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La liberté est-elle d'abord la reconnaissance de la nécessité?

Publié le 31/03/2005

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av. J.-C. Zénon de Cittium « fouettait un esclave qui avait volé; et comme celui-ci lui dit : "II était dans ma destinée de voler", il répondit : "Et aussi d'être battu." » Anecdote rapportée par Diogène Laërce (Ille s. apr. J.-C.). « L'impuissance de l'homme à gouverner et à contenir ses sentiments, je l'appelle Servitude.

« puissance, écrasée par les forces aveugles de l'univers.

Souvent, les actes des hommes apparaissent étrangesparce qu'ils dépendent à la fois de leurs désirs et des causes extérieures.

Ainsi, bien que notre désir le plus profondsoit de persévérer dans l'existence, il y a des hommes qui se suicident.

Ou bien l'avare, obsédé par l'appétit de l'or,se prive des biens les plus nécessaires à la vie quoique le seul avantage que puisse assurer la possession de l'or soitla satisfaction de nos besoins.

A tout moment, la souffrance, la mort même nous menacent.

« Nous sommes agitésde bien des façons par les causes extérieures et pareils aux flots de la mer, agités par les vents contraires, nousflottons inconscients de notre sort et de notre destin.

»Comment convertir en liberté cette servitude originelle de la condition humaine? Pour être libre, il faudrait quel'homme n'accomplisse que des actions déterminées par sa nature même et non plus par les causes extérieures : «J'appelle libre une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature, contrainte celle qui est déterminée parune autre à exister et à agir (1).

» Mais, encore une fois, comment l'homme, si fragile dans l'immense univers,parviendra-t-il à se libérer?Ici Spinoza propose une solution qui est celle de la « sagesse » antique.

Pour être libre dans l'Univers, il suffitd'accepter l'Univers; on ne peut pas avoir tout ce qu'on veut ; on se libèrera, dès lors, en voulant ce que l'on a.Mais comment accepter tout ce qui nous arrive? Spinoza répond : par l'intelligence; pour être libéré il me suffit decomprendre que tout ce qui m'arrive était nécessaire, de coïncider par mon intelligence avec cette nécessitéinéluctable.

Si le malheur me frappe, quand j'aurai compris que l'enchaînement des causes et des effets dansl'univers (la concatenatio omnium rerum) rendait ce malheur inévitable, je serai apaisé; je cesserai de pâtir,d'envisager mes souffrances sous l'angle borné de mon individualité, pour les considérer du point de vue de latotalité, du point de vue de la liaison de toutes choses (c'est-à-dire dans le langage de Spinoza, qui confond Dieuet la nature, du point de vue de Dieu). Et je pourrai atteindre non seulement le calme mais la parfaite béatitude en comprenant que « tout découle del'éternelle détermination de Dieu avec la même nécessité qu'il découle de l'essence du triangle que la somme de sestrois angles est égale à deux droits ».La liberté se réduit en somme pour Spinoza à la conscience de la nécessité.

Mais il nous semble difficile de réduire laliberté à la résignation.Pour Spinoza, se libérer n'est-ce pas se transformer en esclave volontaire? Les esclaves de l'univers — que noussommes tous — seraient-ils d'autant plus libres que leur soumission serait plus intérieure et plus totale? Cettethéorie porte la marque d'un siècle où le développement des techniques était encore rudimentaire, où l'hommen'avait pas encore un grand pouvoir sur la nature.Au XXe siècle, une telle attitude de résignation n'est plus suffisante.

Elle serait même un peu anormale.

Poussée à lalimite, elle découragerait toute action concrète.

A quoi bon tenter une entreprise si le résultat, quel qu'il soit, doitêtre accepté — comme inévitable? Certains caractères faibles préfèreront même se résigner d'avance.

C'est la «résignation présomptive » décrite par des psychiatres allemands, celle du candidat qui, craignant l'échec, ne seprésente pas à l'examen, celle du commerçant qui se suicide avant la faillite.

Ainsi Gribouille devance la pluie quipourrait le mouiller, en se jetant dans la rivière.

Courir au-devant de la fatalité n'est pas se libérer.

Pour se libérervraiment, il faut dépasser ce « complexe de Gribouille ». ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION • Article « autrui » du Littré :« Autrui de alter-huic, cet autre, à un cas régime : voilà pourquoi autrui est toujours au régime, et pourquoi autruiest moins généra) que les autres.

»• Lévinas : « Autrui, en tant qu'autrui, n'est pas seulement un alter ego (un autre moi-même).

Il est ce que moi jene suis pas.

» L'autre ne serait-il pas absolument autre qu'en étant un ego c'est-à-dire, d'une certaine façon, lemême que moi ?• Reconnaître le semblable dans la différence ne serait-ce pas la condition de toute éthique et de tout « respect »de « la personne »?La reconnaissance de l'essence de l'étant (quelqu'un étant comme autre, comme autre soi), la reconnaissance «d'autrui » ne conditionnerait-elle pas le respect de l'autre comme ce qu'il est : autre.Sans cette « reconnaissance », sans ce « laisser-être » d'un autrui comme existant hors de moi dans l'essence dece qu'il est (est d'abord dans son altérité), une éthique est-elle possible ?• « L'autre » et le moi de l'enfant.

La psychologie de l'enfant nous indique qu'il n'y a pas d'abord opposition entre lemoi et autrui.

L'enfant part d'un syncrétisme ou, si l'on veut d'un confusionnisme.

C'est précisément le rapport avecautrui qui l'amènera à un changement de perspective.• L'évolution de là personnalité de l'enfant s'accomplit à tous les stades, en fonction d'autrui :— opposition à autrui,— se donner en spectacle à autrui,— jouer le rôle de l'autre, puis de l'autre généralisé (Cf.

l'ethnologie G.-H.

Mead),— la crise dite d'originalité juvénile.• Se demander si ce qui est donné en second lieu, ce ne serait pas le moi; si la connaissance du moi (et l'évolutionde la connaissance du moi) ne serait pas dépendante et en tout cas seconde par rapport à la connaissance d'autrui(et l'évolutionde la connaissance d'autrui).• S'interroger sur ce qui amène l'adulte à penser que le « moi » est premier.

L'adulte peut-il penser autrui autrementqu'à partir de lui-même?. »

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