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La liberté, une illusion ?

Publié le 27/02/2004

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illusion
Car la liberté distingue l'homme des autres animaux. Elle donne à sa vie un sens, son sens, et le désigne comme maître de ses pensées et de ses choix. Elle résulte du désir d'échapper au déterminisme naturel et de construire soi-même son existence. * Les hommes glissent ainsi du sentiment intérieur de leur liberté, vers l'affirmation de la réalité de cette liberté. Il s'agit proprement d'une illusion car, comme le montre Spinoza dans la lettre 58 à Schuller, la connaissance de leur détermination par des causes extérieures multiples ne suffit pas à lever l'illusion : «Telle est la liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent». L'illusion persiste, se renforce même, lorsqu'on essaie de la détruire.Tout homme est devant sa liberté comme Christophe Colomb devant les Indes.Cela suffit-il pour autant à remettre en question la liberté humaine? 11. La liberté comme exigence* Qu'elle soit ou non illusoire, la liberté désigne une notion commune présente en chaque homme.
La liberté est, par définition, une vie sans contrainte ni obstacle. L’illusion, elle, peut être vue comme un désir accompagné d’une erreur de jugement. En effet, la force de conviction d’un individu peut l’induire en erreur sur sa propre situation. On pourrait penser que, par définition, ces notions de liberté et d’illusion s’opposent. Cependant, Nietzsche soutenait que « le sentiment de liberté n’est qu’une illusion «. Nous allons justement démontrer en quoi l’Homme n’est en aucun cas libre dans une première partie puis que cette idée de liberté est purement idéologique dans une seconde partie. Mais cette liberté, même si elle constitue pour l’individu une illusion, est nécessaire à sa survie.

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« Rien ne semble être plus évident à l'homme que sa liberté.

Car il l'expérimente au quotidien, jusque dans ses choixles plus douloureux.

Cependant, chacun d'entre nous a déjà éprouvé le sentiment de n'avoir pas pu faire ou penserautrement, comme s'il était déterminé intérieurement (par son inconscient, par son corps...) ou extérieurement (parautrui, par la nature...).

Peut-on en ce cas réduire la liberté à une illusion? 1.

La liberté est une illusion. • Dans le chapitre 6 de l'Avenir d'une illusion, Freud distingue nettementl'illusion de l'erreur.

Alors que l'erreur disparaît une fois que la vérité a étédécouverte, l'illusion, elle, résiste.

Car elle est sous-tendue par la force dudésir humain.

Christophe Colomb était ainsi dans l'illusion et non dans l'erreurlorsqu'il a découvert l'Amérique.

Car il était tellement persuadé d'être arrivéaux Indes, que lui montrer le contraire n'aurait servi à rien.

Or, il en va demême pour la liberté. • D'une part en effet, les hommes désirent ardemment être libres.

C'est mêmeun des désirs les plus pressants de la pensée philosophique depuis son originegrecque.

Car la liberté distingue l'homme des autres animaux.

Elle donne à savie un sens, son sens, et le désigne comme maître de ses pensées et de seschoix.

Elle résulte du désir d'échapper au déterminisme naturel et deconstruire soi-même son existence. • Les hommes glissent ainsi du sentiment intérieur de leur liberté, versl'affirmation de la réalité de cette liberté.

Il s'agit proprement d'une illusioncar, comme le montre Spinoza dans la lettre 58 à Schuller, la connaissance deleur détermination par des causes extérieures multiples ne suffit pas à leverl'illusion : «Telle est la liberté humaine que tous se vantent de posséder et quiconsiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits etignorent les causes qui les déterminent».

L'illusion persiste, se renforce même, lorsqu'on essaie de la détruire.Tout homme est devant sa liberté comme Christophe Colomb devant les Indes.Cela suffit-il pour autant à remettre en question la liberté humaine? 11.

La liberté comme exigence • Qu'elle soit ou non illusoire, la liberté désigne une notion commune présente en chaque homme.

Tout homme, sansexception, a conscience d'être libre.

Ce sentiment intérieur, «très certain et très évident » comme l'affirmeDescartes, doit donc être pris au sérieux.

Il peut être critiqué dans ses applications ou dans son interprétation.

Maisil ne peut être remis en question en tant que tel.

Même Spinoza ne renie pas la « conscience de l'effort » ou lesentiment de la liberté. • De plus, l'argument selon lequel la liberté serait difficile à réaliser, ou ne serait pas réalisée de fait, ne suffit pas àla faire qualifier d'illusoire.

Une telle conclusion est même dangereuse.

D'un point de vue politique par exemple, ellenous incite à mettre sur le même plan les régimes totalitaires et les états démocratiques : ce n'est pas parce que laliberté n'est pas concrètement réalisée dans un état, qu'il faut renoncer à lutter pour que cette réalisation deviennepossible. • La solution consiste alors peut-être à faire de la liberté une « idée régulatrice », au sens où l'entend Kant.

Ilfaudrait alors la concevoir davantage comme une conquête et comme une exigence, que comme un simple donné.L'homme ne devrait pas se contenter de croire qu'il est libre, envers et contre tout, sous prétexte qu'il est hommeet que tout homme possède cette liberté.

Mais il aurait à travailler quotidiennement à la réalisation concrète decette liberté, sans se décourager mais aussi sans sous-estimer l'ampleur de la tâche. • On peut alléguer de multiples preuves en faveur de la définition de la liberté comme une illusion.

Mais une telleillusion, si elle est réelle, n'en demeure pas moins nécessaire.

Car elle seule donne à l'homme le courage de conduiresa vie et de surmonter les difficultés qu'il rencontre. CITATIONS: « La principale perfection de l'homme est d'avoir un libre arbitre, et [...] c'est ce qui le rend digne de louange oude blâme.

» Descartes, Principes de la philosophie, 1644. « Si à un instant la roue du monde s'arrêtait et qu'il y eût là une intelligence calculatrice omnisciente pour mettreà profit cette pause, elle pourrait continuer à calculer l'avenir de chaque être jusqu'aux temps les plus éloignés etmarquer chaque trace où cette roue passera désormais.

» Nietzsche, Humain, trop humain, 1878. « Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommessont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent.

» Spinoza, Lettre à Schuller, 1674.. »

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