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LABERTHONNIÈRE Lucien (186o-1932) Le Père Laberthonnière, de l' Oratoire, est un des initiateurs de ce qu'on a appelé péjorativement la pensée « moderniste ».

Publié le 21/10/2012

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LABERTHONNIÈRE Lucien (186o-1932) Le Père Laberthonnière, de l' Oratoire, est un des initiateurs de ce qu'on a appelé péjorativement la pensée « moderniste «. Outre les Annales de Philosophie chrétienne dont il prit la direction en 1905 et où il collabora avec Edouard Le Roy et Maurice Blondel, il a écrit de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut citer: Réalisme chrétien et Idéalisme grec (1904) ; Dogme et théologie (1908) ; Études sur Descartes (1938); Esquisse d'une philosophie personnaliste (1942). Cette oeuvre, qui veut apporter une interprétation nouvelle de l'expérience religieuse, s'inscrit d'abord en réaction contre l'objectivisme du xixe siècle, pour qui la religion se réduit à un fait historique, mais s'oppose non moins vigoureusement au thomisme. Saint Thomas, en effet, reconnaissait une double source à la théologie : d'une part, les assertions de la foi, et d'autre part, une transcription philosophique, donc rationnelle, de la vision du monde impliquée par les vérités de la foi. Cette juxtaposition de l'autorité et d'une construction purement conceptuelle ne satisfait pas Laberthonnière; l'autorité risque d'engendrer scepticisme et anarchie; quant au thomisme, en pensant les réalités surnaturelles par analogie avec les choses naturelles, il est amené à utiliser des catégories forgées pour ces dernières, donc à dénaturer les premières. C'est pourquoi, au principe de la vie religieuse, Laberthonnière veut placer une expérience directe, vivante, où Dieu est éprouvé comme une personne concrète; l'expérience religieuse, c'est d'abord cette participation à un vaste courant d'amour qui relie Dieu à 'homme, et, par l'intermédiaire de Dieu, tous les hommes entre eux. Il est alors clair que, pour Laberthonnière, Dieu est atteint, en premier lieu, par un approfondissement de la vie intérieure: d'où son « augustinisme « et son souci de combattre toute interprétation trop transcendante de Dieu ou de la Grâce. Cette restauration de l'expérience religieuse vécue, fort éloignée par ailleurs du mysticisme, explique également l'attitude de Laberthonnière vis-à-vis des dogmes et de la hiérarchie: tout en les acceptant pleinement, Laberthonnière tend à soumettre ces signes extérieurs de la foi au primat de la charité, ou mieux encore, de « l'intuition laborieuse de la charité «, voulant marquer par là que la foi, dans son expression et dans son développement, est liée à l'action, au travail, à l'amour. Ainsi le dogme de la Trinité n'est pas seulement une affirmation spéculative, mais doit être le modèle de l'union parfaite. Il existe, en définitive, pour Laberthonnière, deux attitudes fondamentales dans la philosophie religieuse : l'intrinsécisme et l'extrinsécisme. L'extrinsécisme, c'est la reconnaissance d'un Dieu principe premier, dont Descartes offre un bon exemple; à cette tradition héritée de l'idéalisme abstrait des Grecs, Laberthonnière oppose le « réalisme chrétien «, connaissance vivante et intrinsèque de Dieu, relation sans cesse en devenir, selon que les hommes s'intègrent et collaborent davantage à ce grand courant de charité qui les réunit à travers Dieu. MAURICE CLAVELIN SEGOND Joseph (1872-1954) a maintenu la tradition de l'Ecole d'Aix-en-Provence. Le Traité d'Esthétique (1947), où il envisage l'art comme jeu suprême, couronne son enseignement. PALIARD Jacques (1887-1953) est n&eac...

« se fonde toute connaissance et la pensée s'épuise à tenter d'en ressaisir la richesse infinie.

Entreprise condamnée dès le principe : la connaissance procède par décomposition et le jugement qui détermine le réel, distinguant l'attribut (le « What ») du sujet (le « That »), brise l'unité immédiate et s'interdit par là même d'atteindre jamais le réel auquel l'apparence s'oppose comme le fragmentaire au total (Appearance and Reality, 1893).

Mais Bradley ne prétend pas revenir au devenir pur.

La pensée répond en effet à un besoin, à une inquiétude inhérente à l'expérience immédiate elle-meme : celle-ci est le fait de « centres finis », soumis au changement et à la contradiction et qui aspirent à une expérience totale.

Ainsi la réalité est-elle à la fois en deçà et au delà des prises de la connaissance; la pensée vise un absolu où elle s' accom­ plirait en se dépassant elle-même.

Mais si toute distinction implique une unité plus profonde, apparence et réalité doivent être considérées comme deux termes corrélatifs.

La philosophie a pour centre une « double vérité » : « la relation positive de chaque appa­ rence en tant qu'elle qualifie la réalité, et la présence de la réalité au sein des apparences, à différents degrés et avec des valeurs diverses » (Duprat).

D'où l'ambiguïté d'une telle philosophie, « apparence fragmentaire et unilatérale de l'absolu », et qui se fonde sur un « robuste scepticisme »; philosophie dont nous voudrions retenir l'effort pour remonter aux racines mêmes de la connaissance et de la réflexion et pour élucider les conditions de l'exercice de la pensée, la tentative pour définir un « universel concret », riche de toutes les déterminations du particulier et qui soit comme l'horizon de l'expérience elle-même.

{ H.D.) BOSANQUET Bernard (1848-1923) qui enseigna à Saint-Andrews, pro­ fessait un idéalisme très proche de celui de Bradley.

Mais il fut plus que lui préoccupé d'éprouver cet idéalisme au contact de l'expérience la plus concrète et de définir la situation de l'individu, les conditions de sa réalisation, la signi­ fication des valeurs (The Principle of lndividuality and Value, Value and Destiny of the Individual, 1913).

Nous réalisons en nous l'infini si nous parvenons, au prix d'un effort que Bosanquet qualifie « d'héroïque », à ordonner notre expérience, sociale, scien­ tifique, etc.

en un tout cohérent qui satisfasse l'esprit et l'affranchisse de la contradiction.

« C'est dans ses œuvres que nous devons rechercher la réalisation de l'individu ».

Ainsi de l'artiste, dont les œuvres sont à l'image de l'univers, « unité plastique d'un système incluant le détail » (Lectures on Aesthetics).

( H.D.) ROYCE Josiah (1855-1916) La réflexion sur la logique se combine dans son œuvre à la spéculation morale.

Si l'affirmation de l'esprit absolu répond, selon lui, aux conditions de l'exercice de la pensée, il a le souci constant de ne pas sacrifier à un monisme abstrait les exigences de la vie pratique, de ne point poser l'absolu à part des individus concrets : le moi absolu est la société des personnes dont le dialogue constitue le monde, « unité spirituelle et qui transcende la simple nature » (The World and the Individual).

La Philosophie du Loyalisme ( 1908) définit la « personne » par la fidélité à une cause librement choisie.

Ce « loyalisme »fait le fond de la moralité, et représente la valeur suprême que l'homme doit respecter en l'homme, par delà la diversité des causes, la multiplicité des valeurs.

( H.D.) CROCE Benedetto (1866-1952) (Voir page 304) HERR Lucien (1869-1926) né à Altkirch, mort à Paris, fut biblio­ thécaire de l'Ecole Normale Supérieure de 1888 à 1926, et la conscience de la génération socialiste qui comptait Jaurès et Péguy.

Ses Ecrits, peu nombreux, ont été réunis en volume.

JAURÈS Jean (1859-1914) Né à Castres, mort à Paris.

Ses œuvres principales sont De la réalité du monde sensible ; Le Socialisme et les peuples (1899) ; Etudes Socia­ listes (1902).

HAGERSTROM Axel (1868-1939) un des principaux représentants de la philosophie suédoise, fut à la tête du Groupe d'Upsal, de tendance rela­ tiviste.

Ernst Cassirer lui a consacri une importante étude.

Il a été publié de lui, en allemand : Das Prinzip der Wissenschaft (1908) et en anglais : lnquiries into the nature of law and morais (1953).

STROUVE Pierre (1870-1944) est l'auteur de : La théorie marxiste du développement social (1899); Essais de philosophie pluraliste (1922).

LOSSKI Nicolas-Onuprijervirsch (né en 1870) est l'auteur de : The world as an organic whole ( 1928); L'intuition, la matière et la vie (1928); The freedom of will ( 1932); Value and Existence (1935).

GENTILE Giovanni (1875-1944) Né à Castelvetrano (Sicile), l'auteur de : Teoria dello spirito come atto puro (1916), tr.

fr.

L'Esprit, acte pur (1925), est mort à Florence.

La méditation de la philosophie hégé­ lienne en France avait été plus logique que politique, plus ontologique qu'his­ torique; en Italie, l'hégélianisme appa­ raît au moment où le mouvement de libération et d'unification du pays s'a­ morce, et c'est vers les principes de la philosophie du Droit, la notion de l'Etat que les penseurs italiens se tournent.

Benedetto Croce constitue un « humanisme historique » dont la vigueur fait des adeptes avec la création, en 1903, de la revue « La Critica ».

Croce comme Gentile se réclament d'une tradition philosophique strictement ita­ lienne : Croce se veut dans la ligne philosophique de Vico, Gentile se pose en fonction de Bruno; l'un comme l'autre s'opposent à une philosophie du « cogito », dont l'approfondissement ne peut en aucun cas atteindre l'esprit; la limitation de la réflexion philoso­ phique à l'intérieur du cogito ignore que l'esprit ne peut être connu que dans l'histoire et dans l'histoire la plus concrète.

Gentile recherche l'Absolu dans la réalité même, Absolu qui est créateur de l'esprit.

L'absolu est inséparable de l'histoire qui est « non le présupposé, mais la forme réelle et concrète de l'actualité spirituelle », dont la liberté est ainsi établie.

Sa propre doctrine s'insère dans le devenir historique envers lequel elle veut être non contemplation mais participation : morale et politique sont d'autant plus significatives qu'elles sont les seules formes que peut prendre cette participation active à l'activité créatrice.

Mais il en résulte une anti­ nomie, que Gentile appelle « l'antinomie historique » : d'une part, l'esprit est solidaire, jusque dans son intimité la plus profonde, d'un développement his­ torique; d'autre part, il n'est pas historique, en tant qu'il est acte éternel.

L'antinomie n'est résolue que dans et par la philosophie : « L'histoire n'est vraiment concrète que dans l'acte de celui qui la pense comme histoire éter­ nelle ».

Histoire, philosophie et histoire de la philosophie ne sont qu'une seule et même réalité, ce qui permet de com­ prendre que le moment subjectif de la réalité, l'art, et son moment objectif, la science, se trouvent réconciliés dans son moment absolu, qui est la philo­ sophie.

(P.H.) DE MAN Henri (1885-1953) Né à Anvers.

Ses ouvrages ont contribué à accroître la confusion où se débat le mouvement socialiste.

De Man se proposa de « dépasser » le marxisme, qu'il déclara responsable du déclin du mouve­ ment ouvrier dans Au delà du marxisme.

Il affirma la nécessité d'une critique de l'hédonisme économique sur lequel est fondé - selon lui - le marxisme, et d'une « PeJJchanalyse de la pensée socialiste » : « la classe ouvrière est infériorisée parce qu'elle se sent infé­ riorisée ».

De tels « complexes » suscitent l'apparition de « concepts compensatoires » : la lutte de classes n'est pas inscrite dans les faits mais traduit le refus de la part de la classe ouvrière- et d'abord de ses dirigeants­ de s'adapter au milieu capitaliste.

D'où l'urgence d'une riforme morale du mouvement ouvrier, d'un retour à 1 'Idée Socialiste.

De Man voulut « gagner de vitesse le fascisme » : mais « gagner de vitesse », n'est-ce pas arriver plus tôt au même but? On peut le craindre en pensant au rôle de De Man pendant la dernière guerre.

Ce penseur doué, mais, dans l'action, sensible aux « ten­ tations », est mort exilé en Suisse, dans la solitude.

( H.

D.) 421. »

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