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LETTRES CHOISIES - Mme DE SÉVIGNÉ

Publié le 05/03/2011

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Lettres choisies. —Historique. — Lettres choisies : 1° Madame de Sévigné historien du XVIIe siècle. 2° La châtelaine des Rochers et le sentiment de la Nature. 3° La bibliothèque do la marquise : ses goûts littéraires. 4° La mère de famille et l'amie dévouée. — Conclusion.

Historique. — Au XVIIe siècle, il n'existait que des gazettes fort sèches et qui renseignaient trop sommairement les provinciaux sur les événements politiques et sur les mille petites choses de la vie mondaine. Aussi, les personnes assez heureuses pour séjourner dans la capitale envoyaient-elles des lettres pleines de renseignements et soigneusement écrites à leurs amis moins privilégiés. Ce fut, par exemple, sous Henri IV et Louis XIII, l'occasion de la correspondance si intéressante qui s'engagea entre Malherbe et Peiresc. Et, à l'époque de Louis XIV, ce fut pour des causes analogues que la marquise de Sévigné écrivit ses Lettres charmantes.   

« de son devoir d'officier : on croit entendre le ton sec et bref de Louvois, qui, possédé par le génie de la guerre, dutregretter, en effet, en mourant, de n'avoir pas donné « un échec au duc de Savoie» et « un mat au prince d'Orange».

Enfin, un roi accueille un autre monarque exilé, et, après l'avoir mené au palais qu'il lui destine, il dit avec ungeste plein de noblesse : « Voici votre maison! quand j'y viendrai, vous m'en ferez les honneurs et je vous les feraiquand vous viendrez à Versailles » : dans cette simplicité courtoise et généreuse qui ne reconnaîtrait Louis XIV, legentilhomme le plus accompli de son royaume? Il faudrait multiplier les exemples pour montrer à cet égard tous lesmérites de Mme de Sévigné, qui atteint parfois, lorsqu'elle parle des événements politiques, à l'éloquence la plusspontanée et la plus haute. Mais elle était trop femme et trop malicieuse pour ne point prêter plus d'attention aux menus faits de la viemondaine qu'aux graves affaires de l'Etat.

Il y a, dans ses lettres, des anecdotes plaisantes et des comméragesfinement rapportés qui constituent une curieuse chronique des mœurs du temps.

Ce sont, tout d'abord, histoires de mode, descriptionsde coiffures nouvelles, éloge enthousiaste d'une robe improvisée pour Mme de Montespan : la marquise avait lesgoûts de son sexe et elle adorait les chiffons.

Ce sont, ensuite, les « cancans », qui circulent sur tel ou telle : unemésaventure de Mme d'Arpajon; la déconvenue du maréchal de Grammont déclarant les vers du roi pitoyables, sansse douter qu'ils sont de lui; et le joyeux scandale du mariage de Lauzun avec « Mademoiselle ; la grandeMademoiselle ; Mademoiselle, fille de feu Monsieur; Mademoiselle, petite-fille de Henri IV ; Mlle d'Eu, Mlle de Dombes,Mlle de Montpensier, Mlle d'Orléans; Mademoiselle, cousine germaine du roi; Mademoiselle, destinée au trône ;Mademoiselle, le seul parti en France qui fût digne de Monsieur ».

Ce sont, enfin, les affaires de province et lapeinture de ces fêtes bretonnes, avec festins, danses bizarres, « beuveries » à la suite desquelles « toute laBretagne est ivre ».

Les historiettes piquantes fourmillent dans cette précieuse correspondance.

On sent que lamarquise a ri de tout cœur, en les racontant ; il en est passé dans son style quelque chose d'alerte et de joyeux; etc'est partout la même vivacité, le même pittoresque, le même charme dans ces récits qui, au point de vue littéraire,ne sauraient valoir quelque chose sans la variété et l'agrément du détail. 2° La châtelaine des rochers et le sentiment de la nature. — Mais voici dans les Lettres quelque chose, qui est aussi intéressant que l'histoire contemporaine et qu'onchercherait vainement dans les autres correspondances du temps.

En ce XVIIe siècle où l'on n'aimait guère sedéplacer et où l'on dédaignait trop la province, Mme de Sévigné fut une intrépide voyageuse.

Maintes fois elletraversa la France.

On la vit en Picardie, en Normandie, en Bourgogne.

Elle but de l'eau ferrugineuse à Forges etsubit la douche à Vichy.

Elle descendit trois fois jusqu'en Provence, et, la troisième fois, pour y mourir.

Mais laprovince où elle fit les plus longs séjours fui la sauvage Bretagne.

A différentes reprises, elle s'en alla passer là-basdes mois ou des années, dans le château des Rochers, l'ancienne demeure des marquis de Sévigné.

La pauvrefemme avait la malchance d'avoir pour fils et pour fille des prodigues, dont la main était « un creuset où l'argent sefond ».

Comme elle payait leurs dettes et fournissait à leurs dépenses, elle se sacrifia généreusement et habitasouvent la campagne afin d'y faire des économies.

Ce fut de la sorte qu'elle apprit à connaître autre chose que lesparcs dessinés par un artiste et les arbustes taillés en parasols.

Et, d'année en année, grandit chez cette nobledame le sentiment de la nature. Dans sa solitude bretonne elle mena l'existence d'une châtelaine provinciale qui apprécie les charmes de la vierustique.

Elle prenait, de bon matin, & la fraîcheur des bois »; s'en allait lire dans ses « aimables allées», surtoutdans celle qui était surnommée l'Humeur de ma fille; mangeait « des beurrées infinies » qu'elle avait saupoudrées deviolettes ; et ne rentrait, le soir, qu'après avoir humé l'odeur enivrante des prairies.

Elle riait de ces mondainesdégoûtées qui ne « causaient» pas, comme elle, « avec les vaches et les moutons » et qui ignoraient l'art de faner,c'est-à-dire « de retourner du foin en batifolant ».

Elle finit même par passer l'hiver à la campagne et par trouverque c'était « la plus douce chose du monde ».

A cette époque où l'on ne vivait guère que dans les salons et lescercles, elle fut certainement une exception. Ce qu'elle gagna à ces retraites dans les domaines de Bourbilly, de Livry ou des Rochers, ce fut de comprendre lesbeautés de la nature.

En hiver sous le soleil qui brille, elle se plaît à regarder les arbres « parés de perles et decristaux ».

En automne, « où la campagne en gros est encore riante », elle admire « ces belles nuances » desbuissons et des futaies, « dont les peintres font si bien leur profit » : Je suis venue, dit-elle, achever ici les beaux jours et dire adieu aux feuilles ; elles sont encore toutes aux arbres,elles n'ont fait que changer de couleur; au lieu d'être vertes, elles sont d'aurore, et de tant de sortes d'aurore quecela compose un brocart d'or riche et magnifique que nous voulons trouver plus beau que du vert, quand ce neserait que pour changer. Mme de Sévigné voit, en effet, le côté pittoresque de chaque saison ; elle aime que le décor se modifie autour d'elle; et son grief contre les arbres de Provence c'est que « leur persévérance est triste et ennuyeuse », car « il vautmieux reverdir que d'être toujours vert ».

Cependant ses préférences marquées sont pour le renouveau.

Elle abesoin du « vert naissant » ; elle est réjouie de constater que « le vert montre le bout de son nez », et, quand «triomphé le joli mois de mai », quand « le rossignol, le coucou et la fauvette ont ouvert le printemps dans les forêts», elle rêve, elle lit, elle se promène, tout heureuse du gazouillis ou des roulades des petits oiseaux qui «l'étourdissent ».. »

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