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Les Liaisons Dangereuses De Laclos Est-Il Un Roman Féministe ?

Publié le 16/10/2010

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liaisons dangereuses

 

Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos : Ce roman est-il un roman féministe ?

 

  Choderlos de Laclos, né en 1741 et mort en 1803, militaire de carrière, écrit en 1782 Les Liaisons dangereuses.  Les femmes occupent une place très importante dans ce roman épistolaire de Laclos. De ce fait nous allons réfléchir à la question qui consiste à dire que le roman de Laclos est un roman féministe. Dans un premier temps nous verrons que certains éléments peuvent nous faire penser à une œuvre féministe, puis ensuite nous verrons en quoi les liaisons dangereuses s’avère être plus l’objet d’une « expérience littéraire « qu’un roman féministe.

 

  Pour commencer, il est clair que les femmes dominent le roman d’une certaine façon, cela apparaît nettement avant même de s’intéresser au fond de l’œuvre, avec la répartition des personnages, cinq femmes écrivent – La marquise de Merteuil, Cécile de Volange, Mme de Volanges, Mme de Tourvel et Mme de Rosemonde – pour deux hommes – Danceny et Valmont.

De plus, il est évident que le personnage clé du roman qui pourrait nous faire penser que ce roman est féministe est celui de la Marquise de Merteuil.

  En effet, dans la lettre 81, qui est une lettre clé du roman puisque centrale, longue et nous apportant beaucoup d’information, Merteuil se dit solidaire des autres femmes, « née pour venger mon sexe et maîtriser le votre «. Sa lettre pose clairement le problème de l’émancipation des femmes. Elle y fait une analyse du sort réservé aux femmes, misère de l’ignorance faute d’éducation, de la place donnée à la femme : Dans tous les milieux la femme sera mal jugée tandis que l’homme aura droit aux pardons, aux excuses et ses aventures seront même critiqués de façon positive. Ce qui est insoutenable selon elle. De plus, veuve, elle a choisi de ne jamais se remarier pour préserver son indépendance.

  Nous pouvons également prendre en compte la personnalité de Madame de Volanges pour appuyer cette idée, notamment quand cette dernière écrit à Madame de Tourvel dans la lettre 9. Elle veut la mettre en garde contre Valmont, par ses mots « votre réputation sera entre ses mains ; malheur le plus grand qui puisse arriver à une femme « elle montre qu’elle veut encourager son amie, même toutes les femmes si elle le pouvait à ne pas se laisser avoir par cet homme perfide qu’est Valmont.

  L’étude des rapports hommes/femmes dans le roman peut aussi paraître significative. Merteuil au cours sa machination pour ridiculiser Gercourt a des rapports avec Danceny, l’homme dont Cécile de Volanges est amoureuse et Valmont, celui qui a perverti Cécile et Mme de Tourvel dont il tombera amoureux. Valmont et Danceny ne sont pas les maîtres de la situation au milieu de cet entourage exclusivement féminin, ce sont des objets. Valmont est amoureux de Mme de Tourvel mais Merteuil le manipule et provoque ensuite le duel Valmont/Danceny qui amènera à la mort de Valmont. Danceny est amoureux de Cécile, mais succombe à la marquise de Merteuil. Prévan qui est un grand libertin, tombe lui aussi dans le piège.

En conclusion de cette partie, nous pouvons constater qu’en effet, les femmes ont une certaine forme de pouvoir dans ce roman et que l’homme est mis à mal.

 

  Le roman de Laclos serait ainsi un roman assez réformateur et féministe par le biais duquel il critiquerait la structure sociale de son époque dans les rapports inégaux hommes/femmes. Cependant le fait est que d’autres éléments peuvent nous démontrer que cette hypothèse ne s’avère pas juste. En effet à l’exception d’un seul passage, certes clé du roman, qui est la lettre 81, où Madame de Merteuil se fait « porte-parole « des autres femmes pour « venger mon sexe et maîtriser le votre «, cette sorte de « guerre des sexes « ouverte n’apparaît jamais dans Les liaisons dangereuses, comme une conséquence critiquable de la structure sociale par Laclos. En effet si nous observons le comportement de Valmont comme celui de Merteuil nous remarquons aisément qu’il n’est pas du tout question de solidarité envers ceux de leur sexe. Il est clair que Merteuil n’est pas moins apte à abuser de la confiance de Madame de Volanges et de Cécile que l’est Valmont à trahir celle de Danceny. De plus Merteuil ne cesse de se revendiquer unique et au dessus des autres femmes qu’elle méprise, il est donc difficile d’imaginer qu’elle puisse être leur porte-parole accrochée à des valeurs féministes.

  Si on poursuit l’analyse en s’intéressant aux autres femmes du roman il en ressort que Cécile de Volanges, qui fut éduquée au couvent en tant que fille de bonne famille, échappe rapidement à la bonne éduction qu’on lui a transmise en craquant sous l’influence de Valmont et de Merteuil, cette jeune fille qui nous apparaît comme ingénue au début du roman devient libertine. Madame de Tourvel, fidèle à sa foi et à ses principes, « prude dévote « tente de résister à la tentation incarnée par Valmont. Malgré toute sa volonté, sa sincérité et son intelligence elle finit par succomber au libertin. Elle est donc mortellement punie d’avoir commis cette infidélité. Quant à Madame de Volanges, elle est exclusivement attaché aux valeurs morales traditionnelles et veut marier sa fille à un beau parti que cette dernière ne connaît pas. Il en ressort au final, que ces femmes qui pensaient être maîtresse de leur situation, ont toute subi leur évolution, nous sommes face à trois cuisants échecs : trois destins de femmes brisés qui se retrouvent dans l’enfermement ( le couvent), la mort ou la déchéance sociale. A l’inverse, Valmont, malgré sa fin dramatique, a tout de même atteint son but premier qui était de séduire la présidente de Tourvel, tout comme Prévan a réussi à obtenir Merteuil. Il est donc clair que d’un certain côté, ces hommes perfides et roués, triomphent.

 

  Pour conclure, il est vrai que certains aspects du roman peuvent apparaître comme féministe, mais ces derniers peuvent aisément être démentis par des contres arguments tout aussi convaincants sinon plus. Nous pouvons apprendre en étudiant plus précisément les intentions de Laclos, qu’en effet ce dernier a voulu donner une dimension morale à son roman, mais il n’est en rien spécifier que son roman est pu être l’objet de quelque concept féministe. Et l’étude du roman ne nous permet pas d’affirmer ceci. En effet Les liaisons dangereuses accorde de l’importance aux femmes, mais c’est plus le théâtre d’observations de ces dernières à l’épreuve du « danger des liaisons « qu’une quelconque œuvre féministe.

 

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