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Le langage permet-il seulement de communiquer ?

Publié le 10/01/2004

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Identification de la problématique.

D'une part la communication est plus large que le langage, en ce qu'elle ne présuppose pas nécessairement la pensée consciente : les animaux (les abeilles, les dauphins) communiquent, sans pour autant « se parler «. D'autre part, nous-mêmes pouvons tout à fait nous passer du langage articulé pour communiquer avec autrui. Par nos gestes ou nos mimiques, nous échangeons des messages. S'il est clair qu'on ne peut réduire le langage à un instrument de communication, à quoi d'autre peut-il donc servir ?

Quelle que soit la nature d'un message linguistique quelconque, il s'agit toujours pour l'émetteur, de transmettre quelque chose à quelqu'un, donc de communiquer une information. Mais le langage n'est pas qu'un outil de communication. C'est aussi un instrument qui permet à l'homme d'assurer son emprise sur les choses.

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« a.

Le langage est l'instrument de la pensée : il permet de comprendre et de conceptualiser. Tous les hommes sans exception, même fous ou stupides, sont capables de parler ou d'employer des signes pourfaire connaître leur pensée.

Au contraire, il n'existe aucun animal qui soit capable d'employer le langage, sinon pourle répéter sans le comprendre (les pies ou les perroquets par exemple).

Si les animaux ne parlent pas, ce n'est doncpas par défaut d'organes convenables - les imitations peuvent être très bonnes pour certains oiseaux -, mais ils nepensent pas ce qu'ils disent, et ne sont pas capables d'inventer un système de signes pour se faire comprendre.Seul l'homme dispose d'une raison, les animaux n'en ont aucune.

Même l'animal le plus doué n'est pas capabled'égaler l'enfant le plus stupide.

Enfin, si les animaux avaient la moindre trace de raison, ils seraient en mesure denous le faire savoir, ce qui n'a jamais eu lieu.

La faculté de langage est donc étroitement liée à la raison : elle ytrouve son origine et sa capacité de développement.

Parler ne consiste donc pas à associer des mots, mais àpenser ce que l'on dit, et à dire ce que l'on pense. « Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures qui puisse assurer ceux quiles examinent que notre corps n'est pas seulement une machine qui se remuede soi-même, mais qu'il y a aussi en lui une âme qui a des pensées, exceptéles paroles, ou autres signes faits à propos des sujets qui se présentent, sansse rapporter à aucune passion.

Je dis les paroles, ou autres signes, parce queles muets se servent de signes en mêmes façon que nous de la voix ; et queces signes soient à propos, pour exclure celui des fous, qui ne laisse pasd'être à propos des sujets qui se présentent, bien qu'il ne suive pas la raison ;et j'ajoute que ces paroles ou signes ne se doivent rapporter à aucunepassion, pour exclure non seulement les cris de joie ou de tristesse, etsemblables, mais aussi tout ce qui peut être enseigné par artifice auxanimaux ; car si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse,lorsqu'elle la voit arriver, ce ne peut être qu'en faisant de la prolation[1] decette parole devienne le mouvement de quelqu'une de ses passions ; à savoir,ce sera un mouvement de l'espérance qu'elle a de manger, si l'on a toujoursaccoutumé de lui donner quelque friandise lorsqu'elle l'a dit ; et ainsi toutesles choses qu'on fait faire aux chiens, aux chevaux et aux singes, ne sont quedes mouvements de leur crainte de leur espérance, ou de leur joie, en sortequ'ils les peuvent faire sans aucune pensée.

Or il est, ce me semble, fortremarquable que la parole, étant ainsi définie, ne convient qu'à l'homme seul.Car, bien que Montaigne et Charron aient dit qu'il y a plus de différenced'homme à homme, que d'homme à bête, il ne s'est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite, qu'elle ait usé de quelque signe, pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose quin'eût point de rapport à ses passions ; et il n'y a point d'homme si imparfait, qu'il n'en use ; en sorte que ceux quisont sourds et muets, inventent des signes particuliers, par lesquels ils expriment leurs pensées.

Ce qui me sembleun très fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu'elles n'ontaucune pensée, et non point que les organes leur manquent.

Et on ne peut dire qu'elles parlent entre elles, mais quenous ne les entendons pas ; car comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leur passion, ils nousexprimeraient aussi bien leurs pensées, s'ils en avaient.

» DESCARTES, « Lettre au marquis de Newcastle » Le texte commence par l'énoncé d'une thèse : seul un échange de signes (par exemple : les signes de la paroleconstitués par des sons de voix –mais on peut penser aussi aux gestuelles dont se servent les sourds pourcommuniquer) indique la présence de l'âme dans un corps et peut permettre de poser l'existence d'un alter ego.

Apartir de quoi Descartes se demande ce qui fait l'irréductible spécificité d'une communication entre moi et autrui, parrapport aux échanges que je peux avoir avec d'autres êtres (les animaux).

C'est ainsi qu'il établit deux critères :¨ Les signes émis doivent correspondre à une situation donnée, témoigner de l'intelligence des questions possibles (ilfaut que « ces signes soient à propos »).

Ce critère permet de distinguer une communication réelle où l'on prend encompte les circonstances toujours particulières, d'une simple répétition mécanique de sons (exemple du perroquet).La parole est le lieu d'une création toujours imprévisible de significations, d'un dialogue libre.¨ Les signes doivent exprimer des pensées plutôt que des passions.

Ce deuxième critère exclut toute forme decommunication avec l'animal qui n'émet des signes que par passion (espérance d'une récompense).

La parole est cequi nous permet d'exprimer nos pensées.

[ Seconde correction].

Comme n'importe quel autre organisme vivant, le corps humain est une machine dont les parties sont agencées detelle façon qu'une fois mise en marche, elle est en quelque sorte autosuffisante.

Rompant avec la traditionaristotélicienne, Descartes n'admet pas que l'âme, principe immatériel, puisse être ce qui donne forme et vie aucorps, réalité matérielle.Comment peut-on être sûr, alors, que les hommes ne sont pas des animaux comme les autres ? Que leur différence. »

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