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La lecture d'un roman peut-elle permettre une meilleure connaissance du monde et de soi-même ? Fondez votre démonstration sur des exemples précis.

Publié le 08/04/2011

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REMARQUES Sujet difficile. Il faut une culture générale assez étendue et une bonne connaissance de romans (le libellé demande expressément d'appuyer sa « démonstration sur des exemples précis «). Bien appliquer le devoir au roman (et non à la lecture en général). Il ne s'agit pas d'un genre uniforme et bien défini. Il comporte de nombreuses nuances ; il faut donc énoncer les types de connaissances qui en résultent. PLAN PROPOSÉ 1) Meilleure connaissance du monde et de soi par la vérité romanesque. a) qu'est-ce que la vérité romanesque ? b) peinture de la société connaissance du monde. c) vérité des caractères connaissance de soi-même. 2) Meilleure connaissance du monde et de soi par la fiction romanesque. a) définition de la fiction romanesque. b) connaissance par la fiction romanesque (convergence romanesque temps du roman/temps de la vie identification).

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« dans Au Bonheur des Dames ou dans Germinal les principaux personnages ne sont pas Octave Mouret ou EtienneLantier, mais le Grand Mazarin, mais la Mine.La connaissance qui résulte de ce type de roman peut être de deux ordres : découverte de secteurs, de milieux oud'un passé jusque là ignorés, elle peut alors se réduire à une forme d'érudition.

Cet aspect documentaire ne doit pasêtre négligé.

Par le livre, témoin d'une époque ou d'un milieu, le lecteur apprend, mieux que par l'histoire, quelle futla vie quotidienne des hommes (les mineurs, Germinal ; tous les romans de Balzac qui s'inscrivent dans les scènes dela vie provinciale, etc.).

Tout un monde dans ses moindres détails (rôle du décor) est alors recréé.

Le livre permetde sortir de son univers quotidien et personnel pour connaître d'autres réalités. Dé façon plus élaborée, le roman dévoile les mécanismes sociaux.

La connaissance débauche alors sur unecompréhension du monde. c) Après les romans idéalistes du XVIIe, La Princesse de Clèves fonde le réalisme psychologique.

L'analyse cherchealors à atteindre la vérité des caractères, étude nuancée des sentiments, de leur évolution. Etudier un personnage dans un roman connu.

Pouvoir d'évocation du romancier. Le personnage romanesque peut être considéré comme autre que soi-même.

(Personnages de Balzac, campés danstoute leur réalité, semblent doués d'une vie autonome et échapper à leur auteur, et au lecteur aussi.

Mais enjugeant les autres, le lecteur apprend à se connaître.) Les pensées secrètes des personnages sont exprimées parl'auteur (penser encore à Julien Sorel).

Le lecteur a donc accès domaine des Intentions qui lui sont souvent cachéesdans la vie.

Même si la distance est grande entre une élève de 1976 et Madame Bovary par exemple, ou EugénieGrandet, le roman lui présente une expérience qui lui révèle une part des sentiments humains.

Que le lecteur « entre» dans le roman ou non, il rencontre de toute façon une aventure privilégiée qui l'éclairé sur les autres et sur lui-même, dans la mesure où il vit en relation avec autrui. Plus communément, l'amateur de roman croit se retrouver dans un personnage.

Certaines affinités le poussent às'identifier au héros.

(Comme Meursault, « L'Etranger », ou comme Rieux, « La Peste » de Camus).

Projection dulecteur dans l'univers romanesque.

Proust : « Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même ».

Lalecture peut alors faire venir à la conscience ce qui jusque là demeurait ignoré (en exemples, « Au dessous duvolcan » de Malcom Lowry, « Le Roi des Aulnes » de Michel Tournier). Le roman se présente donc comme une expérience supplémentaire où l'on apprend à mieux connaître le monde, lesautres et soi-même.

Connaître par le roman c'est donc se reconnaître. 2) Meilleure connaissance de soi et du monde par la fiction romanesque. a) Le roman, comme tout art, repose sur la fiction.

Même le réalisme de Maupassant reconnaît l'impossibilité decopier fidèlement le réel.

Dans la préface de Pierre et Jean l'auteur affirme clairement que le roman ne doit pas êtreune simple photographie mais donner de la vie « la vision la plus complète, plus probante que la réalité même » (Demême Baudelaire considère Balzac comme un « visionnaire passionné »). Ainsi la fiction romanesque devient-elle plus vraie que la réalité. b) Convergence de l'univers romanesque.

Dans la vie nous sommes perdus par la diversité des événements et dessentiments.

Le roman, en nous offrant une vision cohérente, permet une connaissance en profondeur du monde, desautres, et de nous-mêmes.

Les décors de la Pension Vauquer dans Le Père Goriot aident à comprendre la misère dupère Goriot et l'attitude de Rastignac.

Les personnages, mêmes médiocres, vont au bout de leur destin (MadameBovary), le lecteur apprend à se connaître dans une situation extrême qu'il ne rencontre pas dans sa vie quotidienne(penser aux révolutionnaires chinois de La Condition humaine, de Malraux). Le temps du roman est beaucoup plus rapide que celui de la vie.

Proust remarque que la lenteur des événementsque nous vivons « nous en ôte la perception ».

Le roman, au contraire, nous les rend sensibles.

La réalité faitsouvent écran à la connaissance, nous la vivons et le manque de recul nous le rend « opaque ».

Les personnagesde roman, allégés du « poids mort » de l'existence concrète, peuvent être complètement assimilés par le lecteur.

Leroman lui permet donc de vivre une autre vie. Fiction donc puisque tout est choisi en fonction du projet du livre, mais fiction éclairante sur nous-mêmes. 3) Les limites de la connaissance.

Sa valeur. a) La lecture des romans a souvent été considérée comme pernicieuse.

Bossuet loue Henriette d'Angleterre de nepas s'être adonnée à ces « froides et dangereuses fictions ».

Le lecteur de roman risque de se perdre dans unmonde idéalisé bien loin du quotidien.

Ainsi la future Emma Bovary vit-elle naïvement au milieu de personnagesimaginaires « braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours bien mis,et qui pleurent comme des urnes ».

Toutefois, Flaubert fait plus ici le procès de la littérature romantique que duroman en lui-même. Simple divertissement, évasion, le roman peut alors tromper son lecteur qui croit par la force de l'identification au. »

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