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Lettre de démission du général de Gaulle à Monsieur Félix Gouin, Président de l'Assemblée nationale constituante.

Publié le 11/04/2011

Extrait du document

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Paris, le 20 Janvier 1946. « Monsieur le Président, Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire connaître à l'Assemblée nationale constituante que je me démets de mes fonctions de président du Gouvernement provisoire de la République. Depuis le jour même où j'ai assumé la charge de diriger le pays vers sa libération, sa victoire et sa souveraineté, j'ai considéré que ma tâche devrait prendre fin lorsque serait réunie la représentation nationale et que les partis politiques se trouveraient ainsi en mesure d'assumer leurs responsabilités. Si j'ai accepté de demeurer à la tête du Gouvernement après le 13 novembre 1945, c'était à la fois pour répondre à l'appel unanime que l'Assemblée nationale constituante m'avait adressé et pour ménager une transition nécessaire. Cette transition est aujourd'hui réalisée. D'autre part, la France, après d'immenses épreuves, n'est plus en situation d'alarme. Certes, maintes souffrances pèsent encore sur le peuple français et de graves problèmes demeurent. Mais la vie même des Français est pour l'essentiel assurée, l'activité économique se relève, nos territoires sont entre nos mains, nous avons repris pied en Indochine, la paix publique n'est pas troublée. A l'extérieur, en dépit des inquiétudes qui subsistent, l'indépendance est fermement établie, nous tenons le Rhin, nous participons au premier rang à l'organisation internationale du monde et c'est à Paris que doit se réunir au printemps la première conférence de la paix. En me retirant, j'exprime le vœu profondément sincère que le Gouvernement, qui succédera à celui que j'ai eu l'honneur de diriger, réussisse dans la tâche qui reste à accomplir pour assurer définitivement les destinées du pays. Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma haute considération. « Source : Charles de Gaulle — Mémoires de guerre, tome 3 « Le Salut 1944/1946 «.

A partir du document ci-dessus, vous pouvez, au choix, faire un commentaire composé à votre initiative ou répondre aux questions suivantes destinées à aider votre réflexion. i° En se référant aux termes des trois premiers paragraphes du document, on précisera : — les références concernant l'auteur et le contexte du document; — l'organisation des pouvoirs publics et la situation politique à ce moment; 2° On expliquera le quatrième paragraphe en distinguant : — les problèmes de la France à cette époque et les premières mesures prises dans le domaine intérieur; — la situation de la France sur la scène internationale; 3° L'étude du cinquième paragraphe sera l'occasion de préciser les raisons et les conséquences de la démission du général de Gaulle.

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« organique, éventuellement révolutionnaire).

Le oui-oui préconisé par de Gaulle l'emporte contre le oui-non préconisépar le PC (21 octobre 1945).

Le même jour est élue l'Assemblée constituante, à la représentation proportionnelle.

LePC obtient 26 % des suffrages, la SFIO 25 %, le MRP 24 %, les Radicaux 9 %.

Les divers droite 16 %.

Le général deGaulle, privé de l'appui d'un parti politique, ne dispose que de son prestige de chef de la France libre.

Le chef du PC,Thorez, exige de nouveaux ministères (Intérieur, Affaires étrangères, Défense nationale) pour le « parti des fusillés».

De Gaulle refuse et ne cède qu'une partie de la Défense nationale, l'armement.

Le 13 novembre 1945, de Gaulleest confirmé dans ses fonctions par la nouvelle Assemblée. 2 Les problèmes intérieurs de la France et sa situation politique En 1945-1946, la France sort diminuée de la guerre (600 000 morts), mais surtout épuisée économiquement par lesexigences de l'Allemagne pendant la guerre, et la destruction de nombreuses installations (usines, routes, ponts,gares).

De Gaulle occulte un peu les problèmes de la vie quotidienne qui restent très aigus.

Les restrictionspersistent et le ministère du Ravitaillement ne sera supprimé qu'en 1949.

Le problème essentiel demeure l'inflationmonétaire (malgré l'échange des billets de banque en 194$), provoquée par le déficit budgétaire, par la supérioritéde la demande sur l'offre.

Le « franc Pleven » de décembre 1945 vaut trois fois moins que le franc de 1939 et necesse de baisser.

Le ministre de l'Economie, Mendès France, proposait des remèdes draconiens (blocage descomptes, impôt sur le capital), mais il ne fut pas suivi par le ministre des Finances, Pleven, ni par de Gaulle.

Parcontre, le gouvernement, en appliquant une partie du programme du CNR, a jeté les bases de la reconstructionnationale.

Nationalisation de Renault et de Gnome et Rhône (devenu la SNECMA), mais aussi de l'énergie (créationd'EDF, des Charbonnages de France, du Commissariat à l'Énergie atomique), des grandes banques et de quelquesgrosses compagnies d'assurances.

En janvier 1946, on a créé le Commissariat au Plan et Jean Monnet lance sonpremier plan qui donne la priorité aux industries de base et à la reconstruction. Sur le plan de la situation extérieure, de Gaulle mentionne les décrets du problème indochinois.

Ho Chi Minh aproclamé la République du Vietnam (août 1945) mais la conférence de Potsdam a reconnu les droits de la France etla reconquête a commencé par le sud en Cochinchine.

Exclue à Yalta, la France a participé à la conférence de SanFrancisco (avril-juin 1945) qui met en place l'ONU.

Victime de la méfiance de Roosevelt, de Gaulle a été soutenu parChurchill qui a obtenu une zone d'occupation en Allemagne pour la France, et par Staline, avec lequel la France asigné une alliance (décembre 1944). 3 Les circonstances de la démission de de Gaulle Malgré sa confirmation par l'Assemblée constituante à la tête du Gouvernement Provisoire (13 novembre 1946), laposition de de Gaulle face aux partis politiques devient de plus en plus inconfortable.

Hostile au régime des partis, ilne peut accepter de voir l'Assemblée, où trois partis dominent, contrôler le gouvernement et surtout le budgetmilitaire.

Manifestement on allait rétablir un pouvoir législatif tout-puissant, ce qu'il ne voulait pas cautionner, d'oùsa brusque démission (20 janvier 1946).

Peut-être espérait-il un rappel qui lui aurait donné des pouvoirs plusétendus? Il retrouve sa liberté d'action et, par le discours de Bayeux (16 juin 1946), tente d'imposer sa vision d'unpouvoir exécutif fort. Conclusion Le départ du Général ne provoqua pas d'émotion populaire notable mais plaça la France sous le signe du tripartisme(janvier 1946-mai 1947).

Félix Gouin devint chef du gouvernement provisoire tandis que de Gaulle entreprenait, etce, jusqu'en juin 1958, une longue traversée du désert.. »

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