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Les larmes (1890). Les Paroles sincères. Coppée

Publié le 20/06/2011

Extrait du document

Enfin, voici un exemple de la poésie toute personnelle et mélancolique de Coppée vieillissant, qui avait renoncé aux virtuosités du genre réaliste, et qui exprimait avec une sincérité touchante son état d'âme.

J'aurai cinquante ans tout à l'heure ; Je m'y résigne, Dieu merci ! Mais j'ai ce très grave souci : Plus je vieillis, et moins je pleure. Je souffre pourtant aujourd'hui Comme jadis, et je m'honore De sentir vivement encore Toutes les misères d'autrui. Oh! la bonne source attendrie Qui me montait du coeur aux yeux ! Suis-je à ce point devenu vieux Qu'elle soit près d'être tarie? Pour mes amis dans la douleur, Pour moi-même, quoi? plus de larme Qui tempère, console et charme, Un instant, ma peine et la leur! Hier encor, par ce froid si rude, Devant ce pauvre presque nu, J'ai donné, mais sans être ému, J'ai donné, mais par habitude; Et ce triste veuf, l'autre soir, — Sans que de mes yeux soit sortie Une larme de sympathie, — M'a confié son désespoir. Est-ce donc vrai? Le coeur se lasse, Comme le corps va se courbant. En moi seul toujours m'absorbant, J'irais, vieillard à tête basse? Non! C'est mourir plus qu'à moitié! Je prétends, cruelle nature, Résistant à ta loi si dure, Garder intacte ma pitié.... Oh! les cheveux blancs et les rides, Je les accepte, j'y consens; Mais au moins, jusqu'en mes vieux ans, Que mes yeux ne soient pas arides ! Car l'homme n'est laid ni pervers Qu'au regard sec de l'égoïsme, Et l'eau d'une larme est un prisme, Qui transfigure l'univers.

(Les Paroles sincères, A. Lemerre, éditeur.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Poésie d'un caractère mélancolique et qui peint un état d'âme de F. Coppée. — Montrez que, dans cette poésie, — et plus encore que dans les autres précédemment étudiées, — F. Coppée exprime des sentiments personnels (Point d'impassibilité : le poète découvre à nu son coeur...); Dans quel vers vous paraît exprimée l'idée générale de la poésie? (Plus je vieillis, et moins je pleure...); Comment vous apparaît P. Coppée dans cette poésie? (Poète de la bonté,— de la pitié...) : Quel est, par opposition, le sentiment qui, d'après lui, rend l'homme " laid et pervers " ? ; Dites l'impression que laisse en vous la lecture de cette poésie.

II. — L'analyse de la poésie. — Distinguez les différentes parties du morceau : a) Le grave souci du poète; — b) Constatation en lui, de l'absence d'émotion; — c) Essai d'explication philosophique; — d) Résistance du poète à l'égoïsme; A quoi se résigne le poète ? Quelles concessions fait-il ? Mais à quoi ne pourra-t-il jamais se résoudre ? III. — Le style ; les expressions. — Montrez, dans cette poésie, la clarté et la simplicité du style (Rien qui soit obscur ou recherché...), — l'harmonie (On ne constate pas ici le prosaïsme de l'expression, comme on a pu le faire dans quelques autres poésies de F. Coppée...), — l'animation (Le tour est souvent exclamatif ou interrogatif; — quelques exemples); Expliquez ce vers : Qui tempère, console et charme); Commentez les deux derniers vers : (Et l'eau d'une larme...).

IV. — La grammaire. — Trouvez un synonyme de arides, — le contraire du mot égoïsme; Indiquez la composition et le sens du mot transfigure; Quelles sont les propositions contenues dans la 6e strophe (Et ce triste veuf...) ?

Rédaction. — Un malheur a frappé un pauvre et laborieux ménage d'ouvriers du voisinage. — Sentiments que vous avez éprouvés. — Aide que vous avez pu fournir à la famille si cruellement atteinte.  

 

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