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Lecture Analytique Chapitre I De Candide

Publié le 02/10/2010

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lecture

 

Intro :

 

L’apologue est un genre littéraire qui se compose d’un récit fictif plus ou moins long, souvent allégorique et qui délivre une morale.

 

 Le conte est un genre d’apologue qui se caractérise par l’intervention du merveilleux, dans un récit d’aventures. 

 

 Parmi les auteurs d’apologue et plus précisément de contes : Voltaire (1694-1778)

 C’est un auteur français du XVIIIe, philosophe des Lumières.

 

 Ses contes les plus célèbres sont : Zadig, l’Ingénu, Micromégas et Candide. 

Il a également  écrit des traités (Traité sur la tolérance) mais aussi des essais (Essai sur les mœurs et  l’esprit des nations)

 

 On étudie : Candide ou l’Optimisme (1759) : un conte philosophique

 

C’est un roman d’apprentissage, qui met en scène des péripéties qui vont transformer le jeune candide. Il passe d’un étant de candeur à un étant de connaissances. 

 Dans son œuvre, il reprend la théorie de LEIBNIZ (optimisme) et vulgarise le mot. Il introduit aussi des idées subversives c’est pourquoi il se cache et préserve la censure avec le sous-titre : « traduit de l’allemand de Monsieur le Docteur Ralph «. 

 

 

LECTURE

 

Chapitre 1 = incipit du roman. 

Il présente la situation initiale. 

 

Problématique : En quoi cet incipit est-il original ? 

 

Plan :

 

I – Le début typique d’un conte

 

II –  Un incipit comique

 

III-  Voltaire détourne le conte à des fins satiriques

 

I) Cet incipit est le début typique d’un conte :

 

 Argument 1 : Formule introductrice

 

« Il y avait en Vestphalie, dans le château… «

Amorce qui rappel « il était une fois « 

 

De plus « icelui « (pronom démonstratif) dans le titre est déjà à l’époque, une forme désuète. 

 

Enfin, emploie de l’imparfait « il y avait « / « avait donné « / « annonçait « / « nommait «  

 

 Argument 2 : Voltaire reprend les archétypes et stéréotypes du conte. 

 

Les lieux :

 Un château : « le château de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh «

Un monde peu connu : « en Vestphalie « (A l’époque, gens voyage peu et Vestphalie : région reculée d’Allemagne). 

 

Les personnages :

 Reprise des personnages traditionnels

 

Traditionnellement :                Dans le roman :

 Le roi et la reine                       « le baron de Thunder-ten-tronckh « « Madame la baronne «

Un prince et une princesse        « Candide « : « un jeune garçon « « le fils du baron «

                                              « Cunégonde « : « sa fille « (du baron)

Des domestiques                      « ses palefreniers « « femme de chambre « « ses piqueurs « 

Un enchanteur (sage)               « Pangloss « (le philosophe)

 

Comme dans le conte, les personnages sont très schématiques. Ici chaque personnage n’est réduit qu’à 1 ou 2 traits. 

 [Souvent, le nom est suivi de CDN (Prop. Sub relative par exemple)]

 

Le baron et puissant et méchant :

« un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie «

Allitération en [t] : Thunder-ten-tronckh (sonorité aggressive) 

+ « Thunder « en anglais signifie « foudre « (onomastique)

Il chasse Candide « à grands coups de pied dans le derrière «

 

Madame la baronne est obèse :

Hyperbole : «qui pesait environ trois cent cinquante livres « (Soit 158 kg)

 

Candide est jeune et naïf :

« un jeune garçon « « l’esprit le plus simple «

 

Cunégonde est une jeune fille : « haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante « (énumération)

« âgée de dix-sept ans «

 

Pangloss : « le précepteur « « le docteur « son rôle = « enseigner « 

« Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie «. 

 

 

 

Comme dans un conte, les lieux et personnages sont idéalisé.

 Des adjectifs mélioratifs :

« un beau château «

« une très grande considération «

« petite brune très jolie «

 

Utilisation de superlatifs :

« les mœurs les plus douces «

« un des plus puissants seigneurs «

« encore plus respectable «

« ce meilleur des mondes possibles «

« le plus beau des châteaux «

« la meilleure des baronnes possibles «

 

Enfin, l’intrique classique : une histoire d’amour

 « Leurs bouches se rencontrèrent et leurs yeux s’enflammèrent «. 

 

 Argument 3 : Voltaire reprend le schéma narratif du conte.

 

« Comment Candide fut élevé dans un beau château et comment il fut chassé d’icelui « (titre)

Chapitre 1 présente la situation initiale et introduit l’évènement perturbateur. 

 

L’élément perturbateur est introduit par le complément circonstanciel de temps « un jour «

Candide est chassé du château et s’éparé de Cunégonde : début des péripéties. 

 

 II) Cet incipit est comique. Voltaire parodie le conte

 

Argument 1 : Voltaire parodie le conte. Il fait un traitement burlesque des personnages et des lieux. 

 

Les lieux :

 Le château est insignifiant et ressemble plus à une masure. 

« son château avait une porte et des fenêtres « 

« sa grande salle étant même ornée d’une tapisserie «

(Une seule tapisserie = l’intérieure doit être très sobre)

 

« le petit bois qu’on appelait parc « (se donne des idées de grandeurs)

 

« tous les chiens de ses basses-courts composaient une meute dans le besoin «

Une seule meute.

Double sens « dans le besoin « = « en cas de besoins « ou « en détresse «

 

 Les personnages :

 

Orgueil du baron : fantasme de la toute puissance (comique de caractère)

 Culte de la personalité « ils l’appelaient tous Monseigneur «

  « Monsieur le baron était un des plus puissant seigneurs de Vestphalie, car son château… «

Conjonction de coordination « car «, marque la cause, or on a montré que son château est misérable. 

Donc Vestphalie et très pauvre et n’a rien d’un puissant seigneur aux yeux du lecteur (français, parisiens, sous Louis XIV)

 

De plus, comique de situation car le « puissant « baron n’a pas de véritable Cour et domestiques.

« ses palefreniers étaient ses piqueurs, le vicaire du village était son grand aumônier «

Décalage entre réalité et semblant. + Antiphrase « grand aumônier « 

 

Un baron non respecté et imbécile : « ils l’appelaient tous Monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes*. « *(dire des choses sans fondement «

 

Enfin on raconte des rumeurs à son sujet : « les anciens domestique de la maison soupçonnaient que «. Candide ne serait pas le fils du baron, mais celui de sa sœur. Candide est un bâtard. 

 

 L’obésité de la baronne semble être son seule mérite

 

 « Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison ave une dignité qui la rendait encore plus respectable «

= champ lexical de l’honneur : Considération/honneur/dignité/respectable

 

Ironie de Voltaire à travers l’antiphrase « et madame la meilleure des baronnes possibles «

 

 Voltaire se moque de la prétention de Pangloss

 En effet, Pangloss enseigne la « méthaphysico-théologo-cosmologo-nigologie « soit la science des nigauds. 

 De plus : onomastique car Pangloss             = parler de tout/tout le temps (prétentieux)

 

 Langue ou Le tout, la totalité    lexique/glossaire

 

« Pangloss, le plus grand philosophe de toute la province, et par conséquent de toute la terre « 

Antiphrase

 Pangloss a d’étranges manières d’enseigner.

Comique grivois (sous-entendus/double sens)

« une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre «

 

 Voltaire décrit Cunégonde comme un plat

« grasse, fraîche, appétissante « adjectif qualificatif

 

 Argument 2 : Le narrateur ne joue pas son rôle, il est peu informé, il doute.

 

Marque de son doute :

 « c’est, je crois, pour cette raison… « (verbe croire)

 

Peu renseigné :

 Décrit les personnages en une ou deux phrase. 

 De plus il prend de la distance avec les personnages (comme pour protéger sa réputation, il ne veut pas être associé à leur nom). 

 

Prend de la distance avec la théorie de Pangloss :

 Le narrateur insiste sur le fait qu’il retranscrit les paroles de Pangloss, et que par conséquents il n’est qu’un intermédiaire, il n’approuve pas la théorie du philosophe. 

 « disait-il « (discours indirect)

Il cite Pangloss (utilise les guillemets) = ce n’est pas le récit narratif (partie du narrateur) mais bien une citation qui appartient au personnage de Pangloss. « il est démontré…est au mieux «

 

 

 

III) Cet incipit a une portée satirique

 

Si Voltaire à recours au comique et parodie le conte, c’est pour se moquer et faire la satire de : 

 

La théorie de Pangloss

L’éducation

La Noblesse

 

 Tout d’abord, Pangloss ne prouve rien 

« il est démontré « passé composé, Pangloss semble incapable de refaire la démonstration

Argument fallacieux car système de causes à effets inversé

« les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées «…

 

L’accumulation « métaphysico-théologo-cosmologo-nigologie « dénonce le « bourrage de crâne «, et donc l’éducation décrite par Rabelais. 

 

Voltaire réalise également la satire de la noblesse 

-       fantasme de la toute puissance du baron

« Cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartier «

Voltaire emploie une hyperbole ce qui augmente le caractère adhérant du refus. 

 

 

Conclusion

 

Cet incipit est original. 

 Certes, il joue sont rôle en présentant les lieux et les personnages, mais Voltaire détourne le conte à des fins satirique. Cet incipit annonce donc le registre comique et la portée satirique de Candide. 

 Voltaire commence en effet (dès le chapitre 1), à se moquer de Pangloss, qui incarne la théorie Optimiste de Leibniz, théorie qui sera remise en cause tout au long du roman.

 

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