée étrangère, absurde.

« Travail forcé, il n'est plus la satisfaction d'un besoin, mais un moyen desatisfaire des besoins en dehors du travail.

»Ainsi on conçoit que « ce qui est humain devienne animal.

»Mais, ajoute Marx : « on fuit le travail comme la peste.

» « C'est pourquoi l'ouvrier n'a le sentiment d'être soiqu'en dehors du travail ».

Le travail étant devenu animal, machinal, torturant, l'homme s'y voyant dépossédéde sa propre activité, ne peut plus se sentir lui-même qu'en dehors du travail.Or, ce qui existe en dehors du travail, c'est essentiellement (compte tenu, qui plus est, des conditionséconomiques dans lesquelles on maintient l'ouvrier), la satisfaction des besoins.« On en vient à ce résultat que l'homme n'a de spontanéité que dans ses fonctions animales : le manger, leboire, la procréation, peut-être encore dans l'habitat, la parure, etc.

»Ainsi le comble de la perversion est-il atteint en ce que non seulement « ce qui est humain devient animal »,mais encore « ce qui est animal devient humain ».

Il s'ensuit que la forme actuelle de production, non contentede faire du travail un travail aliéné, de déposséder l'homme de son travail, le plonge et le maintien dans unesphère quasi animale, déniant, rejetant tout ce qui en fait un être humain.

Si la notion de « contre nature »avait un sens, elle s'adapterait à ce que Marx dénonce ici comme perversion , monde à l'envers.Certes, ce n'est pas là le dernier mot de Marx, qui ressaisira la nécessité de cette forme moderne deproduction, comme il pensera que ses contradictions devraient amener à un nouveau mode de productionincluant de nouveaux rapports de production. Le matérialisme dialectique Le concept de matérialisme dialectique apparaît tardivement (1886) sous la plume de F.

Engels.Auparavant, le concept de dialectique matérialiste désignait la méthode mise en oeuvre par Marx etEngels, étant entendu qu'il s'agissait de la dialectique de Hegel « remise sur ses pieds ».

Par là, Marxreconnaissait sa dette envers Hegel tout en soulignant le renversement opéré à travers la primauté qu'ilaccordait au matériel par rapport à l'idéel.

Par ailleurs, selon Marx et Engels, la dialectique n°oeuvre passeulement dans la pensée, mais dans le réel, dans les mondes organique ou animal et dans l'histoire (d'oùd'ailleurs la notion de matérialisme historique forgée ultérieurement par les marxistes).Le premier emprunt à Hegel est celui de contradictions dont Marx et Engels montrent qu'elles traversenttoute la vie, la nature et l'histoire, car elles expliquent le mouvement.

Or, le réel est en mouvementpermanent, du plus petit (l'atome) au plus grand (l'univers).

La matière n'est pas une substance inerte[Dialectique de la nature].

Bien au contraire, le principe constitutif de la matière est le mouvement.L'immobilité, la stabilité ou l'équilibre ne sont conçus que comme un moment particulier et momentané dumouvement.« Le mouvement est contradiction ; par exemple, le simple changement mécanique de lieu lui-même nepeut s'accomplir que parce qu'à un seul et même moment, un corps est à la fois dans un lieu et dans unautre lieu, en un seul et même lieu et non en lui.

Et c'est dans la façon que cette contradiction a de seposer continuellement et de se résoudre en même temps que réside précisément le mouvement » [Anti-Dühring, p.

150].Le deuxième emprunt à Hegel est celui de « la loi d'après laquelle de simples changements dans laquantité, parvenus à certain degré, amènent des différences dans la qualité » [Le Capital, I.

I, t.

1, p.302].

Les exemples les plus classiques d'application de cette loi sont le passage de l'eau à l'état solide au-dessous de 0 °C, sous pression atmosphérique normale, ou son passage à l'état gazeux au-dessus de 100. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles