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Lautréamont, comte de - écrivain.

Publié le 28/04/2013

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Lautréamont, comte de - écrivain. 1 PRÉSENTATION Lautréamont, comte de (1846-1870), écrivain français, auteur des Chants de Maldoror, considéré par les surréalistes comme un précurseur de la révolution littéraire du XXe siècle. 2 UNE EXISTENCE BRÈVE ET MYSTÉRIEUSE Né à Montevideo, Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont, est le fils d'un chancelier du consulat de France de Montevideo. Il commence ses études chez les jésuites avant d'être envoyé en France pour préparer le concours d'entrée à l'École polytechnique, d'abord au lycée de Tarbes (1859), où le fils de son tuteur, l'avoué Jean Dazet, exerce sur lui la plus vive séduction, puis à celui de Pau (1863). Il a pour professeur de rhétorique Gustave Hinstin, futur dédicataire des Poésies. Renonçant au concours pour des raisons mystérieuses, il vient se fixer à Paris en 1867. L'année suivante, il fait paraître à compte d'auteur et sous l'anonymat le premier des six Chants de Maldoror, où le nom de Dazet apparaît avec insistance. Le recueil complet, publié en 1869, passe totalement inaperçu. Il est signé du pseudonyme du « comte de Lautréamont «, choisi par l'auteur ou plus vraisemblablement par son éditeur Albert Lacroix (l'éditeur également de Victor Hugo ou d'Émile Zola) en référence au roman d'Eugène Sue, Lautréamont. Le même accueil est réservé à ses fragments en prose (Poésies, 1870), signés pour la première fois de son vrai patronyme. « Vous savez, j'ai renié mon passé. Je ne chante plus que l'espoir «, écrit-il à propos de ces Poésies dans une lettre du 21 février 1870. Le poète meurt en novembre de la même année, à 23 ans, dans sa chambre du 7, rue du Faubourg-Montmartre, dans des circonstances qui n'ont jamais été élucidées. Philippe Soupault semble suggérer une piste : « Il ne paraît pas téméraire de supposer que, depuis 1869, Ducasse fréquentait les révolutionnaires. Vivant à Paris, pouvait-il se désintéresser du grand mouvement qui aboutit à la Commune ? «. 3 LES CHANTS DE MALDOROR Réédités en 1874, les Chants de Maldoror ne sont redécouverts qu'en 1885 par les poètes de la Jeune Belgique qui en publient un extrait et font découvrir l'oeuvre à des auteurs comme Léon Bloy ou Joris-Karl Huysmans. Une nouvelle édition paraît en 1890 et Remy de Gourmont évoque l'oeuvre dans le Mercure de France. Les Chants de Maldoror donnent prise aux jugements les plus arbitraires (on prétend notamment qu'Isidore Ducasse était atteint de folie), avant d'être remarqués par les symbolistes puis exaltés par les surréalistes. Louant cette littérature de la révolte, André Breton écrit : « C'est au comte de Lautréamont qu'incombe peut-être la plus grande part de l'état de choses poétique actuel : entendez la révolution surréaliste .« De son côté, Julien Gracq voit dans les Chants de Maldoror un « torrent d'aveux corrosifs alimenté par trois siècles de mauvaise conscience littéraire «, estimant que cette oeuvre est venue « à point nommé pour corriger dans notre littérature un déséquilibre des plus graves «. De fait, on y trouve, pour la première fois dans la littérature française, une critique lucide du langage poétique. Célébré dès le premier chant, le thème du « mal « libère d'étranges forces obscures et salvatrices (celles de l'inconscient) que les chants II et IV amplifient de résonances ténébreuses. Or, parallèlement à cette glorification du mal, Lautréamont déploie un art de l'ironie sans précédent dans l'histoire des lettres, se livrant à un détournement en règle des traditions du récit populaire français et du roman noir gothique, apparu en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle. Cette révolte blasphématoire se traduit sur le plan poétique par une sacralisation des fantasmes (spécialement perceptible dans le bestiaire du chant V). 4 LES POÉSIES Quant aux Poésies, connues alors seulement par l'unique exemplaire de la Bibliothèque nationale, il faut attendre 1914 pour que Valery Larbaud en vante les mérites dans la Phalange. Aragon et Breton les recopient et les publient dans leur revue Littérature en 1919. Les Poésies, contrairement à ce qu'indique leur titre, ne contiennent aucun poème mais proposent une nouvelle manière de traiter la forme littéraire, renouvelant notamment le genre de la maxime, sous l'apparence d'un style désinvolte. Emporté par le flot quasi « automatique « de son débit verbal, Lautréamont s'y révèle un exceptionnel créateur de métaphores. L'exemple le plus caractéristique de cette capacité à concevoir de nouvelles images se trouve dans la série des « Beau comme ... « des chants V et VI, où l'auteur supprime un des deux termes de la comparaison, atteignant à la quintessence de l'effet poétique recherché par les surréalistes. Ici comme dans les Chants de Maldoror, le lecteur, sollicité par l'apostrophe et l'incantation, est prié d'accompagner l'écrivain jusqu'aux limites extrêmes de sa création : ainsi peut-il s'effacer (« La poésie personnelle a fait son temps «) et, à l'instar de son héros Maldoror, échapper à l'humanité pour servir « les délires de la cruauté «. 5 UNE OEUVRE CONSTAMMENT RELUE L'oeuvre entière de Lautréamont a été rééditée par Philippe Soupault en 1927. Elle a été tenue en grande estime par Alfred Jarry, Francis Ponge ou encore Antonin Artaud. Dans les années 1960, elle a retenu l'attention des tenants d'une écriture « textuelle «, dans la mouvance de la revue Tel Quel, et influencé des romanciers comme Jean-Marie Gustave Le Clézio, Alain Robbe-Grillet ou Philippe Sollers. Passée inaperçue en son temps, elle est plus que jamais présente dans la littérature d'aujourd'hui. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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