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La liberté commence-t-elle quand le travail finit ?

Publié le 20/02/2005

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travail
. comme une source de vices à son remède C'est à ce titre que l'oisiveté est condamnée comme source de vices. Si elle est condamnée par le sens commun, ce n'est pas tant en effet parce qu'elle ne produit pas d'objets extérieurs (à ce titre le repos ou le sommeil seraient eux aussi condamnables) que parce qu'elle laisse l'esprit seul avec lui-même : l'oisiveté encourage le vice ou le produit parce que l'homme oisif n'a rien d'autre à faire qu'à s'y adonner, parce qu'aucun travail, aucune activité ne vient l'occuper. Le travail, en imposant une activité pénible, n'est pas seulement à recommander parce qu'il permet à l'homme de subvenir à ses besoins vitaux, mais aussi parce qu'il lui procure une occupation. Etre occupé par un travail, c'est avoir une vie réglée par des contraintes extérieures qui m'intègrent dans des rapports sociaux, me socialisent, m'humanisent. En ce sens, la morale qui condamne l'oisiveté et voit dans le travail un remède est essentiellement utilitaire ou sociale : il est avantageux à tous et à l'ensemble de la société que chacun travaille ; le travail est l'un des fondements de la vie de l'homme en société. II. La valeur de l'oisiveté 1. Oisiveté et ennui Kierkegaard, avant d'examiner les fondements de ce présupposé partagé aussi bien par le sens commun que la sociologie, s'attache à délivrer l'oisiveté de ce blâme dont elle est entachée. Pour ce faire, il distingue soigneusement l'oisiveté de l'ennui. L'ennui est en effet l'état de l'âme de celui qui, n'ayant rien à faire, est plongé dans l'insatisfaction de soi, laquelle peut aller jusqu'au dégoût de soi ou à la mélancolie.

Le travail nous imosse des contraintes non choisies. A l'opposé, le domaine de la liberté commence avec le loisir. Lorsque le travail cesse, je peux véritablement choisir ce que je veux faire. Mais, le travail n'a-t-il pas permis à l'homme de se libérer des nécessités naturelles ? La liberté semble donc indissociable du travail. C'est dans et par le travail sur soi et sur les choses que l'homme acquiert une réelle liberté.

travail

« travail, c'est avoir une vie réglée par des contraintes extérieures qui m'intègrent dans des rapports sociaux, mesocialisent, m'humanisent.

En ce sens, la morale qui condamne l'oisiveté et voit dans le travail un remède estessentiellement utilitaire ou sociale : il est avantageux à tous et à l'ensemble de la société que chacun travaille ; letravail est l'un des fondements de la vie de l'homme en société. II.

La valeur de l'oisiveté 1.

Oisiveté et ennuiKierkegaard, avant d'examiner les fondements de ce présupposé partagé aussi bien par le sens commun que lasociologie, s'attache à délivrer l'oisiveté de ce blâme dont elle est entachée.

Pour ce faire, il distinguesoigneusement l'oisiveté de l'ennui.

L'ennui est en effet l'état de l'âme de celui qui, n'ayant rien à faire, est plongédans l'insatisfaction de soi, laquelle peut aller jusqu'au dégoût de soi ou à la mélancolie.

L'ennui est la façon dont jepeux éprouver ma propre inaction, mais n'accompagne pas toujours cette dernière.

L'oisiveté en revanche n'est pasun état d'âme ou un sentiment, mais d'abord l'état de celui qui ne vaque pas à un travail.

En ce sens l'oisiveté estl'otium des Latins, la skholé des Grecs, thème de toute une réflexion philosophique depuis Aristote.

L'oisiveté, c'estla vie scolastique, scolaire, qui est la vie de l'homme libre par excellence.

Pour les Anciens, l'oisiveté n'est pas unvide, mais au contraire la vie la plus remplie qui soit.

L'oisiveté est le fait de celui qui n'a pas à subvenir à sesbesoins, et qui, affranchi de la nécessité, peut mener une vie libre et studieuse.

L'ennui est au contraire le lot deceux qui, livrés à eux-mêmes, manquent toujours de quelque chose, restent continuellement dans le besoin.

Celuiqui ne peut se suffire à lui-même souffre de l'ennui dès lors qu'il ne fait rien : il ne peut réaliser l'autarcie, qui est lacondition de toute existence heureuse.

L'autarcie, le fait de se suffire à soi-même, est l'un des idéaux de laphilosophie éthique grecque, d'Aristote aux Stoïciens : elle est l'expression de la liberté en tant que n'est libre quecelui qui ne dépend que de lui-même. 2.

Oisiveté et bonheurAussi seuls les dieux, ou le Sage (qui demeure un idéal), sont-ils véritablement libres, se suffisant pleinement à eux-mêmes et ne désirant plus rien.

Cette absence de désir signifie en positif la satisfaction de tous les besoins, de tousles appétits, de toutes les tendances, c'est-à-dire le bonheur.

L'oisiveté entendue positivement n'est donc riend'autre que le bonheur, tel que le goûtent les " dieux de l'Olympe ".

La conception kierkegaardienne du bonheur seveut résolument aristocratique, patricienne : il ne s'agit pas du bonheur entendu simplement psychologiquementcomme l'état d'âme de celui auquel adviennent tous les plaisirs, toutes les joies, tous les biens.

Le bonheur est àentendre en un sens plus profond, métaphysique, en cela que les dieux aussi peuvent être dits heureux.

L'oisivetépeut alors se dire divine, à la fois en ce qu'elle est le bonheur le plus haut, mais aussi en ce qu'elle échappe auxcontingences de la vie psychologique de l'homme ordinaire.

Il faut noter à ce propos que la thèse de Kierkegaardn'est pas pour autant méprisante pour la plèbe, le vulgaire, le peuple, en s'affirmant patricienne.

Car la noblessedont il est question ici, tout comme la vulgarité qui lui est opposée, est avant tout spirituelle : c'est une noblessed'esprit qui ne dépend ni de la naissance ni de la condition sociale et matérielle.

L'exemple de Kierkegaard de la "beauté féminine " est significatif à cet égard : car ce qui s'oppose à l'oisiveté heureuse, ce n'est pas seulement lacouture, la broderie et le repassage, activités manuelles voire populaires, mais aussi la musique et la lecture, passe-temps de la bourgeoisie et de l'aristocratie de l'époque de Kierkegaard.

(Précisons que la lecture dont il est questionici est à entendre d'abord comme divertissement frivole destiné à faire échapper à l'ennui, comme simple plaisirromanesque, et non comme source de véritable activité contemplative.) 3.

Oisiveté et spiritualitéSi l'oisiveté est ainsi la source du plus haut bonheur, c'est donc en ce qu'elle permet à l'homme d'accomplir sanature propre, c'est-à-dire sa nature spirituelle : elle devient le " vrai bien ", le bien propre de l'humanité.

Quelle estplus précisément cette vocation spirituelle de l'oisiveté ? Elle consiste, selon Kierkegaard, à s'élever " jusqu'auxhumanités ".

Cette expression mérite d'être commentée.

Les humanités, c'est la culture humaine telle que la conçoitune éducation classique, humaniste.

Cette culture, constituée de l'étude des lettres, des arts, des sciences, etcouronnée par la philosophie, ne doit pas être entendue comme une culture morte, ingurgitée bon gré mal gré, maisau contraire comme l'élément spirituel vivant de l'Humanité.

La vocation de l'Humanité, c'est l'étude des humanités,étude rendue possible seulement par l'oisiveté, la skholé.

L'oisiveté se dote ainsi d'un contenu positif et n'est plusseulement conçue négativement comme inactivité.

L'oisiveté est en ce sens cette forme d'activité sui generis quitrouve en elle-même son objet et qui est ainsi la plus haute des activités, toutes les autres manquant toujours dequelque chose, visant autre chose qu'elles-mêmes. III.

L'affairement 1.

Animalité et travailUne fois l'oisiveté définie positivement, on peut chercher à comprendre les causes véritables de l'opinion courantesur le travail et l'oisiveté.

Il faut en chercher l'origine dans la double nature de l'homme, à la fois animale etspirituelle.

Les animaux, " instinctivement, doivent toujours être en mouvement " : la vie animale est purementbiologique et se résume à l'accomplissement instinctif des fonctions vitales.

L'animal, dépourvu d'intériorité, ne peutjamais se retrouver en lui-même et est perpétuellement projeté hors de lui, dans le mouvement général quicaractérise le monde de la vie.

L'homme, dans la mesure où il oublie sa nature spirituelle, est lui aussi emporté parce mouvement vital et ne peut plus le maîtriser.

Le travail est l'une des formes que prend pour l'homme sonappartenance au monde de la vie.

D'une part, il lui permet de produire ce qui est nécessaire à sa vie ; d'autre part,et plus profondément, il offre à l'homme qui oublie sa spiritualité une occasion commode de se plonger dans uneactivité et un mouvement incessants, qui le rend étranger à lui-même et l'aliène.

Le travail rend en effet esclave,. »

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