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Les Liaisons Dangereuses

Publié le 05/03/2011

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liaisons dangereuses

Lettre 81 Contextualisation Roman publié en 1782 dans une société disloquée par crise économique et bloquée par barrières entre classes, après 3 ans de gestation avec succès aussi fulgurant que scandale déclenché. Pourtant auteur, Laclos, né en 1741 dans une famille bourgeoise, mort en 1803 à Naples ( armée), mène une carrière militaire tranquille avant de faire un mariage heureux. Il s’est déjà essayé à quelques écrits de ton très libre par rapport à sa personnalité sociale mais c’est ici son grand � uvre, qui s’inscrit dans mouvement charnière entre les Lumières et le siècle suivant,le mouvement libertin => influence des idées des philosophes des Lumières ( rationalisme, observation, expérimenta°) dans libertinage. Roman épistolaire composé des lettres que s’échangent 13 personnages dont les 2 personnages principaux , la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, issus de aristocratie, mènent les intrigues en dignes représentants du libertinage, version masculine et féminine. Ces lettres font état, tt en les construisant, des liaisons ou relations sociales entre les personnages. Originalité du personnage de Mme de Merteuil, au c� ur de toutes les intrigues, auteur de la lettre 81, longue lettre située en plein c� ur du roman ( 175 lettres ) en réponse à lettre de Valmont qui lui donne des conseils de prudence dans une entreprise amoureuse qu’elle veut réaliser. (Lettre autobiographique, seul personnage dont le passé ns sera connu). Comment sur le mode de la confidence, cette lettre dénonce-t-elle la société du XVIII ème siècle ? Laclos donne à lire dans cette lettre l’affirmation orgueilleuse de soi,la conscience de son unicité à travers un récit d’apprentissage, d’auto - apprentissage plutôt, fondé sur une ascèse héroïque qui reflète valeurs et travers de cette société ( qui a enfanté une telle « héroïne »). I- L’affirmation de soi et de sa valeur. 1. Affirmation de sa différence, voire de sa supériorité Cette affirmation « imprègne » le 1er § et le dernier. La première question, par la conjonction et la mise en relief du pronom sujet employé sous sa forme tonique « Mais moi » revendique d’emblée une différence radicale entre la Marquise d’une part et « ces femmes », rejetées en fin de phrase et dévalorisées par l’adjectif « inconsidérées » dans lequel transparaît tout le mépris de la Marquise. Elle va jusqu’à revendiquer son unicité en se distinguant « des autres femmes », toutes cette fois-ci, dont elle méprise la passivité avec les 3 participes « donnés, reçus, suivis en forme passive» et l’irréflexion soulignée par les 3 compléments « au hasard, sans examen, par habitude ». Femmes auxquelles manquent l’esprit critique, l’examen méthodique, le rejet des traditions prôné par l’esprit des Lumières tandis qu’elle s’est livrée à de « profondes réflexions » , adoptant une démarche active « je les ai créés » pour se construire, laisser mûrir comme un « fruit » ses principes de conduite. Le dernier § souligne sa précocité avec l’opposition forme affirmative, forme négative « je n’avais pas 15 ans/ je possédais déjà », renforcée par la force du verbe posséder, et laisse percevoir la conscience de sa supériorité sur « les politiques » réputés puisqu’elle n’en est qu’aux « premiers éléments … ».S’affirment son appétit de puissance et l’idée qu ‘elle surpasse les hommes aussi. 2. Omniprésence du « je » : La conscience de soi se lit dans l’omniprésence des formes de la 1ère pers, du pronom sujet « je » aux formes compléments, notamment dans les tournures pronominales « je me suis travaillée » ou tournures renforcées « ce travail sur moi-même » ; elle apparaît aussi dans la répétition « je dis mes principes, et je le dis à dessein » où affirme peser ses mots et culmine avec la conclusion pleine d’orgueil où rivalise avec créateur « je puis dire que je suis mon ouvrage ». Les nombreuses occurrences du « je » sont aussi le signe de son égocentrisme. Tout tourne autour d’elle. Mais, Au-delà des remarques précédentes, les marques de la première personne soulignent aussi la solitude dans laquelle se trouve la jeune fille. 3.  Emancipation de toute tutelle et orgueil. Morale du mérite individuel contre les privilèges de naissance ; elle affirme ne devoir ce qu’elle est qu’à elle-même, où l’on rejoint le sens étymologique du mot « libertin », affranchi. S’est affranchie « du hasard, de l’habitude » de sa condition « vouée au silence et à l’inaction » parce qu ‘elle a su en profiter. Elle est son propre Pygmalion, dans un processus d’auto - création, ce qu’elle prouve à Valmont par le récit de son apprentissage pour lui montrer aussi à quel point elle le surpasse. Elle se compare aussi aux Politiques (l.41-42) possédant les mêmes talents de dissimulation, experts en manigances. Ceci alors qu’elle n’a que 16 ans…Ce n’est qu’un début : elle apparaît comme une femme redoutable ! II Le récit d’une éducation rigoureuse : l’apprentissage de la duplicité 1. Les étapes avec bilan respectif « Observer et réfléchir » : conclure que le plus intéressant= les discours « qu’on cherchait à me cacher » et les recueillir. ( § 2) Apprendre à dissimuler : l’intérêt en feignant un regard distrait (travail sur les regards) puis ses véritables sentiments en jouant les sentiments opposés (ttravail sur les mouvements du visage, maîtrise de tout sentiment) § 3 Etape supplémentaire avec gradation « non contente de ne plus …formes différentes » : après la dissimulation, la simulation. Dissociation être, penser et paraître. ( § 4) Maîtrise de soi, analyse de soi ( introspection) permet analyse d’autrui, un « coup d’� il pénétrant ». (§ 5) 2. Le travail La locutrice insiste sur la rigueur de cet apprentissage par le champ lexical de l’effort et même de la contrainte : « avec soin, j’essayai de guider, je tâchai de régler, je m’étudiai à , chercher, j’ai porté le zèle, plus de peine » ; « travail » au sens étymologique du terme apparaît 2 fois avec idée de torture sur soi-même, corroborée par l’expérience « me causer des blessures volontaires, réprimer les symptômes .. ». Véritable ascèse des résultats de laquelle elle prend Valmont à témoin par 2 fois. Sorte d’héroïsme dévoyé !! 3. Les finalités, les principes : La dissimulation et la simulation donc la duplicité qui se manifeste dans le jeu des oppositions entre le sentiment éprouvé et le sentiment affiché : chagrin/ sérénité, joie ; douleurs/plaisir. Puis entre la pensée réelle et la pensée simulée. Dissociation constante être/paraître. Mme de Merteuil est une comédienne talentueuse. De nombreuses expressions la présentent comme une excellente comédienne car son apprentissage consiste moins à former son esprit que ses manières. Elle excelle dans l’art du paraître. La forme pronominale du verbe « travailler » (l.23) souligne la mise en pratique d’un exercice rigoureux et permanent afin de composer une attitude. On distingue des phases d’action et des phases d’observation. Tel un félin, elle observe puis teste son apprentissage. Ce sont les phases d’inaction qui lui ont permis d’observer et de réfléchir. Elle a jugé le monde extérieur, a appris la dissimulation et le travestissement. Elle a su jouer avec les apparences, faire semblant pour arriver à ses fins. La marque de la 1ère pers. omniprésente souligne la volonté sans faille. On assiste à la mise en place d’un jeu théâtral pervers mais marqué par un certain stoïcisme (l.22). En voulant l’enfermer dans sa condition de femme la société lui a en fait permis d’acquérir sa liberté de penser. 4. Une libertine Elle adopte alors la position morale du libertin qui consiste à penser par soi-même et à se construire ses propres règles de conduite, ses propres principes. C’est l’individu qui l’emporte sur la société. De plus la morale est absente de son éducation, révélant ainsi la marquise comme une redoutable femme manipulatrice (l.31). Mais où elle prend un risque c’est qu’elle laisse entendre à Valmont qu’elle compose son attitude, qu’elle est machiavélique. Elle se présente comme un prédateur voulant lui montrer qu’elle est son égale. Conclusion : Héroïsme qui suppose mutilation d’une partie de soi-même ! la marquise étouffe toute spontanéité et même éteint les manifestations du c� ur dont elle se moque au profit de l’esprit, ce qu’on appelle un libertinage de tête. Affirmation de sa puissance et de sa supériorité mais elle a besoin de Valmont, d’un témoin pour exister en tant que ce qu’elle est d’où lettre - confidence qui la dévoile. Autopsie de aristocratie moribonde de son siècle : société de conformisme, de dissimulation qui mutile individu, l’oblige à dissocier être et paraître. Questions sur prétendue souveraineté des 2 libertins : sont-ils aussi maîtres du jeu qu’ils le croient ? Jouent des rôles dans société de théâtre : Valmont par conformisme, Merteuil par contrainte ? Lettre XLVIII des Liaisons dangereuses de Laclos [Commentaire] Contexte : Objet d’étude : Convaincre, persuader, délibérer Genre littéraire : Epistolaire Type de sujet : Commentaire littéraire Texte étudié : Les Liaisons dangereuses, Lettre XLVIII. Auteur : Pierre Choderlos de Laclos (1741, 1803) Le plan détaillé du commentaire : I. Les mouvements de la passion et leur défense Une lettre illustrant les mouvements de la passion et la défendant : deux moments dans la lettre qui font écho au moment d’euphorie et d’abattement caractéristiques de la passion amoureuse, reflet de deux philosophies de vie. A. Ecrire le trouble (avant l’amour) * Valmont cherche à impliquer la destinataire de la lettre. - Omniprésence d’un « je » à un « vous » - Les apostrophes (« Madame », répété trois fois) - L’utilisation de l’impératif : « Croyez-moi », « pardonnez » - Le ton de supplication, de prière : « je vous en supplie ». Phrases interrogatives : « ne puis-je donc espérer que vous partagerez quelque jour le trouble que j’éprouve en ce moment ? ». * Les excès de sa passion : - Les adverbes pour intensifier « entier anéantissement », « plus que jamais », « entièrement insensible », « m’abandonner entièrement », « jamais tant », « jamais », « tout », « si douce », « si vive ». - Des phrases exclamatives et des exclamations : « Quoi ! », « combien elle va s’embellir à mes yeux/ j’aurai tracé sur elle le serment de vous aimer toujours ! ». - Asyndète : qui mime les sentiments qui se bousculent en lui et leur incohérence : il donne l’impression d’être le jouet de ses sentiments et se sert de son désir physique ponctuel pour mieux mimer les désordres amoureux. B. Mimer l’abattement (après l’amour) Retour au calme et pour cause ! L’énonciateur feint l’abattement de l’amour déçu et malheureux et la culpabilité de se laisser emporter dans les tourbillons des passions. - Une deuxième partie sous le signe de l’absence, de la souffrance et de la privation : « a fui », « privations cruelles », « regret », « privé », « peine », « douloureuse image ». Question rhétorique : « A quoi me sert-il de vous parler de mes sentiments, si je cherche en vain les moyens de vous convaincre ? » - Une partie plus dans le raisonnement et moins dans le sentiment ce que suggère l’utilisation des connecteurs logiques : « cependant » (deux fois), « mais ». - Lexique du respect : « respectueux », « offenser », « vertu ». Cette partie du texte est un aveu de sa faiblesse, ce qui lui doit lui donner l’impression de dominer et donc doit l’amener à moins se méfier. Valmont feint de se repentir de s’être laissé emporter par ses sentiments dans la première partie et souligne sa souffrance due à un amour malheureux (car non partagé) et lui assure tout son respect. En fin psychologue, Valmont trace ces deux étapes dans sa lettre pour que le débordement de sa passion soit « accepté » grâce à la deuxième partie qui permet à la présidente de Tourvel de ne pas s’offenser. Ainsi, petit à petit, il arrive à lui faire part de ses sentiments sans qu’elle refuse de le lire (il dépasse les limites, s’en excuse en reculant de quelques pas, ce qui n’en imprime pas moins les sentiments de la première partie dans l’esprit fragilisé de Mme de Tourvel). C. Une réflexion sur le bonheur Une vision archétypale de deux modèles philosophiques et de deux modes de vie - Ce qui sous-tend le discours de Valmont est l’opposition entre deux modèles philosophiques bien connus même s’il sont quelque peu caricaturés : Stoïcisme et Epicurisme : le stoïcisme prône une forme de bonheur marquée par l’absence de trouble (ataraxie), pas de sentiments excessifs, une apathie de l’âme. La vision courante de l’Epicurisme (la philosophie est en fait plus complexe) est de jouir de la vie, le fameux « carpe diem ». - Opposition : « froide tranquillité », « sommeil de l’âme », « image de la mort », « rigueurs désolantes »/ « passions actives », « abandonner », « entièrement », « délire », « désespoir » - Valorisation de la sensation sur son absence : « je suis plus heureux que vous » - Il s’agit donc aussi d’un hymne à la sensation, au plaisir charnel et à la libération des m� urs qui s’oppose à la morale austère et rigoureuse représentée par la présidente (et à la religion qui sous-tend cette morale). II. Un double discours A. Jeu sur la situation d’énonciation Jeu sur l’expression de situations réelles pour l’émetteur mais qui doivent être interprétées comme hyperboliques par la destinataire : « nuit orageuse, pendant laquelle je n’ai pas fermé l’oeil », « En effet, la situation où je suis en vous écrivant me fait connaître plus que jamais la puissance irrésistible de l’amour ; j’ai peine à conserver assez d’empire sur moi pour mettre quelques ordres dans mes idées ; et déjà je prévois que je ne finirai pas cette lettre sans être obligé de l’interrompre. » Fait passer pour hyperbole ce qui n’est que le reflet d’une situation réelle et originale« Tout semble augmenter mes transports : l’air que je respire est plein de volupté ; la table même sur laquelle je vous écris, consacrée pour la première fois à cet usage, devient pour moi l’autel sacré de l’amour. » B. Des troubles de l’âme bien ambigus Une description efficace de l’amour physique à laquelle il donne une dimension spirituelle : le choix d’un langage pouvant s’appliquer au c� ur comme à l’âme donne une force inattendue à la représentation des sentiments qui semblent s’incarner « après avoir été sans cesse ou dans l’agitation d’une ardeur dévorante, ou dans l’entier anéantissement de toutes les facultés de mon âme » « ne puis-je donc espérer que vous partagerez quelque jour le trouble que j’éprouve en ce moment ? » : un trouble bien physique qu’il veut lui faire découvrir et qui nous amène à considérer sa maîtrise du langage car non seulement il mène de front un double discours crédible et cohérent mais il se permet le recours à l’ironie en se moquant de la présidente et de son ignorance des choses de l’amour, voir même sa froideur… « passions actives », « m’abandonner entièrement à l’amour » « pardonnez,je vous en supplie, au désordre de mes sens », « ivresse ». C. Une maîtrise totale Ironie et moquerie, Valmont s’amuse, et fait de sa lettre une revendication de puissance : Une remarque désagréable vu le contexte : « je viens chercher auprès de vous, Madame, un calme dont j’ai besoin » : on suppose calme de l’âme, amie comme havre de paix spirituelle, il sous-entend ennui et repos physique. « Je devrais peut-être m’abandonner moins à des transports que vous ne partagez pas : il faut vous quitter un moment pour dissiper une ivresse qui s’augmente à chaque instant, et qui devient plus forte que moi. » Jeu sens propre, sens figuré : « jamais je n’eus tant de plaisir en vous écrivant ». Lettre 47 INTRODUCTION :  A) L'� uvre :    C'est un roman épistolaire entre un groupe d'aristocrate dont le Vicomte et la Marquise de Merteuil, des libertins et des anciens amants. Dans ce roman, Laclos dénonce l'immortalité du libertinage, les jeux cyniques de séduction, les perversités du milieu privilégié se faisant un loisir de jouer avec les sentiments des autres.  B) Situation du passage de l'� uvre :    La Marquise de Merteuil qui passe pour une vertueuse dévote a passé un marché avec son ancien amant : s'il parvient à séduire Mme de Tourvel, elle acceptera de se donner à nouveau à lui. Ces deux personnes cherchent toujours à rivaliser. La lettre 47 est écrite alors que le Vicomte tente par tous les moyens de vaincre les résistances de Mme Tourvel.  C) Axes de lecture :   1° Un libertin en action      A) L'art du libertin de se mettre en scène      B) La psychologie du libertin   2° La peinture sociale PARTIE 1 : UN LIBERTIN EN ACTION :  A) L'art du libertin de se mettre en scène :    Dans cette lettre, le Vicomte raconte à la Marquise les circonstances qui l'ont empêché de la voir (l.1), il prend le prétexte de ce retard pour raconter son histoire.  Les paragraphes donnent au récit un caractère morcelé même si la narration qui suit la chronologie des faits mais surtout à travers ce récit un double plaisir, celui de raconter un plaisir savoureux et celui de faire état de ses talents de libertin. Il raconte ses prouesses et surtout il explique comment il a berné son hôte en le privant des plaisirs qu'il a achetés fort cher.  Les marques du récit sont omniprésentes :       Les indices chronologiques (adverbes et compléments de temps) sont nombreux.       Valmont emploie les temps du récit : le passé simple et le passé composé.    Remarque : Le présent n'apparaît qu'aux lignes 26 et 31. Cependant le Vicomte ne fait pas un récit neutre, il se délecte de ce qu'il raconte.    Il met en valeur son ancienne maîtresse. Elle est nommée aux l.6, 11, 15 et 20. Ce personnage est mis en valeur car elle est complice du tour joué au hollandais et à Mme de Tourvel. Les adjectifs insistent sur le charme et l'habilité du personnage.    Il dévalorise et montre en revanche du mépris pour son hôte. Il est simplement nommé par son rang administratif (l.15 \"bourgmestre\"). Sa description est peu élogieuse : emploi d'adjectifs dépréciatifs. Ce personnage est présenté de façon de plus en plus laide.  Conclusion : Tous ces éléments (jugements de valeurs : modalisations) indique que Valmont éprouve un véritable plaisir à faire ce récit à la Marquise. Il fait le récit de son triomphe en se mettant au centre de la scène.  B) La psychologie et les plaisirs du libertin :    Le libertinage dans cette lettre s'affirme sur deux plans, il se joue du bourgmestre, prend sa place, se réserve ses satisfactions et comme si cela ne suffisait pas, il fait preuve de perversion du cynisme à l'égard de Mme de Tourvel.   La volonté de troubler : Le libertin est toujours avide d'affirmer sa force, son habilité et surtout il agit selon un plan, froidement, méthodiquement. Tout d'abord il s'allie avec Emilie (l.15), il arrive à ses fins par l'ivresse et finalement obtient les faveurs d'Emilie, profitant ainsi du prix qu'a payé son hôte. Son désir est tout de suite de \"troubler\" (l.14) l'ordre des choses. Il veut détruire et mettre le désordre dans ce qui était organisé (l.13). Il est aussi soucieux de saccager un plaisir dont il est jaloux. Le champ lexical appréciatif des lignes 13 et 14 qui décrit les sentiments du Hollandais est révélateur de son mépris et de son sentiment de supériorité. De plus sa satisfaction est accrue par le fait de savoir que cela se passe chez son hôte (l.22 \"et je restai à sa place\")   Le plaisir de l'hypocrisie amoureuse : La lettre est l'autre exploit libertin de Valmont. Il se délecte de sa propre perversité, du plaisir de la trahison et du mensonge.   Il utilise Emilie comme pupitre (l.26) (comme un objet) pour écrire sa lettre d'amour, la rédaction en est interrompue par \"une infidélité complète\" (l.28 euphémisme qui indique qu'ils ont eu une relation pendant l'écriture de la lettre). Il la fait lire ensuite à son amante (l.29). Il utilise ensuite des termes hyperboliques laisse penser que cette lettre est un chef d'� uvre d'hypocrisie et de langage a double sens. De plus, au sommet du libertinage il ne résiste pas de faire lire cette lettre à la Marquise. La trahison est double.  CONCLUSION : Le libertin apparaît comme égocentrique, narcissique, il aime mettre en scène ses exploits. Il se montre comme quelqu'un de jaloux du bonheur des autres, c'est un hypocrite pervers, un individualiste… Cependant il a besoin du regard des autres pour que ces exploits soient reconnus. PARTIE 2 : UNE PEINTURE SOCIALE : Cette lettre est également révélatrice des m� urs de l'époque et surtout elle a l'air de présenter une avancé du libertinage dans la société. On observe cela :     a) dans les relations sociales: Ces relations se caractérisent par l'aisance, la familiarité, la facilité. L8 La seule préoccupation de cette société est de se retrouver et de se distraire : bien boire, bien manger, donner des soupers fastueux (l.12), vivre dans le luxe (\"richesse\" l.15)     b) dans l'omniprésence des lieux de spectacle: Ici se sont surtout des lieux où l'on se montre et qui favorisent les rencontres. RQ : D'ailleurs Valmont ne parle aucunement de ce qu'il y a vu.     c) cette société apparaît comme corrompue: Cette lettre met en relief le caractère immoral de ceux que fréquentent le Vicomte, leur absence de scrupules.   Le Hollandais est un riche qui veut s'offrir les faveurs d'une courtisane.   Emilie (l.15, 16) est une femme qui se vend et qui va trahir son \"acheteur\".   Les membres de l'assemblée ont, semble-t-il, les mêmes façons de voir et de penser que le Vicomte (\"Je reçus ensuite les compliments de l'assemblée\" l.23). lettre 125 BILAN :    Un libertin sans scrupules dans une société peu recommandable qui s'adonne aux plaisirs, aux luxes. Laclos dénonce le libertinage et aussi la société aristocratique qu'il considère comme une société inutile qui s'ennuie, qui ne fait rien. Il noircit la psychologie et le caractère des aristocrates. INTRODUCTION :  A) L'� uvre :    C'est un roman épistolaire entre un groupe d'aristocrate dont le Vicomte et la Marquise de Merteuil, des libertins et des anciens amants. Dans ce roman Laclos dénonce l'immortalité du libertinage, les jeux cyniques de séduction, les perversités du milieu privilégié se faisant un loisir de jouer avec les sentiments des autres.   Les deux personnages sont liés par un pacte, si Valmont conquiert la Présidente de Tourvel la Marquise lui offre en récompense de redevenir sa maîtresse.  B) Situation du passage de l'� uvre :    La lettre 125 est un véritable communiqué de victoire et Valmont y fait le récit de la manière dont il a réussi à vaincre la Présidente. Valmont annonce triomphalement son succès à sa complice, il lui décrit sa stratégie amoureuse qui est un art de la conquête et du combat.    Parallèlement Valmont laisse deviner ses sentiments. Malgré lui, il dit à quel point il a été heureux et sensible aux charmes de Mme de Tourvel. Le libertin qui a pris au piège est lui-même pris au piège de l'amour.    La lettre pourtant cynique et libertine est en même temps révélatrice d'une joie que Valmont n'avait pas prévue et qu'il avoue sans s'en rendre compte.  C) Axes de lecture :   1° L'amour : un champ de bataille      a) Les défenses et les difficultés rencontrées      b) La stratégie militaire      c) La fierté du vainqueur   2° Les sentiments inavouables de Valmont      a) La découverte d'un trouble      b) L'expression du bonheur PARTIE 1 : L'AMOUR, UN CHAMP DE BATAILLE   Valmont assimile l'amour à un art de la conquête et du combat. Mme de Tourvel est présentée ici comme une forteresse qu'il va réussir à conquérir à la suite de nombreuses batailles.  A) Les défenses et les résistances de Mme de Tourvel :    Valmont après de nombreux échecs décrit la résistance acharnée de son adversaire. On note un champ lexical de la résistance. Ce lexique peut être rattaché à un champ lexical plus général de la guerre. D'ailleurs les mots \"conseils\" et \"rapports\" (l.24) font allusion aux difficultés rencontrées. En outre le terme \"timidité\" est complété par le terme \"fortifié\" (l.25) qui lui aussi renvoi au vocabulaire de la défense. En plus, on a une énumération de la ligne 23 à 27 de ce qui a rendu la victoire difficile.   La femme est présentée comme une forteresse qui se défend.   Les difficultés tiennent aussi à la faiblesse de l'assaillant. Le vicomte y fait référence à deux reprises : l.14, il s'inquiète d'être \"maîtrisé comme un écolier\", l.33, 34 il évoque le risque de dépendance.  B) La stratégie militaire :    Le vocabulaire évoque le dénouement d'un véritable combat et ce jusqu'à la victoire finale.   A la ligne 15, le verbe \"combattre\" à deux sens, il faut combattre et ses sentiments et son adversaire. A la ligne 20, on observe qu'il fait preuve de détermination pour assurer le succès de ce qu'il appelle \"les démarches\" et \"poursuites\" des lignes 24 et 25.   Un vocabulaire plus explicite encore fait de l'amour un véritable champ de bataille : il parle de \"campagnes pénibles\" et de \"savantes man� uvres\".   Enfin, l'issue de ce véritable combat est mise en relief par un champ lexical de la conquête victorieuse : \"vaincue\", \"vaincre\", \"triomphe\", \"succès\", \"dû à moi seul\" et \"gloire\".   De plus un vocabulaire militaire sert de manière générale à présenter toute conquête amoureuse : emploi de formules généralisantes : \"elle\", \"on\" et \"tant d'autres\". D'ailleurs la multiplicité des expériences de Valmont est traduite par les pluriels indéfinis \"la foule de femmes\" et \"mes autres aventures\".  Conclusion : L'utilisation du vocabulaire militaire associé à l'amour montre que Valmont fait de sa vie une succession de conquêtes. Tout se passe comme si Valmont ne pouvait plus concevoir les relations humaines qu'en terme de domination, de compétition et de victoire.  C) La fierté du vainqueur :    Son sentiment de réussite, de satisfaction s'exprime tout d'abord ligne 1 (ton hâtif) avec le présentatif \"voilà\" qui met en relief cette victoire, \"donc\" souligne les efforts qu'il a dû accomplir. On observe une tonalité exclamative qui exprime son ivresse de triompher.    Sa fierté s'exprime également à travers la comparaison faite entre Tourvel et les autres. Un parallélisme entre \"la foule de femmes\" et \"ici au contraire\" ainsi qu'un autre parallélisme entre \"simples capitulations\" et \"victoire complète\" insistent sur ce point.  CONCLUSION : Valmont se présente comme un conquérant victorieux, fanfaron, suffisant. Cependant ce communiqué de victoire n'empêche pas l'apparition de sentiments. Le libertin cynique et impitoyable semble trahir le plaisir de cette conquête toute particulière. PARTIE 2 : LES SENTIMENTS INAVOUABLES DE VALMONT : Malgré son ton triomphal, son refus des sentiments Valmont semble s'être attaché aux charmes de Mme de Tourvel.  A) La découverte d'un trouble :   Ce trouble est exprimé par un champ lexical renvoyant à la surprise et à l'étonnement : \"je m'étonne\", \"charme inconnu\", \"femme étonnante\", \"le trouble et l'ivresse\", \"cependant le même charme subsiste\" et \"sentiment involontaire et inconnu\".   De plus l'étonnement est renforcé par les interrogations (l.4 à 10). Elles montrent que Valmont dialogue avec lui-même parce qu'il cherche à comprendre l'émotion qu'il ressent et qu'il refuse de considérer comme de l'amour.   Ce trouble crée un conflit en lui d'où son état d'incertitude remarquable par l'emploi du conditionnel aux lignes 10, 11 et 13 ainsi que par des adverbes d'oppositions : \"et cependant\" l.12 et \"sinon\" l.14.   Valmont ne comprend pas pourquoi il a été si ému, si touché car un séducteur comme lui ne peut tomber dans un état de faiblesse et ne peut avouer son amour.   La singularité de Mme de Tourvel qui mettait en valeur sa victoire est en fait ambiguë car elle fait de cette femme une femme unique et à part.  B) L'expression du bonheur :   Son bonheur est lui aussi ambigu : il est celui de la victoire mais aussi celui de ses sentiments amoureux naissants. Ex : l.3, il évoque son bonheur de façon spontanée mais il se défend aussitôt d'éprouver de l'amour l.5.   On note cependant l'enthousiasme heureux de l'expression \"oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi\" de la ligne 2 (répétition de \"à moi\" avec un effet de gradation). De même Valmont se trahit en revenant sur l'exploit et en le détaillant.  CONCLUSION : La lettre 125 est à la fois une preuve de sa victoire et une preuve se son échec puisqu'elle est un aveu implicite de son attirance pour Mme de Tourvel. Valmont est piégé puisqu'il ne respecte pas une règle fondamentale du libertinage, celle qui consiste à ne jamais laisser apparaître ses sentiments. BILAN :    Cette lettre est équivoque. La métaphore guerrière exprime la conquête amoureuse, nous présente un libertin séducteur : il s'agit d'une conception cruelle, cynique et égoïste. Cependant Valmont n'est pas qu'une force d'hypocrisie et de cynisme. Il se montre vulnérable, capable d'être touché par l'amour même s'il refuse de le reconnaître. Commentaire : Valmont veut séduire la présidente de Tourvel, Cécile de Volanges aime Danceny, Mme de Merteuil n'aime qu'elle-même et abomine Gercourt. Ces quatre sentiments passionnés, la vanité, l'amour, le narcissisme et le ressentiment, déclenchent une opération mortelle de séduction : pressé par son ex-maîtresse, Merteuil, de tromper par avance le comte de Gercourt, en \"éduquant\" sa future épouse, la jeune et naïve Cécile, ou la persuadant de se compromettre avec le timide Danceny, le libertin Valmont propose le pari dont l'enjeu est une nuit d'amour avec Merteuil, de séduire et de perdre la dévote et prude Tourvel. Mais le jeune prédateur, apparemment victorieux, s'éprend dans son propre piège de la jeune présidente se gagnant de plus en plus l'inimitié de la formidable et perspicace Merteuil qui provoque finalement sa mort mais s'en voit bien châtiée? Plus de vingt ans après la publication de la Nouvelle Héloïse, l'artilleur inconnu Choderlos de Laclos fait publier à Paris le chef-d'oeuvre du roman par lettres et le roman de loin le plus abouti dans ce genre difficile qui fait florès au XVIIIe siècle et les lettres ne constituent pas seulement la forme du roman mais également l'un des principaux objets de l'intrigue. Parce que ces lettres, on se les envoie et on se les renvoie, on se les donne en cachette et on les surprend, on les dissimule et on les confisque, on séduit à travers elles et on se brouille mortellement à travers elles... Bref, elles font tant partie de l'action qu'il serait impossible de la réécrire dans la prose habituelle des romans sans avoir recours aux lectures de lettres, comme l'a prouvé l'aporie de tous les cinéastes qui ont cherché à adapter le roman. L'art de Laclos relève du tour de force : alors que la religieuse portugaise de Guilleragues est la seule à écrire, alors que les personnages des Lettres Persanes de Montesquieu correspondent au loin à des personnages inutiles à l'action et se contentent de faire le récit de leurs voyages et de leurs réflexions, alors que la correspondance de la Nouvelle Héloïse est circonscrite au couple Julie/Saint-Preux, les Liaisons Dangereuses mettent aux prises une dizaine de destinateurs, tous utiles à l'action, dont aucune lettre n'est le récit d'une action à laquelle ils ont assisté passivement mais bien plutôt une action même, c'est à dire une demande, un engagement, un pari, une noirceur, un ordre, une excuse, une prière? L'enchaînement des lettres donne à voir les mêmes événements sous plusieurs éclairages parfois contradictoires sans aucun temps mort, éliminés par la fiction à travers les notes de bas de page de la composition du recueil. Un chef d'oeuvre technique qui culmine dans l'exemple de lettre de rupture envoyé par Merteuil à Valmont et qui justifie à lui seul qu'on lise les quelques cent soixante-quinze lettres. Si la forme du roman est remarquable, l'objet en est plus prosaïque.\" J'ai vu les moeurs de mon siècle et j'ai publié ces lettres\", rien n'est plus clair que l'épigraphe de l'auteur dans la tradition des introductions de Montesquieu (De l'esprit des lois) ou de Rousseau (les Confessions): les Liaisons dangereuses est un roman édifiant et moral comme le seront tous les ouvrages du plus tard sentencieux et terne Laclos, dont la fade morale tirée par la repentante Mme de Volanges ne reflète pas le plaisir qu'on trouve au roman ni même la portée morale qu'on peut y trouver. Le roman épistolaire Ce choix n’est pas original (cf. La Nouvelle Héloïse) et l’épistolaire est très important dans l’éducation et la société du XVIIIe siècle. Un réseau de correspondances La forme du roman est consubstantielle d’une société où l’on est jamais seul, où l’on ne vit que par et pour des « liaisons », la lettre est l’ultime recours aux relations humaines, elle surmonte les obstacles entre les êtres. Valmont et Mme de Merteuil ne se rencontrent qu’une seule fois, à cause de la vie parisienne bousculée. L’issue du roman est constituée par la production et la circulation de lettres, leur révélation suffit à dénouer l’action et leur circulation rend « possible » le roman. Elles sont écrites posément. L’authenticité apparente de ces lettres est due à leur respect des usages de l’époque. Le roman est ainsi fermé sur lui-même, avec sa texture serrée, son refus des longueurs et des digressions. L’arme épistolaire Les lettres doivent plaire à leur destinateur et agir sur lui, comme l’explique Mme de Merteuil dans l’analyse profonde qu’elle fait de la lettre de Tourvel à Valmont (XXXIII). La lettre est parallèle au dialogue théâtral sans l’interlocuteur : elle doit agir sur la pensée d’autrui par les mots seuls, c’est la marque de la toute-puissance du style. Tour à tour Merteuil et Valmont donne des conseils à Cécile (ou écrivent ses lettres). Merteuil à Danceny : « chaque sentiment a son langage qui lui convient » (CXXI).

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