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Lecture analytique exposition Les Bonnes

Publié le 25/02/2011

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lecture

Les Bonnes, lecture analytique du début de la pièce

 

Introduction :

 

 présentation du passage :

 

            Dès le début de la pièce, les deux soeurs, Solange et Claire qui sont au service de Monsieur et de Madame, jouent entre elles le rôle de la maîtresse et de la servante. Mais, si le lecteur le comprend très vite (cf. didascalies), le spectateur reste plus perplexe.

 

 description de l’extrait :

 

            Il s’agit d’une scène d’exposition où deux personnages dialoguent, une maîtresse et sa servante/bonne. Mais certains indices laissent lecteurs et spectateurs perplexes.

 

 Annonce axes de lecture :

 

  • une scène d’exposition détournée
  • relations entre les deux personnages représentatives d’une relation maître/serviteur

 

I) Une scène d’exposition.

 

            A) les éléments « traditionnels »

 

                        a) Un cadre spatial :

  • un univers bourgeois (cf décor)

(Meubles Louis XV, commode, fleurs à profusion, coiffeuse, émeraudes ...)

  • un univers féminin

(deux personnages féminins, présence de l’univers domestique : la propreté ..., dialogue autour de robes, importance de la beauté physique, intimité « en combinaison » ...)

 

                        b) les indications temporelles

Rien d’explicite ; en revanche, la situation évoque la première moitié du XXème siècle (tenue : la petite robe noire, formules de politesse)

 

                        c) une situation :

  • clivage entre l’univers de la chambre et celui de la cuisine (explicite % gants)
  • statut des personnages qui apparaît dans les formules de politesse (troisième personne de politesse/tu puis vous, « madame »/Claire)
  • attitudes respectives différentes entre Claire/Madame (geste « bras tendu », impératifs, P. exclamatives, coupe la parole et insulte : « idiote »...) et Solange/Claire (parle moins, s’excuse, position « s’accroupit », « à genoux et très humble » : rapports dominant/dominé

 

B) Une exposition détournée

 

Certains éléments plongent le spectateur dans la perplexité.

  • le jeu souligné de Claire (« tragique exaspéré ») en décalage avec  la situation
  • le changement entre une première étape (tutoiement), « changement soudain d’attitude » de Solange, vouvoiement dans la suite de la scène : que s’est-il passé ?
  • quelle est l’intrigue ? le rôle d’une scène d’exposition traditionnelle est de provoquer des attente pour la suite : ici, la scène semble se perdre dans les détails : les gants, les préparatifs de la toilette, les « amours » de Solange/Claire avec le laitier.
  • que faire de la robe noire qui est sur la chaise ?
  • quelques formules « préparent » la révélation :
    • ch lexical du théâtre : « pendant cette tirade » : théâtre dans le théâtre
    • indications temporelles : « je t’ai dit souvent », « vite le temps presse » : scène réitérée et à durée limitée
    • indications de jeu à contre-emploi : « dure », « naïvement » par rapport au statut des personnages
  • d’autres formules, à la relecture ou à la lumière du dénouement prennent sens : ch lexical de la mort : le tilleul bien évidemment, « c’est mortel », Une toilette noire servirait mieux votre veuvage »
  • évidement, pour le lecteur : discordance entre les didascalies et les répliques (noms des personnages)

 

II) Les relations entre Claire et Solange.

 

A) La relation entre Madame et sa domestique : une opposition tranchée ?

 

Un opposition tranchée, certes :

 

  • deux espace qui ne doivent pas se recouper : la cuisine et la chambre. « Cette chambre ne doit pas être souillée » suggère un espace sacré qui ne doit pas être profané. « Ce qui vient de la cuisine est crachat »
  • opposition entre la richesse (« La robe blanche pailletée. L’éventail, les émeraudes », « bijoux », « souliers vernis », « robe rouge », « drapé de velours ») et la pauvreté (« gants en caoutchouc », « [les souliers vernis] que vous convoitez depuis des années »)
  • amours des maîtres (« Quand Madame soupire et parle à Monsieur »  : évoque une certaine tenue) s’opposent aux amours ancillaires (« tu espères séduire le laitier », « Avouez qu’il vous a séduite ! Que vous êtes grosse ! » « Ce jeune laitier ridicule vous méprise »: trivialité)
  • langage poétique de Claire/Madame : personnification « qu’ils [les crachats] dorment en vous, ma fille, qu’ils y croupissent. » métaphores : « le pied enveloppé par les voiles de votre salive ? Par la brume de vos marécages ? », anaphore « sous vos prévenances, sous votre humilité, sous les glaïeuls et le réséda » et registre de langue soutenu.

 

Pourtant parfois brouillée :

 

  • deux existences dépendantes du regard de l’autre : la beauté de Madame, pour exister, a besoin du désir de l’autre : « «Je désire que Madame soit belle », avec une dimension homosexuelle « Il m’est impossible d’oublier la poitrine de Madame sous le drapé de velours. »
  • La haine peut se dissimuler sous le code de la politesse : Solange/Claire désire que Madame soit belle, ce que Claire/Madame traduit immédiatement par : « Vous me détestez, n’est-ce pas ? »
  • Solange/Claire finit par donner des ordres « Madame portera ce soir la robe de velours écarlate », avec la valeur impérative du futur.

 

B) Des oppositions symbolique

 

  • les robes noires (marques de la domesticité) / « la robe blanche pailletée » (symboles de la pureté et du luxe)
  • les mains gantées de caoutchouc en forme de bouquet ou d’éventail / les fleurs qui ornent la chambre et l’éventail de Madame
  • mariage, grossesse évoqués avec vulgarité / pureté évoquée par le prénom Claire.

 

 

Conclusion :

 

  • une scène qui désoriente le spectateur, encore plus que le lecteur
  • des relations maître/serviteur troublantes

 

 

 

 

 

 

 

 

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