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Liberté: Leibniz, Descartes, Kant, Sartre

Publié le 13/12/2012

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 Selon Leibniz, la liberté d’indifférence qui est la condition de possibilité du libre arbitre est une notion irrationnelle car rien ne saurait exister sans cause principe de raison suffisante ou principe de causalité qui le détermine de sorte que toute décision est emportée sous l’effet de quelque cause même infime et inaperçue. Pour Spinoza (Ethique), si l’homme a le sentiment immédiat de sa liberté et se croit libre, c’est parce qu’il est victime d’une illusion constitutive de la conscience partielle de l’homme : l’homme se croit libre parce qu’il est conscient de ses actes mais ignorants des véritables causes qui le poussent à agir. Dès lors si la liberté existe, elle consiste à consentir ou bien au déterminisme inéluctable de la Providence ou bien à ce à quoi notre essence nous détermine selon Spinoza. Ce qui détermine notre liberté, ce ne sont pas tellement les obstacles que nous rencontrons sur notre route mais ce qui nous pousse à désirer ou à vouloir ceci plutôt que cela, c’est notre essence déterminée. De même ce qui détermine et limite la liberté d’une pierre dans une pente et à qui l’on prêterait la conscience n’est pas l’ensemble des obstacles qu’elle rencontrerait sur sa trajectoire mais l’impulsion qui la met en mouvement et sa nature pesante (cf. Spinoza dans une lettre A Schuler). Se libérer alors consistera à comprendre l’essence qui nous détermine et à comprendre les déterminismes extérieurs qui nous empêchent de réaliser notre essence.  Toutefois nous pouvons contester l’idée qu’il existe une essence prédéterminée de l’homme et de tel ou tel individu. L’homme, du fait qu’il est un être conscient, n’est-il pas ce qu’il se fait être à partir d’une facticité (ensemble de faits irréductibles qu’il n’a pas choisis : je suis né ici, à cette époque, dans cette famille, je suis blond ou brun, grand ou petit) et d’une situation donnée et déterminée ? Ainsi selon Jean-Paul Sartre, même dans les pires circonstances, l’homme conserve sa liberté certes au sein d’une situation déterminée (le paraplégique ne pourra pas choisir entre le saut à la perche et le 110m haies, de même que l’athlète de haut niveau n’aura pas à choisir entre participer à un championnat d’échecs et peindre une fresque au plafond d’une basilique) mais une liberté entière. Parce qu’il est un être conscient, « l’homme est condamné à être libre « (Sartre, L’existentialisme est un humanisme). Il lui appartient de consentir aux déterminismes qui pèsent sur lui, de lutter contre eux pour s’en affranchir, de les dénier… Mais il nous appartient d’assumer pleinement notre condition humaine et nos décisions sans disposer d’aucune excuse ou justification qui nous en dispense. Par ailleurs, notons que l’idée d’un déterminisme absolu de la réalité qui ferait des actions humaines les conséquences nécessaires de certaines causes (sans le déterminisme nous ne pourrions comprendre la réalité et nous pourrions agir sur elle, , ce que pourtant nous parvenons à faire) est tout aussi admissible que son contraire, l’idée d’une liberté absolue de l’homme (sans cette liberté, nous ne serions que gouvernés que par les déterminismes et non par notre volonté, aucune imputation des actions de l’homme ne serait possible puisqu’il n’en serait pas responsable). Ces deux thèses constituent donc ce qu’on appelle une antinomie, comme l’explique Kant dans la Critique de la Raison Pure. Mais ces deux thèses sont tout autant impossibles à prouver par l’expérience ou à démontrer : un déterminisme absolu de la nature ne peut être expérimenté puisque nos expériences ne sont réalisables qu’en un nombre fini, il ne peut qu’être induit à partir des déterminismes déjà observés sans qu’on puisse prétendre que toute la nature est ainsi. De même pour toute décision que l’on prend, on peut trouver une multitude de causes qui l’expliqueraient sans qu’on puisse forcément déterminer celle qui est la plus déterminante et d’autres explications restent possibles. Inversement, la liberté peut toujours être contestée, y compris lorsque nous agissons contre nos intérêts égoïstes de sorte que même l’action apparemment la plus désintéressée, c’est-à-dire la plus libre de tout mobile peut toujours être soupçonnée d’avoir été accomplie « sous quelque secrète impulsion de l’amour-propre «. La liberté se trouve donc dans cet entre-deux : entre le déterminisme et l’arbitraire ou le hasard. Etre libre consiste à savoir utiliser les déterminismes qui agissent sur nous ou sur la nature qui nous environne (remonter contre le vent en tirant des bords, c’est-à-dire en utilisant intelligemment la force du vent contraire à la direction vers laquelle nous voulons nous diriger). Etre libre du coup, c’est aussi, comme le préconisent les Stoïciens, savoir accepter les situations absolument déterminées, c’est-à-dire dans lesquelles la nécessité s’impose mais aussi les situations complètement hasardeuses, celles où de même nous ne pouvons agir délibérément puisque l’issue de la situation complètement hasardeuse (le tirage du loto par exemple) ne dépend pas davantage de nous que celle qui est absolument déterminée. La liberté ne peut donc s’exercer que dans des situations déterminées sinon nous ne pourrions rien décider ni agir sans pour autant être totalement hasardeuses ni absolument déterminées c’est-dire nécessaires. 

« blond ou brun, grand ou petit) et d'une situation donnée et déterminée ?   Ainsi selon Jean-Paul Sartre, même dans les pires circonstances, l'homme conserve sa liberté certes au sein d'une situation déterminée (le paraplégique ne pourra pas choisir entre le saut à la perche et le 110m haies, de même que l'athlète de haut niveau n'aura pas à choisir entre participer à un championnat d'échecs et peindre une fresque au plafond d'une basilique) mais une liberté entière.   Parce qu'il est un être conscient, « l'homme est condamné à être libre » (Sartre, L'existentialisme est un humanisme).

Il lui appartient de consentir aux déterminismes qui pèsent sur lui, de lutter contre eux pour s'en affranchir, de les dénier...

Mais il nous appartient d'assumer pleinement notre condition humaine et nos décisions sans disposer d'aucune excuse ou justification qui nous en dispense.   Par ailleurs, notons que l'idée d'un déterminisme absolu de la réalité qui ferait des actions humaines les conséquences nécessaires de certaines causes (sans le déterminisme nous ne pourrions comprendre la réalité et nous pourrions agir sur elle, , ce que pourtant nous parvenons à faire) est tout aussi admissible que son contraire, l'idée d'une liberté absolue de l'homme (sans cette liberté, nous ne serions que gouvernés que par les déterminismes et non par notre volonté, aucune imputation des actions de l'homme ne serait possible puisqu'il n'en serait pas responsable).

Ces deux thèses constituent donc ce qu'on appelle une antinomie, comme l'explique Kant dans la Critique de la Raison Pure. Mais ces deux thèses sont tout autant impossibles à prouver par l'expérience ou à démontrer : un déterminisme absolu de la nature ne peut être expérimenté puisque nos expériences ne sont réalisables qu'en un nombre fini, il ne peut qu'être induit à partir des déterminismes déjà observés sans qu'on puisse prétendre que toute la nature est ainsi.

De même pour toute décision que l'on prend, on peut trouver une multitude de causes qui l'expliqueraient sans qu'on puisse forcément déterminer celle qui est la plus déterminante et d'autres explications restent possibles.  Inversement, la liberté peut toujours être contestée, y compris lorsque nous agissons contre nos intérêts. »

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