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La liberté comme volonté

Publié le 21/02/2012

Extrait du document

Alain se référant à Descartes, place la liberté dans l’action de la volonté et reproche à la pensée de se laisser prendre à l'idée de loi comme à un piège qui se referme sur elle-même.

« ... J’ai remarqué un piège dans la pensée, c’est qu’elle contredit volontiers l'espoir, comme elle contredit tout. Que de vieilles cor­neilles qui annoncent le malheur! Et que de jeunes! Le xixe siècle fut empoisonné de ce genre de savoir. Poètes et penseurs prédisent aigrement; je ne vois guère que Hugo qui ait su espérer; c’est qu’aussi il tenait la nature à pleins bras. Je comprends que les vieilles corneilles n’aiment pas Hugo.

Maintenant, quelle est la faute, tant bien que mal corrigée, un peu partout corrigée? La faute fut de méconnaître l’ordre des valeurs. La volonté marche la première; on se réveille à cette idée, qui est celle de Descartes. La faute du xixe fut de contempler et d’annoncer; le grand tableau des lois effaça la volonté libre; et l’intelligence resta tristement couchée. Penser noir, ce fut penser. Peut-être faut-il dire que la liberté politique fit faillite, faute d’une liberté métaphysique; et qu’à partir de là, égalité et fraternité devaient périr; car l’une et l’autre doivent être voulues. Et oui, au fond, nos vertébrales pensées doivent être voulues. Il faut croire en soi et espérer; mais il faut vouloir croire en soi et vouloir espérer. «

 

(Alain. Propos. Bibliothèque de la Pléiade).

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