Devoir de Philosophie

Libéralisme ou socialisme ?

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

) Proudhon critique la propriété privée qu'il considère comme un vol et dont il préconise l'abolition mais non pour la transférer à l'État car cela ne changerait rien à sa nature de vol. Il faut déposséder la classe capitaliste au nom d'un système mutualiste et autogéré. Résultat de la liberté que chacun a de disposer de soi et de son corps, la propriété est, comme le déclarent déjà les Constituants de 1789, un « droit inviolable et sacré «, et toute tentative pour la réglementer serait mortelle pour la liberté elle-même.D'où la conception libérale de la vie économique et de l'État : les libéraux prônent le « laisser faire, laisser passer «, la libre concurrence et le libre échange. Les lois du marché sont pensées comme naturelles et c'est de la libre expression des intérêts privés - et non, comme pour Kant, d'impératifs moraux - que le libéralisme attend l'équilibre et l'harmonie de la société. Adam Smith, au xviiie siècle, disait déjà que c'est de l'intérêt personnel du boulanger, et non de sa bienfaisance, que l'on peut attendre son pain.Tout ce qui est non seulement coalition corporatiste ou syndicale, mais aussi toute intervention de l'Etat dans le jeu spontané des échanges économiques, est ainsi récusé énergiquement. La philosophie politique du libéralisme est celle de l'Etat minimum, réduit à des fonctions de police destinées à protéger les droits individuels, au premier rang desquels la propriété privée. Le libéralisme sépare nettement l'État de ce que Hegel appelle la « société civile «, c'est-à-dire la sphère économique. L'État, écrit Benjamin Constant, voit sa compétence s'arrêter là où commence la « vie privée «, c'est-à-dire les relations interindividuelles.

« Dirigisme et libéralisme ont souvent été opposés mais bien que contradictoires , ces deux tendances historiques du capitalisme au v.' siècle recèlent des caractères communs et complémentaires .

Car si les périodes de crises (politique, sociale ou économique) ont favorisé le plus souvent des mesures dirigistes , et les périodes les plus stables le principe libéral classique du •laisser-faire laisser­ passer » , l'Intervention de l'État a toujours coexisté avec le libre fonctionnement du marché .

Système é{Qnomique hybride , qui satisfait aussi bien ceux qui y décèlent l'ébauche d 'un régime socialiste que ceux qui n'y voient -------------1 qu'une entrave mineure et ii j 4113 t'M 1 Situé en quelque sorte « ~ mi­ chemin » entre socialisme et libéralisme, le dirigisme- ou é{Qnomie dirigée -est un système é{Qnomique capitaliste dans lequel I'Éta~ considéré comme le garant de l'Intérêt général, intervient de façon directe ou indirecte dans la sphère économique.

Écartant le socialisme car respectant et protégeant la propriété privée, le dirigisme se différencie singulièrement du libéralisme puisqu'il contrarie le libre jeu des initiatives individuelles et privées.

D 'autre part , il possède un caractère « provisoire » : les mesures préconisées sont transitoires et ne sont pas destinées à perdurer.

Historiquemen~ c'est la crise économique de 1929 qui a engendré la fonme la plus accomplie de dirigisme tout d 'abord aux États-Unis, touchés de plein fouet par le krtlcll th Wtl/1 SIIHt .

Cette « prise en charge » des structures économiques par l'État révélait une des faiblesses et contradictions du mode de production capitaliste : seul l'État avait les moyens nécessaires pour faire face ~ une telle défaillance du système libéral.

Dans le même temps, la crise de 1929 avait entraîné ou renforcé la défiance~ l'égard du libéralisme en Amérique comme en Europe tandis qu'en Union soviétique, la NEP (Nouvelle économie politique) était abandonnée et une intense vague de collectivisation lancée.

Dans les systèmes capitalistes , le dirigisme fut pour l'essentiel un ensemble de mesures destinées ~ passagère ou un « moindre mal », le dirigisme a longtemps été plébiscité par l'opinion publique .

LE MEICANTIUSME S'il a acquis ses lettres de noblesse avec la crise de 1929 et la Seconde Guerre mondiale , le dirigisme a des racines historiques plus anciennes.

En elfe~ l'Intervention de l'État au cœur des activités économiques d 'un pays fut une pratique couramment utilisée au fil du temps .

Dés le JMr siècle , le courant mercantiliste s'était développé en Grande-Bretagne et en France.

Réhabilitant l'activité économique tenue pour suspecte pour des raisons morales et religieuses, les mercantilistes (Thomas Mun en Angleterre ou Antoine de Montchrestien en France) défendaient non seulement l'enrichissement individuel mais considéraient également qu'Intérêt privé et intérêt de l'État étaient convergents : la puissance d'une nation allant de pair avec celle des marchands, le pouvoir politique devait favoriser le commerce afin d'augmenter la richesse monétaire et le développement industriel du pays.

Ju•-B•ptiste C.Jbert , contrôleur général des Finances de louis XIV, incarna la version française du mercantilisme : estimant qu'il fallait attirer l'or dans le pays afin de stimuler l'activité économique nationale , et constatant que l'industrie française n'était pas en mesure d'accroître les exportations par rapport aux importations, il décida d 'encourager le développement économique du pays par une série de mesures qui laissèrent des traces profondes dans l'histoire politique de la France .

Sous son impulsion , l'État des manufactures royales (celle des GfJbe/IIIS, de Beauvais, d'Aubusson) , fit construire ou améliora ce que l'on appellerait aujourd 'hui des infrastructures dans le cadre d 'un véritable • aménagement du territoire » : canaux (celui du Midi notamment) , routes , ports .

Cette conception -~ la fois économique et politique - baptisée « colbertisme », est l'une des premières formes d'Interventionnisme étatique et de dirigisme .

riNTEIVENTlON DE L'ÉTAT DANS If DOMAINE SOCIAL À partir du XVIII' siècle , en engendrant des conditions de travail particulièrement abusives , la Révolution industrielle allait entraîner les premières mobilisations de la classe ouvrière et de nouvelles formes d'Intervention .

C'est au cours du XIX' siècle que les premières lois sociales furent ainsi votées (limitation du tl'tlv•ll des ellf•llts , et des des horaires de travail ).

En France la législation en matière de protection du travail et d 'assurances sociales reste quasi inexistante .

De 1883 ~ 1889, l'Allemagne bismarckienne instaure déj~ les assurances maladie, accidents, invalidité et vieillesse .

Ce n 'est qu'en 1906 qu'un ministère du travail français et de la prévoyance sociale est créé .

Il faudra attendre la fin des années 1920 pour assister à des avancées dans ce secteur .

C'est au {OUrs de la même période , que sous l'effet de la crise économique, les courants protectionniste et corporatiste se répandent en Europe.

Certains pays, en particulier l'Italie mussolinienne , tenteront de mettre en place un nouveau système • hybride » , ni libéral ni socialiste , censé mettre fin aux conflits sociaux dans le cadre d 'un système corporatiste et autarcique placé sous l'arbitrage et l'égide de l'État.

le • modèle » italien aura de nombreux émules, notamment en France sous le régime de Vichy, mais se soldera finalement par un échec_ Parallèlement , les aides financières publiques aux entreprises privées augmentent et l'économ i e mixte fait son apparition .

la notion d 'État-providence prend ici tout son sens .

les champs d'intervention de l'État sont en effet C'est l'économiste britannique loft MllfJHird Ke)'ftS (1883-1946) qui posa les bases théoriques de l'Interventionnisme dans son ouvrage intitulé Théorie générale de l'emploi, de l'intér~t et de la monnaie publié en 1936 .

l'idée centrale en est la suivante : prenant ~ revers les théories économiques classiques, Keynes explique, ~ une époque où le chômage est devenu , dans de nombreux pays , un véritable fléau, que le plein emploi ne peut être atteint que dans des conditions particulières d 'équilibre entre l'investissement et la consommation.

En premier lieu, le niveau de l'emploi ne dépend pas de la confrontation sur un marché d'une offre émanant des travailleurs et d'une demande en provenance des entreprises mais des décisions d'Investissement des entrepreneurs, prises en fonction des anticipations qu'ils font quant~ la demande future de biens qui leur sera adressée .

« Ce sont la propension à consommer et le montant de l 'investissement nouveau qui détenminent conjointement le volume de l'emploi[ ...

].

Si la propension ~ consommer et le montant de l'investissement nouveau engendrent une demande effective insuffisante , le volume effectif de l'emploi sera inférieur ~l'otiTe th tl'tlv•ll qui existe en puissance [ ...

] ».

En second lieu, la décision d'Investir est affectée par un autre élément essentiel : le taux d'intérêt sur les emprunts que l'entreprise doit acquitter pour financer tout ou partie de son investissement Plus le taux d'Intérêt (et donc le coût financier pour l'entreprise) est importan~ moins l'Investissement global est élevé , et donc aussi le produit national et l'emploi.

Or, sur ce plan égalemen~ le marché ne peut seul assurer cet équilibre .

le taux d'intérêt n'est pas le fruit sur le marché du capital, de l'offre d'épargne des ménages et de la demande d'investissement des entreprises.

Il est le prix que les agents exigent pour renoncer ~ la liquidité que procure la monnaie et accepter ainsi de détenir leur épargne sous la forme d'actifs financiers .

la confrontation entre la demande de monnaie émanant des agents et l'offre des autorités monétaires détermine le taux d'Intérêt Plus les agents préfèrent détenir de la monnaie, plus le taux d'Intérêt est élevé et donc, plus le taux d'Investissement et le niveau global de l'emploi sont faibles.

la persistance du chômage est la conséquence du caractère monétaire de l'économie de marché, et celle-ci ne peut donc spontanément l'éliminer.

Au contraire, le plein emploi ne peut être atteint que s i l'État mène une politique financière et monétaire qui aura pour principal objectif d'abaisser puis de déterminer les taux d'Intérêts et favorisera les investissements .

Mais doutant de la capacité de l'État~ intervenir sur le marché monétaire , Keynes suggère que les investissements publics peuvent avoir un impact direct sur les revenus et permettre ainsi un redémarrage de l'économie et le retour au plein emploi : les dépenses de l'État peuvent en effet engendrer des revenus supplémentaires pour un ensemble d 'entreprises .

les revenus engrangés par ces entreprises seront alors partiellement redistribués aux salariés , ce qui relancera la consommation .

Le keynésianisme aura une influence déterminante sur nombre d'économistes et de responsables politiques entre les années 1930 et les années 1980 .

Ceci explique en grande partie la profusion de courants interventionnistes et dirigistes qui ont vu le jour durant cette période sous différentes formes , du New Deal aux États-Unis au modèle social-démocrate en Europe du Nord et~ la première vague de nationalisations françaises en 1981 .

LEs DANSFOIMAnoNs PIOGIESSIVES DU DIRIGISME Les théories keynésiennes ont eu pour conséquences de bouleverser la politique économique et de redonner ~ l'action publique un véritable élan .

Cependant elles ont également été à la base d'un interventionnisme et d'un dirigisme accrus, voire systématiques.

les États sont intervenus~ tous. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles