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La liberté est-elle inaliénable ? ?

Publié le 13/02/2004

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On essaie de se représenter ce que seraient les hommes si les principes admis par l'école du droit naturel pouvaient s'incarner dans un état de l'humanité. Une fois décrit cet état, on pourra comprendre ce qui aurait pu pousser les hommes à en sortir, c'est-à-dire les motivations réelles qui nous poussent à vivre ensemble sous un pouvoir commun.Il s'agit de décrire les hommes comme s'ils sortaient des mains de la nature, c'est-à-dire n'ayant jamais été soumis aux normes sociales et politiques, bref les hommes effectivement libres, pour savoir ce qui les pousse à créer une société, un Etat, des lois auxquelles ils se soumettent. Il s'agit de décrire ce que chacun abandonne de son droit naturel de se gouverner, et en l'échange de quoi, ou encore le contrat que passent entre eux les hommes quand ils créent un pouvoir commun et acceptent d'obéir.La spécificité de Rousseau tient en ce que, s'il accepte le problème politique tel que le pose l'école du droit naturel, il en récuse les solutions. En particulier, Rousseau est le seul à faire de la liberté un bien inaliénable ; c'est-à-dire que pour lui non seulement « l'homme est né libre », mais il doit le rester, à l'intérieur même de la société. La liberté est ce qui définit l'homme comme tel ; abandonner sa liberté, nul homme ne peut le vouloir, car cela voudrait dire vouloir cesser d'être homme : « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme ».La formule de Rousseau l'inscrit dans un courant qui est à l'origine de la politique moderne et de la démocratie. Rousseau est à l'origine d'un principe qui se voit inscrit dans la « Déclaration des droits de l'homme » : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». La société doit permettre à l'homme d'accomplir sa liberté.

« a) Marx a montré que la liberté n'est pas un droit naturel qui transcendel'histoire :1° parce que la nature humaine n'existe pas, mais que chaque sociétéhistorique (chaque mode de production) a sa propre définition de l'homme etdes droits qu'elle accorde à ses membres ;2° parce que la liberté dont disposent les individus à tout instant de l'histoiren'est pas la réalisation d'un principe moral a priori, mais le résultat de la luttedes classes, d'un rapport de forces entre classes sociales antagonistes.

Lecontenu restreint ou large de cette liberté personnelle des individus dépendtoujours de la position sociale de la classe à laquelle ils appartiennent, del'évolution de la lutte des classes, et, en dernière analyse, du développementdes forces productives.b) La liberté est donc toujours avant tout un fait historique et social, soumiscomme tel à la loi des faits, et non une valeur éthique valable pour tous lesindividus et toutes les situations historiques.

Le tyran est libre alors que sessujets ne le sont pas.

Les individus d'une classe sociale dominante serontpersonnellement plus libres que les individus des classes dominées.

L'évolutionde cette liberté dépendra de l'évolution du rapport de forces dans la sociétéet non d'un quelconque droit immuable et inaliénable qui détermineraitabstraitement les individus.

Dans ces conditions, définir la liberté commeinaliénable a peu de sens, puisque la liberté des individus est toujours un faithistorique, déterminé historiquement, et non un donné naturel irréversible. conclusion On ne peut concevoir la liberté comme inaliénable que dans le cadre d'un projet éthique, non dans la recherche desconditions historiques concrètes de la liberté personnelle (et de la libération) des individus d'une société donnée. SUPPLEMENT: L'homme est né libre et partout il est dans les fers. La formule de Rousseau est marquante en ce qu'elle énonce magistralementun paradoxe : l'homme est naturellement libre, il naît libre, mais il est toujourspolitiquement et socialement asservi.

Saisir l'enjeu de cette phrase contraintà la replacer dans son contexte, et à comprendre qu'elle inscrit Rousseaudans la lignée du « droit naturel », qui s'inscrit contre les théoriciens du «droit divin ».Dire que « l'homme est né libre » est répondre à une phrase de Bossuet(1627-1704) : « Les hommes naissent tous sujets ».

Bossuet affirmait quecette sujétion de l'homme est naturelle dans un ouvrage dont le titre est unprogramme et un manifeste : La politique tirée des propres paroles del'Écriture sainte ».Depuis le XVI ième, la théorie politique voit s'affronter deux courants ; lathéorie du droit divin, voire de la monarchie de droit divin, dont Bossuet estun représentant, et la théorie dite du « droit naturel » à laquelle Rousseau serallie.La théorie du droit divin se fonde sur un passage de la Bible, et plusprécisément sur ce passage de l' « Épîtres aux Romains » de Saint Paul :« Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures, car il n'y a pointde puissance qui ne vienne de Dieu et celles qui existent ont ètè instituéespar lui.

Ainsi qui résiste à la puissance, résiste à l'ordre de Dieu [...].

Il estnécessaire d'être soumis non seulement par crainte, mais encore parl'obligation de conscience ».Toute autorité politique vient de Dieu, et donc qu'il existe aucun droit de résistance face aux autorités en place, quin'ont de compte à rendre qu'à la divinité.

Quel que soit le régime, on lui doit une obéissance inconditionnelle.Ce courant s'est vu concurrencé par un autre, (né avec la Réforme de Luther et la contestation des autoritéspolitiques et religieuses), qui affirme, comme le fera Rousseau, que l'homme est naturellement libre, qu'il a. »

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