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Lettre à Chanut du 6 juin 1647 (philosophie)

Publié le 08/04/2012

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Descartes, philosophe du 17ème siècle, dégage le rôle de l’inconscient face à l’amour dans la « lettre à Chanut du 6 juin 1647 » extrait de Œuvres et Lettres. En effet, dans cette lettre, il tentera de répondre à ce qui nous incite à aimer une personne plutôt qu’une autre. Descartes s’appuiera d’une de ses expériences personnelles pour illustrer sa thèse. La problématique que sous-entend cette lettre est de savoir quels sont les mécanismes qui nous poussent à être attiré par une personne plutôt qu’une autre ? Et en quoi la prise de conscience de ces mécanismes peut altérer notre manière d’agir ? Nous étudierons dans un premier temps les mécanismes du corps et de l’esprit, ensuite nous nous intéresserons aux mécanismes des passions et enfin nous nous pencherons sur le fait que l’on agit de manière inconsciente.

Lorsque Descartes affirme que « les causes qui nous incitent souvent à aimer une personne plutôt qu’une autre, avant que nous en connaissions le mérite ; et (il) en remarque deux, qui sont, l’une dans l’esprit, et l’autre dans le corps » à la ligne 1-4, d’une part Descartes met en avant la morale c'est-à-dire l’idée que l’on doit aimer une personne pour sa valeur et ses qualités vertueuses, d’autre part on s'aperçoit que Descartes rend compte des mécanismes du mental et du corps qui sont bien entendu dépendant l’un de l’autre : « Le corps n'est que le reflet de l'âme » de Fox Emmet, pour décrire le sentiment amoureux. Quand on veut, l'âme agit sur le corps, quand on éprouve une passion ou des sentiments c'est que l'on a conscience que c'est le corps qui agit sur l'âme. Par la raison, nous savons que nous sommes deux substances (un dualisme), et en même temps, par le sentiment, une unité est perçue, un mélange entre âme et corps. Ainsi la cause de l'amour ne réside pas seulement dans notre esprit mais belle et bien aussi dans les différentes parties de notre corps. La cause de l’amour demeure dans notre esprit puisque c’est celui-ci qui nous permet d’avoir des sentiments, mais la cause de l’amour demeure également dans notre corps car lorsque nous nous trouvons face à une personne qui ne nous est pas indifférente on se sent « mal à l’aise » : notre rythme cardiaque s’accélère, on bégaye, on peut trembler… Ainsi l’explication de l’amour est l’action de notre esprit.

 

La passion peut-elle être identifiée à une tendance motrice de l'âme ?

 

Si l'âme et le corps sont en relation, l'un est actif et l'autre passif. Si les choses sont ainsi, alors on doit dire qu'une passion dans l'âme correspond à une action du corps sur elle. L'amour est un mécanisme qui entraîne une passion, ici pour Descartes, la conscience, le sentiment d'être « plus enclin à aimer [les personnes louches] qu'à en aimer d'autres. » Les passions de l'âme sont donc des perceptions. Naissant dans le corps et perçues par l'âme, la passion reste un mécanisme qui se déclenche dans le corps. Elle incite notre âme à quelque chose, lui suggère une volonté. La peur nous incite à fuir : le cœur s'accélère, le corps se prépare à courir et en même temps notre âme est incitée à vouloir fuir. Notre volonté, par ce moyen, ne peut être contrainte : être incité à fuir, ce n'est pas le vouloir. Et chez un humain, c'est toujours l'âme qui décide. Les passions témoignent de l'unité entre corps et âme, présentent les intérêts du corps à l'âme. Elles sont le moyen par lequel la vie prend une signification de l'esprit. Ces passions sont un moyen de communication entre corps et esprit, un langage, sans lequel l'esprit serait indifférent au corps, serait détaché de la matière.

 

Notre inconscient nous guiderait-il ? Ou garde-t-il simplement le passé en mémoire et nous influence dans nos choix futurs ?

 

Dans cet extrait, Descartes nous fait part d'une expérience. Il raconte que lorsqu'il était jeune, la fille qu'il a aimé, a influencé inconsciemment toute sa vie amoureuse. Cette fille, « qui était un peu louche », a favorisé plus tard, un penchant d'affection pour des personnes louches. En effet, Descartes raconte que « en voyant des personnes louches, [il se sentait] plus enclin à les aimer qu'à en aimer d'autres, pour cela seul qu'elles avaient ce défaut ». Nous pouvons bien comprendre que c'est la marque de son inconscient, puisqu'il rajoute de même « et je ne savais néanmoins que ce fût pour cela ». Pour Descartes, l'inconscient a favorisé ses choix amoureux et ses affections. Mais l'inconscient peut de même se manifester sous plusieurs formes. Lors de certaines situations dans lesquelles nous pouvons nous sentir embarrassé, certaines personnes seront inconsciemment plus sensible et plus enclin à rougir, à bégayer,... Les sentiments, et donc leurs expressions par les sensations, s'expriment inconsciemment. Mais aussi, des gestes, des expressions,... devenues habituelles, sont font ou se manifestent inconsciemment. Nous agissons de manière inconsciente, ce qui, parfois, nous simplifie la vie.

 

L'âme et le corps seraient un ensemble sans former un tout. Or l'âme n'est pas logée dans le corps, elle lui est unie : notre corps n'est pas considéré comme un outil aux ordres de notre volonté. Mais surtout, nous éprouvons des sentiments et des passions (le terme de passion regroupe tous les sentiments ou émotions que notre âme peut ressentir). L'union entre corps et âme est l'expérience des passions : dans la douleur, l'âme s'incarne, le corps se spiritualise; c'est nous, le cogito, qui avons mal. L'unité de l'âme et du corps est bien réelle. L'inconscient serait là pour nous guider dans la vie de tous les jours. Les sentiments sont inévitables. Certains choix, dont nous avons l'impression qu'ils sont naturels, comme le choix d'un conjoint, peut être en réalité, une manifestation de l'inconscient, celui qui dirige nos vies, sans que nous y pensions.

La part d'éternité de ce texte réside dans le fait qu'un amour d'enfance, inconsciemment, déterminera nos futurs choix amoureux et affectifs. Nous serons plus sensibles à certaines choses, celles déjà vécues.

Mais peut-on laisser l'inconscient décider pour nous-même ? Ne devrions-nous pas chercher à le comprendre ?

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