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Les mots nous éloignent-ils des choses ?

Publié le 28/02/2004

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Les mots ne devraient pas nous éloigner des choses, puisque le mot est un signe, et que sa fonction est de signaler la chose qu'il signifie. Les mots nous indiquent ce dont ils sont les signes. Mais n'y a-t-il pas un effet pervers des mots, qui nous habitue à un sens habituel, un usage courant et général, qui nous éloigne de la vérité singulière des choses ? En ce sens, on peut dire que les mots nous éloignent des choses. (cf. Bergson) Toutefois, une chose n'est-elle pas pour nous un mot ? Sans le langage, saurions-nous connaître les choses ? Non sans doute. Le monde ne se découvre à l'homme que dans la mesure où il peut le désigner par des mots.

Toute chose se fait connaitre premièrement par la sensation. Cependant, nous ne connaissons réellement que par une définition, formée par des mots. Aussi, en toute logique, nous pourrions penser que toute chose ne se connaît parfaitement que par les mots. Mais ces mots ne sont pas les choses elles-mêmes. Alors connaitre les mots, est-ce connaitre les choses ? Définir une chose qui se fait premièrement connaître par la sensation, n'est ce pas nous en détacher complètement ? Les mots nous éloignent-ils des choses ?

 

  • I) Les mots disent et nous rapprochent des choses.
  • II) Pourtant les mots nous éloignent de l'essence des choses.
  • III) Lelangage poétique comme perception intime des choses.

« du moins en théorie. · Le mot permet la définition.

Il est donc au fondement d'une connaissance sûre.

Si la sensation est à l'origine de toutes nos connaissances (puisqu'elle est à l'origine de notre pensée) le mot est ce qui fixecette pensée, ce qui en fait une connaissance ferme et assurée. « La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses.

» Platon . · Selon Platon, la connaissance passe donc par celle des mots.

Ceux-ci sont en effet ce qui définit, de manière générale. · Mais dans le même temps, les mots, dès qu'ils sont connus, font aussi connaître les choses.

Le mot est alors la source, définitive, de la connaissance.

On ne peut connaître que par les mots. · Ce principe est repris par les philosophes médiévaux, tels que Guillaume d'Ockham, posant alors le mot comme étant ce qui nous fait parvenir à l'objet. · Dans cet axe, nous voyons que les mots sont d'une part ce qui permet de connaître.

Et que d'autre part, ils sont aussi ce qui donne une définition à chaque chose.

En ce sens, ils sont donc proches de lachose. · Pourtant, le nominalisme du XVIIème siècle remettra en cause ce fait, Hobbes en tête, en posant à l'inverse une irréversible différence entre les mots et les choses. 3.

Oublions-nous ce qu'est la chose lorsque nous la définissons par les mots ? · Thomas Hobbes, philosophe posant les noms comme seuls connaissance certaine, voit aussi en eux un redoublement du signe : la chose se fait connaitre à l'esprit, par les sens ; ensuite, l'esprit produit lesmots, qui sont alors des signes de la pensée, et non de l'objet lui-même. « Or, puisque selon leur définition, les noms ordonnés dans le discours sont les signes des concepts, il estmanifeste qu'ils ne sont pas les signes des choses elles-mêmes ; car en quel sens peut-on comprendre que leson de ce mot pierre soit le signe d'une pierre si ce n'est en celui-ci : que celui qui entend ce mot en infèreque celui qui parle a pensé à une pierre ? » Thomas Hobbes, Léviathan. · La séparation existe donc entre le langage, d'une part, qui est un signe de la pensée, et le monde en général.

Les choses et les noms sont donc indubitablement séparés. · Mais si les mots ne traduisent pas les choses, ils nous en éloignent aussi.

Ce que nous disons devient un concept, et non la chose elle-même. · Plus encore, le concept peut alors être considéré comme étant lui-même une nouvelle chose. · Le mot ne cherche alors pas à nous éloigner de la chose, mais il en crée plutôt une autre, à l'image de celle donnée par le monde, mais qui n'est que dans la pensée : le concept. Conclusion. *Nous avons vu que les philosophes s'accordent sur le fait que la seule façon cohérente de connaître réside dansles mots.

Mais cette connaissance entraîne alors le problème du rapport entre les mots et les choses.

Connaitre parles mots, ce n'est pas connaître par les choses.

Il existe donc un écart infranchissable entre les mots et les choses.Cependant, si les mots nous tiennent éloignés des choses, peut-être aussi nous conserve-t-ils à une distancesuffisamment proche d'eux pour que nous retenions leur existence.

Les mots et les choses resteraient alors à desdistances respectables les uns des autres, se tenants éloignés tout en restant aussi proches que possibles.. »

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