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Langage et pensée

Publié le 30/03/2004

Extrait du document

langage
Cependant c'est avec d'autres mots que je cherche mes mots !
* Pour Hegel, il n'y a pas de pensée véritable hors du langage. Par les mots, le sujet pensant donne une forme objective à ses pensées et les rend accessibles à sa propre conscience. Hegel veut ainsi démystifier l' ineffable, ce « quelque chose « de si riche, de si nuancé et de si subtil qu'aucune parole ne pourrait l'exprimer. L'ineffable, écrit Hegel dans Philosophie de l'Esprit, «c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot «.
Dans un texte connu, Descartes entend démontrer que langage et pensée sont des activités spécifiques de l'être humain. Les animaux peuvent bien exprimer des sentiments, des passions ou des besoins, mais ils ne sont pas en mesure d'utiliser le langage pour exprimer une pensée, alors que l'homme le plus fruste en est capable. Le langage, comme la pensée, seraient donc le privilège exclusif de l'espèce humaine, ce qui prouve en outre, selon Descartes, que l'homme n'est pas une machine, mais un être doué d'une âme.

langage

« existence la plus haute et la plus vraie.

» 1.

La thèse est examinée en chacun de ses éléments.

D'abord la pensée.

Penser c'est avoir conscience de penser,ce qui implique un dédoublement.

Si naïvement toute pensée, en tant que personnelle (« nos pensées »), est cruede l'ordre de notre intériorité (et strictement seulement de cet ordre), philosophiquement, elle est aussi de l'ordre del'extériorité (et donc différenciée de l'intériorité).

Penser est une activité (« donner » à nos pensées) qui assure lepassage d'un ordre à un autre, où l'on passe en même temps de l'abstrait (« penser » dans le vague en général) auconcret, de la subjectivité à l'objectivité (des pensées « déterminées », cad qui sont celles-ci ou celles-là).

Enfin,avec une réflexion particulière qui doit être consacrée à l'idée de forme (la « forme » objective) qui, en tant queforme, assure une universalité de la pensée applicable dans la diversité et la multiplicité des situations – s'opposantimplicitement à un plein qui ne peut se référer qu'à l'unique particularité du contenu de ce qui est ici et maintenant.Forme claire opposée à l'obscur du plein.En suite le mot.

Si pour la pensée, il convenait de distinguer intériorité et extériorité, il faut reconnaître au mot(défini au passage comme « son articulé ») le statut concret (« l'existence ») d'une synthèse de l'intériorité («l'interne ») et de l'extériorité (« l'externe »).

D'un rapport privilégié du mot et de la conscience, puisque c'est le motqui est le seul à pouvoir à chaque fois unir (intimement) les deux positions de la pensée.La pensée n'est ni l'intériorité seule (l'intériorité est insuffisante il en faut plus) ni l'extériorité seule (il n'y ad'extériorité que seconde, puisqu'elle est le produit, le résultat d'une activité qui prend naissance dans l'intériorité).Mais seul le mot articule en même temps, à la fois, l'intériorité (c'est moi, je, qui parle) et l'extériorité (la « forme »du langage me permet de dire l'universel). 2.

Penser, cad tenir à la fois l'intériorité et l'extériorité, n'est possible qu'avec les mots.

D'où logiquement (« parconséquent ») la réfutation d'une thèse, qui pourtant a cours, et selon laquelle, croit-on, il serait possible de «penser sans les mots ».Prétention démesurée d'un vouloir (« vouloir » penser) qui s'oppose à un pouvoir limité, et qui prend la figure d'unetentative (qui est peut-être même une tentation) impossible et insensée.

Tout à la fois dans le sens de tentativefolle (désespérée), qui n'a pas de sens (qui ne s'oriente nulle part, car sans issue) et vide (ça ne veut rien dire,puisque justement pour penser il faut des mots…).Prétention de l'ineffable à dénoncer.

Selon la métaphore architecturale d'une construction où il y a un haut et unbas (et par là même une fondation, « un fondement ») la croyance répandue (« ordinairement ») en l'ineffable (cequi échappe à l'expression) est celle d'un haut sur-valorisé (« ce qu'il y a de plus haut »), mais qui ne s'appuie surrien (« sans fondement »).

Ce qui fait que ce qui est pris par l'opinion, pour le haut n'est en réalité –à l'opposé del'apparent- que superficialité, qui s'oppose à la solide épaisseur du profond.Cette métaphore, imaginée pour dire l'ineffable, ne pouvant jouer qu'à vide, on peut aussi en proposer une autre,plus réelle (« en réalité… »), mais ici, à peine suggérée : celle d'un baquet, où une chimie secrète (« obscure »)opère sa fermentation.

L'ineffable n'est pas apparemment dans la clarté de ce qui est « le plus haut », mais, enréalité, dans l'obscur de ce qui est au plus profond.

Mais cet obscur fait l'objet d'un travail caché qui s'accomplit au-dedans, dans le bruissement discret de la fermentation.

Mais cette pensée sobre est incomplète, « obscure » ausens d'incompréhension, impossible à déchiffrer, comme on parle d'un sens difficile à comprendre, de quelque chosed'embrouillé ou de fumeux (les vapeurs de la fermentation).

Elle ne sera pensée qu'une fois accomplie, achevée,rendue claire par le mot qui donne le sens. 3.

D'où la reprise de la thèse, mais en insistant maintenant sur le processus à l'œuvre qui permet un passage, versle plus (« le plus haut », « le plus vrai »).

Extrême du mot qui, mené à son terme, fait passer de l'essence àl'existence, du possible au réel.

Langage qui dit le vrai, qui explicité l'implicite de la pensée : « Ainsi le mot donne àla pensée son existence la plus haute et la plus vraie.

» L'intérêt de ce texte tient à la dénonciation de la thèse d'une dénaturation de la thèse d'une dénaturation de lapensée par le langage.

Ce dernier, soutient-on parfois, par sa simplification, ne parviendrait jamais à rendre comptede la complexité de la pensée.

Aussi ce texte est-il une condamnation de l'hypothèse d'un ineffable de la pensée,irréductible à tout langage.Positivement, Hegel, par le langage, fait le lien entre l'intérieur et l'extérieur, en affirmant, dialectiquement, qui celien ne peut se produire, que par l'extériorisation de l'intériorité.Cependant, quelle que soit l'habileté dialectique, son présupposé hostile à l'intériorité, son déni de la capacité del'homme à atteindre l'ineffable, amènent Hegel à laisser échapper une partie de la vérité.

Il y a malgré tout unecertaine partie de la pensée qui ne peut que rester obscure.

Et, contrairement à ce que soutient Hegel, non parmanque, mais plutôt par un trop-plein.

Sinon, comment expliquer la notion d'inconscient, que Hegel refuse deprendre en charge ? [Seconde correction] Ce texte se déploie selon trois moments : dans un premier temps (jusqu'à « la plus haute ») Hegel montre que lelangage donne l'élément d'universalité en donnant une forme objective à ce qui n'était qu'une matière subjective,une extériorité à ce qui n'était qu'intériorité.

Le langage est donc mieux qu'un instrument, il est une condition («nous n'avons conscience… que lorsque… »), et il est un lieu (« c'est dans les mots… ») : nous pensons en mots.

Laprécision qui clôt ce premier temps donne au texte tout son enjeu : si l' «activité interne la plus haute » n'est pasperdue, c'est que nous ne devons pas craindre le langage comme quelque chose qui ferait disparaître notre. »

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