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Lecture analytique : extrait lettre 81 des Liaisons Dangereuses

Publié le 02/08/2010

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Travail préalable :    1) Comparez le premier paragraphe et les § suivants : quel sentiment transparaît dans ce premier paragraphe ? Par quels moyens est-il exprimé ?    2) Relevez les passages qui décrivent la condition des jeunes filles dans cette société.    3) Montrez que cette lettre est le récit d’une éducation. Quelles en les étapes successives ? Quelles sont les finalités de cette éducation ?    4) Quel champ lexical parcourt les § 3 et 4 ? Relevez le jeu des oppositions : que révèle-t-il ?    5) En quels passages prend-elle le destinataire à parti ? Dans quel but ?    Contextualisation    Roman publié en 1782 dans une société disloquée par crise économique et bloquée par barrières entre classes, après 3 ans de gestation avec succès aussi fulgurant que scandale déclenché. Pourtant auteur, Laclos, né en 1741 dans une famille bourgeoise, mort en 1803 à Naples ( armée), mène une carrière militaire tranquille avant de faire un mariage heureux. Il s’est déjà essayé à quelques écrits de ton très libre par rapport à sa personnalité sociale mais c’est ici son grand œuvre, qui s’inscrit dans mouvement charnière entre les Lumières et le siècle suivant,le mouvement libertin => influence des idées des philosophes des Lumières ( rationalisme, observation, expérimenta°) dans libertinage.    Roman épistolaire composé des lettres que s’échangent 13 personnages dont les 2 personnages principaux , la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, issus de aristocratie, mènent les intrigues en dignes représentants du libertinage, version masculine et féminine.    Ces lettres font état, tt en les construisant, des liaisons ou relations sociales entre les personnages.    Originalité du personnage de Mme de Merteuil, au cœur de toutes les intrigues, auteur de la lettre 81, longue lettre située en plein cœur du roman ( 175 lettres ) en réponse à lettre de Valmont qui lui donne des conseils de prudence dans une entreprise amoureuse qu’elle veut réaliser. (Lettre autobiographique, seul personnage dont le passé ns sera connu).    Comment sur le mode de la confidence, cette lettre dénonce-t-elle la société du XVIII ème siècle ?    Laclos donne à lire dans cette lettre l’affirmation orgueilleuse de soi,la conscience de son unicité à travers un récit d’apprentissage, d’auto – apprentissage plutôt, fondé sur une ascèse héroïque qui reflète valeurs et travers de cette société ( qui a enfanté une telle « héroïne «).    I- L’affirmation de soi et de sa valeur.    1. Affirmation de sa différence, voire de sa supériorité    Cette affirmation « imprègne « le 1er § et le dernier. La première question, par la conjonction et la mise en relief du pronom sujet employé sous sa forme tonique « Mais moi « revendique d’emblée une différence radicale entre la Marquise d’une part et « ces femmes «, rejetées en fin de phrase et dévalorisées par l’adjectif « inconsidérées « dans lequel transparaît tout le mépris de la Marquise. Elle va jusqu’à revendiquer son unicité en se distinguant « des autres femmes «, toutes cette fois-ci, dont elle méprise la passivité avec les 3 participes « donnés, reçus, suivis en forme passive« et l’irréflexion soulignée par les 3 compléments « au hasard, sans examen, par habitude «. Femmes auxquelles manquent l’esprit critique, l’examen méthodique, le rejet des traditions prôné par l’esprit des Lumières tandis qu’elle s’est livrée à de « profondes réflexions « , adoptant une démarche active « je les ai créés « pour se construire, laisser mûrir comme un « fruit « ses principes de conduite.    Le dernier § souligne sa précocité avec l’opposition forme affirmative, forme négative « je n’avais pas 15 ans/ je possédais déjà «, renforcée par la force du verbe posséder, et laisse percevoir la conscience de sa supériorité sur « les politiques « réputés puisqu’elle n’en est qu’aux « premiers éléments … «.S’affirment son appétit de puissance et l’idée qu ‘elle surpasse les hommes aussi.    2. Omniprésence du « je « :    La conscience de soi se lit dans l’omniprésence des formes de la 1ère pers, du pronom sujet « je « aux formes compléments, notamment dans les tournures pronominales « je me suis travaillée « ou tournures renforcées « ce travail sur moi-même « ; elle apparaît aussi dans la répétition « je dis mes principes, et je le dis à dessein « où affirme peser ses mots et culmine avec la conclusion pleine d’orgueil où rivalise avec créateur « je puis dire que je suis mon ouvrage «. Les nombreuses occurrences du « je « sont aussi le signe de son égocentrisme. Tout tourne autour d’elle.    Mais, Au-delà des remarques précédentes, les marques de la première personne soulignent aussi la solitude dans laquelle se trouve la jeune fille.    3. Emancipation de toute tutelle et orgueil.    Morale du mérite individuel contre les privilèges de naissance ; elle affirme ne devoir ce qu’elle est qu’à elle-même, où l’on rejoint le sens étymologique du mot « libertin «, affranchi. S’est affranchie « du hasard, de l’habitude « de sa condition « vouée au silence et à l’inaction « parce qu ‘elle a su en profiter. Elle est son propre Pygmalion, dans un processus d’auto – création, ce qu’elle prouve à Valmont par le récit de son apprentissage pour lui montrer aussi à quel point elle le surpasse.    Elle se compare aussi aux Politiques (l.41-42) possédant les mêmes talents de dissimulation, experts en manigances. Ceci alors qu’elle n’a que 16 ans…Ce n’est qu’un début : elle apparaît comme une femme redoutable !    II Le récit d’une éducation rigoureuse : l’apprentissage de la duplicité    1. Les étapes avec bilan respectif    « Observer et réfléchir « : conclure que le plus intéressant= les discours « qu’on cherchait à me cacher « et les recueillir. ( § 2)    Apprendre à dissimuler : l’intérêt en feignant un regard distrait (travail sur les regards) puis ses véritables sentiments en jouant les sentiments opposés (ttravail sur les mouvements du visage, maîtrise de tout sentiment) § 3    Etape supplémentaire avec gradation « non contente de ne plus …formes différentes « : après la dissimulation, la simulation. Dissociation être, penser et paraître. ( § 4)    Maîtrise de soi, analyse de soi ( introspection) permet analyse d’autrui, un « coup d’œil pénétrant «. (§ 5)    2. Le travail    La locutrice insiste sur la rigueur de cet apprentissage par le champ lexical de l’effort et même de la contrainte : « avec soin, j’essayai de guider, je tâchai de régler, je m’étudiai à , chercher, j’ai porté le zèle, plus de peine « ; « travail « au sens étymologique du terme apparaît 2 fois avec idée de torture sur soi-même, corroborée par l’expérience « me causer des blessures volontaires, réprimer les symptômes .. «. Véritable ascèse des résultats de laquelle elle prend Valmont à témoin par 2 fois. Sorte d’héroïsme dévoyé !!    3. Les finalités, les principes :    La dissimulation et la simulation donc la duplicité qui se manifeste dans le jeu des oppositions entre le sentiment éprouvé et le sentiment affiché : chagrin/ sérénité, joie ; douleurs/plaisir. Puis entre la pensée réelle et la pensée simulée. Dissociation constante être/paraître.    Mme de Merteuil est une comédienne talentueuse. De nombreuses expressions la présentent comme une excellente comédienne car son apprentissage consiste moins à former son esprit que ses manières. Elle excelle dans l’art du paraître. La forme pronominale du verbe « travailler « (l.23) souligne la mise en pratique d’un exercice rigoureux et permanent afin de composer une attitude. On distingue des phases d’action et des phases d’observation. Tel un félin, elle observe puis teste son apprentissage.    Ce sont les phases d’inaction qui lui ont permis d’observer et de réfléchir. Elle a jugé le monde extérieur, a appris la dissimulation et le travestissement. Elle a su jouer avec les apparences, faire semblant pour arriver à ses fins.    La marque de la 1ère pers. omniprésente souligne la volonté sans faille. On assiste à la mise en place d’un jeu théâtral pervers mais marqué par un certain stoïcisme (l.22).    En voulant l’enfermer dans sa condition de femme la société lui a en fait permis d’acquérir sa liberté de penser.    4. Une libertine    Elle adopte alors la position morale du libertin qui consiste à penser par soi-même et à se construire ses propres règles de conduite, ses propres principes.    C’est l’individu qui l’emporte sur la société.    De plus la morale est absente de son éducation, révélant ainsi la marquise comme une redoutable femme manipulatrice (l.31).    Mais où elle prend un risque c’est qu’elle laisse entendre à Valmont qu’elle compose son attitude, qu’elle est machiavélique. Elle se présente comme un prédateur voulant lui montrer qu’elle est son égale.    Conclusion :    Héroïsme qui suppose mutilation d’une partie de soi-même ! la marquise étouffe toute spontanéité et même éteint les manifestations du cœur dont elle se moque au profit de l’esprit, ce qu’on appelle un libertinage de tête. Affirmation de sa puissance et de sa supériorité mais elle a besoin de Valmont, d’un témoin pour exister en tant que ce qu’elle est d’où lettre – confidence qui la dévoile.    Autopsie de aristocratie moribonde de son siècle : société de conformisme, de dissimulation qui mutile individu, l’oblige à dissocier être et paraître. Questions sur prétendue souveraineté des 2 libertins : sont-ils aussi maîtres du jeu qu’ils le croient ? Jouent des rôles dans société de théâtre : Valmont par conformisme, Merteuil par contrainte ?

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« suis mon ouvrage ».

Les nombreuses occurrences du « je » sont aussi le signe de son égocentrisme.

Tout tourneautour d'elle. Mais, Au-delà des remarques précédentes, les marques de la première personne soulignent aussi la solitude danslaquelle se trouve la jeune fille. 3.

Emancipation de toute tutelle et orgueil. Morale du mérite individuel contre les privilèges de naissance ; elle affirme ne devoir ce qu'elle est qu'à elle-même,où l'on rejoint le sens étymologique du mot « libertin », affranchi.

S'est affranchie « du hasard, de l'habitude » de sacondition « vouée au silence et à l'inaction » parce qu ‘elle a su en profiter.

Elle est son propre Pygmalion, dans unprocessus d'auto – création, ce qu'elle prouve à Valmont par le récit de son apprentissage pour lui montrer aussi àquel point elle le surpasse. Elle se compare aussi aux Politiques (l.41-42) possédant les mêmes talents de dissimulation, experts en manigances.Ceci alors qu'elle n'a que 16 ans…Ce n'est qu'un début : elle apparaît comme une femme redoutable ! II Le récit d'une éducation rigoureuse : l'apprentissage de la duplicité 1.

Les étapes avec bilan respectif « Observer et réfléchir » : conclure que le plus intéressant= les discours « qu'on cherchait à me cacher » et lesrecueillir.

( § 2) Apprendre à dissimuler : l'intérêt en feignant un regard distrait (travail sur les regards) puis ses véritablessentiments en jouant les sentiments opposés (ttravail sur les mouvements du visage, maîtrise de tout sentiment) §3 Etape supplémentaire avec gradation « non contente de ne plus …formes différentes » : après la dissimulation, lasimulation.

Dissociation être, penser et paraître.

( § 4) Maîtrise de soi, analyse de soi ( introspection) permet analyse d'autrui, un « coup d'œil pénétrant ».

(§ 5) 2.

Le travail La locutrice insiste sur la rigueur de cet apprentissage par le champ lexical de l'effort et même de la contrainte : «avec soin, j'essayai de guider, je tâchai de régler, je m'étudiai à , chercher, j'ai porté le zèle, plus de peine » ; «travail » au sens étymologique du terme apparaît 2 fois avec idée de torture sur soi-même, corroborée parl'expérience « me causer des blessures volontaires, réprimer les symptômes ..

».

Véritable ascèse des résultats delaquelle elle prend Valmont à témoin par 2 fois.

Sorte d'héroïsme dévoyé !! 3.

Les finalités, les principes : La dissimulation et la simulation donc la duplicité qui se manifeste dans le jeu des oppositions entre le sentimentéprouvé et le sentiment affiché : chagrin/ sérénité, joie ; douleurs/plaisir.

Puis entre la pensée réelle et la penséesimulée.

Dissociation constante être/paraître. Mme de Merteuil est une comédienne talentueuse.

De nombreuses expressions la présentent comme une excellentecomédienne car son apprentissage consiste moins à former son esprit que ses manières.

Elle excelle dans l'art duparaître.

La forme pronominale du verbe « travailler » (l.23) souligne la mise en pratique d'un exercice rigoureux etpermanent afin de composer une attitude.

On distingue des phases d'action et des phases d'observation.

Tel unfélin, elle observe puis teste son apprentissage. Ce sont les phases d'inaction qui lui ont permis d'observer et de réfléchir.

Elle a jugé le monde extérieur, a appris ladissimulation et le travestissement.

Elle a su jouer avec les apparences, faire semblant pour arriver à ses fins. La marque de la 1ère pers.

omniprésente souligne la volonté sans faille.

On assiste à la mise en place d'un jeuthéâtral pervers mais marqué par un certain stoïcisme (l.22). En voulant l'enfermer dans sa condition de femme la société lui a en fait permis d'acquérir sa liberté de penser. 4.

Une libertine Elle adopte alors la position morale du libertin qui consiste à penser par soi-même et à se construire ses propresrègles de conduite, ses propres principes. C'est l'individu qui l'emporte sur la société. De plus la morale est absente de son éducation, révélant ainsi la marquise comme une redoutable femme. »

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