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Tout ce qui est possible techniquement est-il, pour autant, légitime

Publié le 20/03/2004

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La technique est un ensemble de procédés efficaces. Elle est d'ordre pragmatique. Elle sert l'homme. Mais l'homme doit-il utiliser la technique sans se soucier des conséquences ? La puissance technique doit- elle avoir des limites, et de quel ordre ?

DEFINITIONS DES TERMES:

•    tout : la totalité, l'ensemble. •    techniquement : selon des procédés techniques. •    technique : la teknê grecque est un savoir-faire caractéristique, propre à l'homme, qui fabrique ce que la nature ne lui a pas fourni. La technique a pour fonction de transformer le donné, de maîtriser la nature. •    possible : faisable, réalisable ; le possible, c'est ce qu'on peut faire, ce qu'on a le pouvoir, la puissance de faire. •    légitime : moral.

« Le clonage est-il légitime?Depuis plusieurs années, on a la possibilité technique de cloner des êtres humains, c'est-à-dire de reproduire àl'identique n'importe quel individu.

Est-il pour autant légitime de le faire? Le clonage d'êtreshumains soulève de lourdes objections d'ordre éthique, notamment en raison du fait qu'il rabaisse les êtreshumains ainsi créés au rang d'objets. Il y a des techniques de destructionL'on a observé que les plus grands progrès techniques étaient réalisés pendant les guerres.

La course à lapuissance militaire à toujours été l'un des moteurs du développement technique.

C'est ainsi que sontélaborées les techniques de mort, les inventions comme les bombes, créées expressément pour détruire ettuer. La technique n'est pas maîtriséeCertaines techniques, même instituées au service de l'homme, peuvent finir par se retourner contre lui.

Ainsi,les industries polluantes mettent-elles en danger l'homme en détruisant son environnement.

De même,l'utilisation de l'atome présente-t-elle des risques qui ne sont pas toujours bien maîtrisés, comme la productionde déchets radioactifs. [] La technique et la science ont apporté d'indéniables progrès à l'humanité.

Il n'est pas question de revenir enarrière.

La question qui se pose alors est une question d'ordre moral : tout ce que l'ingéniosité humaine estcapable d'imaginer et de réaliser concrètement, grâce au développement gigantesque des sciences et destechniques, doit-il être réellement voulu pour l'humanité ou faut-il savoir renoncer à concrétiser des inventionsau nom de la morale ? C'est le problème aujourd'hui, par exemple, du clonage humain, du génie génétique. Kant a mis l'accent sur les dangers d'un apprentissage technique quiprivilégie l'acquisition d'un savoir-faire et l'emploi des moyensnécessaires pour atteindre le but à réaliser, mais qui néglige laformation du jugement et de la réflexion sur la valeur des finspoursuivies.

Les impératifs techniques ne sont pas des impératifscatégoriques : ils sont au service de l'intérêt, et ne disent rien sur lavaleur du but visé.

«Il ne s'agit pas de savoir si le but qu'on se proposeest raisonnable et bon, mais de déterminer ce qu'il faut faire pourl'atteindre », écrit Kant dans les Fondements de la métaphysique desmoeurs.

Ce qui signifie que la technique fait abstraction de laconscience morale.L'intérêt, l'efficacité valent-ils d'être universellement désirés ? Ils sontles signes distinctifs de la puissance technique et, en ce sens,n'obligent jamais légitimement le sujet qui se définit toujours comme unsujet moral.

On s'interroge en fait sur la valeur du progrès.

On sait – neserait-ce que par expérience – que tout ce qui est techniquementpossible n'est pas nécessairement bon pour tous les hommes.

L'hommejoue à l'apprenti sorcier et son «jeu» n'est pas neutre.

Il témoigne d'uneidéologie, implicite ou explicite.

Limiter la puissance technique ou ne pasla limiter reste essentiellement un problème politique, le projet dumonde dans lequel on souhaite vivre.• La technique, parce qu'elle fait passer la science aux actes, pose le problème de la finalité — voire de la moralité de la science : l'arme nucléaire, par exemple, est-elle seulementla perversion d'un pur et innocent désir de connaître ? ou bien, la science est-elle responsable, dès sonprincipe, des terrifiantes applications qu'on en peut faire ?• Les dangers que font aujourd'hui courir à l'humanité les progrès techniques (cf.

également les manipulationsgénétiques) mettent-ils en cause l'usage qu'on fait de la science ou la science elle-même ? « L'esprit humain,déclarait Auguste Comte, doit procéder aux recherches théoriques en faisant complètement abstraction detoute considération pratique » (Comte, Cours de philosophie positive, 1830/1842).

Mais est-il possible, et sioui, est-il légitime de procéder de la sorte ? Quelle que soit votre réponse, la question est incontournabledans tout devoir tournant autour de la valeur de la science.. »

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