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La liberté consiste-t-elle à ne dépendre que de nous-mêmes ?

Publié le 05/03/2004

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·         Triompher des obstacles ® dans une société humaine, des contraintes pèsent sur nous. Notre liberté, dit-on, s'arrête là où commence celle de l'autre. Si nous voulons donc être tout à fait libres, il faut devenir tyran : il faut nier la liberté des autres, pour laisser s'étendre absolument la sienne. La liberté du bon plaisir porte en soi le projet politique de la tyrannie, ou le caprice d'un seul est la loi contre tous les autres. ·        Se passer d'autrui est constitutif, en réalité, d'un mouvement de recul par rapport à la pensée et aux actes des autres, afin de prendre soi-même ses propres décisions, afin d'agir en toute connaissance de cause. Mais cette assertion possède aussi un sens matériel très marqué : si donc se passer d'autrui commence par se défier de l'opinion commune et avoir le courage de se servir de son propre entendement, c'est aussi posséder les conditions matérielles favorables à son autonomisation : tout se passe donc comme si plus le degré d'autarcisation de l'individu et plus ce dernier pourrait être dit libre. ·        Apprendre à être libre serait donc apprendre à se passer des autres, c'est-à-dire encore apprendre à ne plus compter que sur soi, à ne plus demander d'aide extérieur : régler seul ses problèmes, subvenir à ses besoins par ses propres moyens, etc. Or, une telle définition de la liberté fait du sujet un sujet souverain, autarcique et autosuffisant ; quand on pense que l'homme, qui est aussi un individu, est un être tout autant social, cela paraît un peu réducteur pour une définition qui prétend saisir l'essence de la liberté. ·        Affirmer sa propre nature, c'est nier tout ce qui va contre elle ; mais tout ce qui va contre elle ne peut être nié. La liberté du bon plaisir est par nature limitée, ou elle n'est pas ; il suffit d'un obstacle infranchissable, et l'homme libre a trouvé son maître : un autre homme, l'âge, la mort.

« · C'est aussi la force de suivre son plaisir : semblable, dit Platon dans le Gorgias, au tonneau percé qu'on veut remplir, le désir n'est jamais satisfait, et chercher àremplir ce tonneau est la tâche la plus éprouvante qui soit.

Etre libre,c'est donc avoir la force de suivre les exigences que notre nature nousimpose, et ce indépendamment de la nuisance que cela pourrait causeraux autres. · La puissance d'être libre, c'est en sommes la puissance d'être soi- même.

En cherchant toujours à réduire l'écart entre ce que l'on veutet ce que l'on a, en réalisant toujours ce qui nous vient du plus intimede notre être, nous réalisons notre être.

Être libre, c'est s'affirmer soi-même.

On ne peut donc définir la liberté comme le pouvoir se réaliserpleinement en tant qu'individu, sans se soucier de l'autre. · Triompher des obstacles ® dans une société humaine, des contraintes pèsent sur nous.

Notre liberté, dit-on, s'arrête là oùcommence celle de l'autre.

Si nous voulons donc être tout à fait libres,il faut devenir tyran : il faut nier la liberté des autres, pour laissers'étendre absolument la sienne.

La liberté du bon plaisir porte en soi le projet politique de la tyrannie, ou le caprice d'un seul est la loi contre tous les autres. · Se passer d'autrui est constitutif, en réalité, d'un mouvement de recul par rapport à la pensée et aux actes des autres, afin de prendre soi-même ses propres décisions, afin d'agir en touteconnaissance de cause.

Mais cette assertion possède aussi un sens matériel très marqué : si doncse passer d'autrui commence par se défier de l'opinion commune et avoir le courage de se servir deson propre entendement, c'est aussi posséder les conditions matérielles favorables à sonautonomisation : tout se passe donc comme si plus le degré d'autarcisation de l'individu et plus cedernier pourrait être dit libre. · Apprendre à être libre serait donc apprendre à se passer des autres, c'est-à-dire encore apprendre à ne plus compter que sur soi, à ne plus demander d'aide extérieur : régler seul sesproblèmes, subvenir à ses besoins par ses propres moyens, etc.

Or, une telle définition de laliberté fait du sujet un sujet souverain, autarcique et autosuffisant ; quand on pense que l'homme,qui est aussi un individu, est un être tout autant social, cela paraît un peu réducteur pour unedéfinition qui prétend saisir l'essence de la liberté. · Affirmer sa propre nature, c'est nier tout ce qui va contre elle ; mais tout ce qui va contre elle ne peut être nié.

La liberté du bon plaisir est par nature limitée, ou elle n'est pas ; il suffit d'unobstacle infranchissable, et l'homme libre a trouvé son maître : un autre homme, l'âge, la mort. · On comprend alors qu'une telle définition de la liberté comme acte qui ne dépend que de nous- mêmes, et ce par le prisme du bon plaisir, ne rend pas compte de l'essence même de la liberté –or, c'est précisément cette essence que l'on cherche à mettre au jour. · L'essence de la liberté doit donc être cherchée ailleurs. II- Le paradoxe de la liberté : une propriété intrinsèque du sujet qui ne dépend pas de nous mais qui consiste en l'autonomie de la volonté du sujet libre · Soulevons donc ce paradoxe : l'homme se définit essentiellement comme un être libre, comme cette être capable de progrès, capable de choisir sa vie, etc.

En ce sens, il revendique haut etfort sa nature d'être libre.

Pourtant, il est remarquable que jamais l'homme n'arrive à assumerjusqu'au bout cette liberté : on ne saurait multiplier les exemples qui montrent qu'autant que fairese peut l'homme tente de se décharger de sa liberté (tout à l'heure revendiquée) dès lors que laresponsabilité de ses actes le menace. · L'homme, bien souvent, comme si justement la vérité consistait à ne dépendre que de lui- même.

Tantôt il agit comme être libre, et tantôt il se défausse de ses responsabilités.

Or, c'estprécisément ce que Sartre dénonce comme mauvaise foi.

En effet, il faut comprendre, et ce avec l'existentialisme, que « l'homme est condamné à être libre » (L'existentialisme est un humanisme).L'homme, en effet, est intrinsèquement libre ; la liberté n'est pas attachée à l'homme comme unsimple prédicat contingent, qui pourrait lui être arrachée sans en retrancher sa propre nature.Non, la liberté fait partie de la définition de l'homme, et comme telle, elle ne dépend aucunementde nous. · En réalité, il faut comprendre que même lorsqu'on refuse d'assumer sa liberté, même lorsqu'on refuse de faire un choix, c'est encore la liberté en l'homme qui parle.

L'homme se choisit lui-mêmetel qu'il veut être et ce de manière absolue et inconditionnée, précisément parce qu'il est« condamné à être libre ».

En ce sens, l'invocation de causes déterminantes, naturelles etsociales, n'est, à ses yeux, que des excuses, une preuve de mauvaise foi, un repli vers la facilité,et un refus d'affronter la responsabilité qui nous est inaliénable. · Nul ne peut se démettre de cette liberté fondamentale : laisser agir à sa place les circonstances ou les autres est aussi un choix.

On le voit, l'existentialisme conduit à une morale del'engagement. · La liberté comme propriété de l'homme ne dépend aucunement de nous-mêmes, l'homme est condamné à être libre, il ne saurait se défaire de cette propriété intrinsèque sans se défaire dumême coup de sa propre nature.

Mais si la liberté comme puissance intrinsèque de l'homme nedépend pas de nous-mêmes, il dépend néanmoins – et ce dans la perspective de la morale de. »

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