Les lecteurs de roman ne cherchent-ils qu'une distraction, un rafraîchissement, un repos de la vie courante ?
Publié le 06/06/2009
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Thibaudet déclare, dans ses Réflexions sur le roman : « Ceux que nous avons appelés les lecteurs de romans ne demandent au roman qu'une distraction, un rafraîchissement, un repos de la vie courante. « Cette assertion pose le problème du rôle et de la signification de l'art, de la manière dont ils sont perçus par le public. S'il est vrai que, plus encore que les autres oeuvres d'art, les romans servent à maints lecteurs de simple récréation, il faut se garder de condamner ces derniers systématiquement. Nous pouvons tenter d'expliquer leur attitude et, au besoin, la critiquer. I. - ANALYSE DE L'ATTITUDE DES LECTEURS DES ROMANS Avant de jeter la pierre à ceux qui, pensons-nous, lisent « mal « les romans, il serait intéressant de savoir pourquoi ils les lisent. Ils ne le font pas simplement en manière de divertissement indifférent. Ils trouvent à la lecture d'un roman un intérêt spécifique qu'il nous faut définir. Toutes sortes d'activités s'offrent à eux pour les faire échapper quelques instants à une réalité le plus souvent mesquine et chargée de préoccupations qu'ils ne parviennent pas à surmonter. Mais seul le roman leur propose en retour une autre réalité de nature différente. A cet égard la midinette adopte exactement la même attitude que les « lettrés « ; elle retire de sa lecture les mêmes joies. Si le roman raconte une vie heureuse, et s'il est bon, tous se sentiront attendris et même épanouis par ce bonheur étranger auquel ils s'associent intimement. Mais qu'ils prennent un roman de Zola ou de Balzac, et leur propre bonheur n'en sera pas amoindri. En effet, il est faux de, penser que les lecteurs, quels qu'ils soient, aiment retrouver dans un ouvrage leurs propres problèmes. Aucune jeune fille n'aime à se reconnaître dans Eugénie Grandet, car Eugénie est trop malheureuse ; ce qui est doux, c'est de pleurer sur son sort en se mettant un peu à sa place, tout en sachant qu'on ne risque rien. C'est ce que cherche tout lecteur de romans d'aventures : vivre intensément avec le héros un danger que l'on sait imaginaire.
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