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Est-il légitime de parler d'un pouvoir de la technique ?

Publié le 10/03/2004

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technique

La question ne porte pas essentiellement sur les pouvoirs de la technique, ni sur la légitimité de ses pouvoirs: on serait hors sujet si l'on ne considérait que ces points. La réflexion doit être centrée sur la légitimité d'une expresion; en effet, on parle couramment des "pouvoirs de la technique", pour s'en rejouir ou s'en inquiéter, et il faut ici se demander si une telle formule a un sens, si elle est justifiée, si l'on a raison de l'utiliser.

La technique est toute-puissance. Il n'est pas de domaines où elle ne règne pas. Notre civilisation est devenue technicienne et technocratique. Mais, la technique n'a aucun pouvoir en soi. C'est seulement son usage politique et économique qui fait d'elle un instrument de domination et de contrôle sociaux (par exemple, la polémique récente sur le fichier Edwige).

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« L'exemple de Descartes Descartes entreprend de séparer sans ambiguïté la croyance religieuse del'exercice de la pensée rationnelle.

Il écrit en ce sens qu'il révère les vérités révélées et prétend « autantqu'aucun autre, à gagner le ciel » ; mais, précise-t-il, « ayant appris commechose très assurée, que le chemin n'en est pas moins ouvert aux plusignorants qu'aux plus doctes, et que les vérités révélées qui y conduisentsont au-dessus de notre intelligence, je n'eusse osé les soumettre à lafaiblesse de mes raisonnements, et je pensais que, pour entreprendre de lesexaminer et y réussir, il était besoin d'avoir quelque extraordinaire assistancedu ciel, et d'être plus qu'homme » (Discours de la méthode, I). Ainsi, la « méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dansles sciences » afin de devenir maître et possesseur de la nature, n'a aucunrapport avec la foi qui, elle, donne accès au ciel.

Fidèle à la religion de sanourrice, Descartes ne se croit pas tenu de partager ses raisonnements. La croyance inutile ? Lorsque la raison parvient à démontrer logiquement la vérité d'une thèsereligieuse (par exemple, l'existence de Dieu), ne rend-elle pas inutile lacroyance correspondante ? Croire, en effet, c'est affirmer la vérité d'une proposition bien que cette vérité ne soit pas la conclusion nécessaired'une argumentation qui la prouve.En revanche, le mathématicien ne croit pas que la somme des angles d'un triangle soit égale à 180° : il le sait, pourl'avoir méthodiquement démontré, c'est-à-dire déduit des définitions, axiomes, premiers principes de la géométried'Euclide. Or Descartes affirme par exemple avoir démontré l'existence d'un Dieu parfait : « Revenant à l'idée d'un êtreparfait, je trouvais que l'existence y était comprise, en même façon qu'il est compris en celle d'un triangle que sestrois angles sont égaux à deux droits » (lire le Discours, 4° partie).

Dans cette perspective, la croyance religieuse,dont on affirmait l'indépendance face à la raison, est comme minée par l'exercice de la raison.

Celle-ci construit unethéologie rationnelle, un discours rationnel sur Dieu qui ne requiert, comme tel, aucune croyance. 3.

La faiblesse de la raison rend la foi nécessaire Pascal objecte à toute théologie purement rationnelle qu'elle méconnaîtnécessairement la vérité absolue de l'amour divin (l'ordre de la charité).

«C'est le coeur qui sent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c'est que la foi, Dieusensible au coeur, non à la raison » (éd.

Brunschvicg, n° 278).

Le vrai Dieu dela foi est « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosopheset des savants » (n° 142). Mais ce n'est pas la croyance qui exige de la raison qu'elle renonce àatteindre la vérité absolue.

Pour Pascal, « la dernière démarche de la raisonest de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent ; elle n'estque faible si elle ne va jusqu'à connaître cela » (n° 267).

Autrement dit,l'exercice même de la raison la contraint à poser des thèses contradictoires :« Incompréhensible que Dieu soit, et incompréhensible qu'il ne soit pas ; quel'âme soit avec le corps, que nous n'ayons pas d'âme ; que le monde soitcréé, qu'il ne le soit pas, (n° 230). Loin d'entrer en conflit avec la croyance religieuse, la raison qui découvre sapropre impuissance exige, en quelque sorte, la foi en une religion révélée.Seule celle-ci peut expliquer et combler cette impuissance.

« Sans cemystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles ànous-mêmes » (n° 434). 4.

La raison, servante de la foi La foi selon Pascal répond en quelque sorte aux questions que la raison ne peut résoudre ; ce n'est pas lacroyance religieuse qui définit l'usage légitime de la pensée rationnelle, mais cette dernière qui, en dernière analyse,surmonte ses limites par l'adhésion aux vérités révélées du christianisme. Dans la philosophie de saint Thomas d'Aquin, il en va un peu différemment : « entre le mode de connaître parraison et le mode de connaître par révélation, la discontinuité est complète, et le premier ne nous fera jamaismonter ni même aspirer au second » (E.

Bréhier, Histoire de la philosophie).

Les vérités de foi ne peuvent contredire. »

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