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Kierkegaard: la succession infinie du temps

Publié le 27/02/2008

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Quand on définit justement le temps comme une succession infinie, il semble naturel aussi de le définir comme présent, passé et futur. Distinction cependant fausse, si l'on pense qu'elle est située dans le temps même ; car elle n'apparaît que par le rapport du temps à l'éternité et par le reflet de l'éternité dans le temps. Si dans la succession infinie du temps on savait en effet où trouver pied c'est-à-dire un présent qui fût départageant, la division serait juste. Mais du fait même que tout moment, comme la somme des moments, est un avancement (un défilé), aucun d'eux n'est un présent, et en ce sens il n'y a dans le temps ni présent, ni passé ni futur. Si l'on croit pouvoir maintenir cette division, c'est parce qu'on spatialise un moment - mais on a par là arrêté la succession infinie - c'est parce qu'on a fait intervenir l'imagination, qu'on imagine le temps au lieu de le penser. Mais, même ce faisant, on est dans l'erreur, car même pour l'imagination la succession infinie du temps est un présent infini vide. (Ce qui est la parodie de l'éternel). Sôren KIERKEGAARD.

La question du temps fait difficulté en tant qu’il est insaisissable. En effet ce qui fait obstacle à sa détermination est son caractère évanescent. Qu’est-ce que le temps ? Nous pensons pouvoir y répondre et pourtant, comme le disait Saint Augustin, nous échouons à mettre des mots sur cette réalité fugace. Le thème du temps est ici abordé par Kierkegaard notamment en parallèle avec la notion d’éternité. En effet il définit non seulement l’homme comme étant une synthèse d’âme et de corps mais aussi comme étant uns synthèse de temporel et d’éternel. La définition de l’homme passe par une définition du temps. Dans ce texte le problème posé par le philosophe danois est justement celui de la détermination du temps. Pour y répondre il procède en trois étapes correspondant respectivement à ces trois questions : D’où vient l’identification du temps à une succession sans fin ? Le présent peut-il nous permettre de diviser le temps ? La considération du temps comme succession a-t-elle pour origine la spatialisation du temps ?

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« l'inverse ? Deuxième partie : Le passage.

2.1 L'insuffisance du présent temporel. Kierkegaard revient sur la distinction intratemporelle entre le passé, le présent et le futur, celle-ci ne peut avoir sa source dans le présent parce que celui-ci, au cœur de la succession, est évanescent et ne peut jouer lafonction de repère.

L'illusion à laquelle il fait référence concerne notre conception du temps qui tend à faire duprésent quelque chose de saisissable qui pourrait départager les différents moments composant le temps.

Commentpeut-on expliquer l'évanescence du présent ? 2.2 De l'origine de cette insuffisance à la disparition du temps. Ce qui s'oppose à la conception d'un présent, dont le rôle aurait été d'être le point de repères des différentes composantes du temps, c'est la marche même de ce temps qui est irréversible.

Ce que Kierkegaard appelle« l'avancement » désigne cette irréversibilité, cet écoulement incessant qui fait s'évanouir tous les moments dutemps.

En ce sens aucun moment en tant que tel ne peut être considéré comme présent car sa réalité nouséchappe.

Si ce qui a lieu n'a pas lieu, n'est pas réel, alors ce qui a eu lieu ne l'est pas non plus ni ce qui aura lieu.

Leprésent ayant la charge de l'existence du passé et du futur, si son existence est remise en cause la leur aussi. Transition : La conception qui fait du présent l'origine de la tripartition du temps (passé, présent, futur) est une illusion parce qu'elle prend pour point de départ une définition erronée du présent.

D'où vient cette illusion ? Troisième partie : La spatialisation du temps.

3.1 Quelle est l'origine de l'illusion concernant notre appréhension du présent ? 3.1.1 Concevoir le temps comme l'espace.

Le régime de la temporalité diffère de celui de la spatialité.

Le premier est la succession le second est la simultanéité.

La spatialisation du temps a pour but de compenser le caractère insaisissable du temps et de sescomposantes.

Nous comprenons également pourquoi il n'y a pas de contradiction à rapprocher le temps nonseulement de l'éternité mais aussi de l'espace, tous les deux ayant un régime de simultanéité.

Ce régime permet,quand il est appliqué abusivement au temps, de faire cesser l'écoulement et de permettre l'appréhension du tempset de ses composantes.

Le présent, le passé et le futur peuvent par le biais de cette spatialisation s'inscrire sur uneligne imaginaire, le présent se situant entre le passé et le futur.

Cette conception du temps est fautive en tantqu'elle contredit l'essence même du temps qui est d'être une succession infinie. 3.1.2 L'imagination.

Notre imagination est à la source de cette illusion.

En effet notre esprit au lieu de faire face à une réalité déconcertante préfère faire appel à l'imagination pour rendre saisissable l'insaisissable.

Le temps devient unecréation de l'esprit, et plus précisément de l'imagination, et n'a plus aucune ressemblance avec le temps réel. 3.2 La parodie de l'éternel. Le décalage entre notre image du temps et sa réalité est l'indice de notre erreur.

Comment comprendre que la succession infinie du temps devient un présent infini vide ? Le présent est infini parce qu'en définitive il est notreseul vécu du temps.

On ne vit pas le passé ni le futur mais juste le maintenant.

Il est infini parce que justement ilest présent-passé et présent-futur, les différentes composantes du temps se condensent en une seule, à savoir leprésent.

Il est dit vide puisque son contenu ne cesse de disparaître pour laisser la place à un autre, qui lui-mêmedisparaît etc.

Il est question d'une parodie de l'éternel parce qu'en réduisant le temps au présent, on tend à lecomprendre non pas sous le régime de la succession mais sous celui de la simultanéité. CONCLUSION Nous faisons face au caractère insaisissable de la succession en spatialisant le temps.

En voulant concevoir le temps par le présent, nous confondons le régime du temps et celui de l'éternité.

En effet l'éternité est présentparce qu'il est simultanéité, autrement dit nous concevons l'éternité comme étant une succession abolie.

La notiond'instant, non plus comprise comme présent ou intermédiaire entre le passé et le futur, mais comme lieu derencontre du temps et de l'éternité.. »

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