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Faut-il apprendre à être libre ?

Publié le 01/02/2004

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Même si ma volonté ne surmonte pas toujours ces contraintes, elle peut, en principe, le faire.

B. La liberté comme fait social et juridique.

Cette certitude psychologique de la liberté se vérifie, de fait, dans le fonctionnement des sociétés. En effet, le fait que les crimes et les délits soient jugés et éventuellement punis indique un jugement sur la responsabilité des accusés. Or la responsabilité présuppose la liberté d'agir. On ne peut en effet déclarer un homme véritablement responsable d'une action que s'il était libre de commettre ou de ne pas commettre cette action. Autrement dit, la prise en considération, de fait, de la responsabilité humaine est une donnée sociale immédiate qui implique la liberté comme une donnée préalable. Sartre montrera le lien indéfectible entre libre et responsabilité. En effet, chez lui, la totale contingence de la liberté est immédiatement assortie d'une totale responsabilité.

  • Analyse du Sujet : La liberté, une donnée et un fait ou bien le fruit d'une lente acquisition, d'un apprentissage et d'un enseignement ? Est-il nécessaire de procéder à cet apprentissage ?
  • Conseils pratiques : Bien que ce sujet s'inscrive dans une problématique philosophique très classique et exige des connaissances, nous vous conseillons un point de départ très personnel.

« 3.

La liberté est à la fois donnée et ordonnée. A.

La liberté comme donnée déduite du fait de la raison. Si l'on veut assurer la possibilité de cette conquête, il importe de prouver la possibilité même d'une liberté quiéchappe au déterminisme.

Autrement dit, la question est de savoir si l'on peut dépasser la simple preuvepsychologique de la liberté pour véritablement fonder sa certitude.

On peut répondre par l'affirmative à cettequestion en mettant en évidence, avec Kant (Critique de la raison pratique), la certitude de la libertétranscendantale.

La conscience de la loi morale, comme fait de la raison même, implique en effet cette libertétranscendantale.

En d'autres termes, la liberté est une donnée certaine de la nature humaine que l'on peut prouverindirectement à partir de la conscience morale: si la raison dit «tu dois», elle dit nécessairement en même temps «tupeux».

Kant pose cette conscience morale, et non les conditions d'existence concrètes du monde, au principe denos actions.

Il faut comprendre la citation de Kant non comme un constat, mais comme une exhortation à nouscomporter moralement, en nous référant uniquement à notre devoir. B.

L'autonomie comme conquête. Cette certitude de la liberté apparaît parallèlement comme une exigence: en effet, la liberté transcendantale est findonnée qui ne se donne qu'à travers l'impératif du devoir.

C'est pourquoi la liberté est toujours une conquête: elleest «ordonnée» par la raison comme «autonomie», c'est-à-dire comme capacité à agir uniquement en fonction del'impératif catégorique. Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans cecas la raison exerce une contrainte sur la volonté.

Cette contraintes'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes :— les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certainesactions considérées non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendrece médicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifs hypothétiques serattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pourleurs résultats, mais pour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sontd'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté sait qu'elle doits'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifscatégoriques s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.

Ils secaractérisent donc par leur universalité.

C'est pourquoi il n'y a au fond qu'unseul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent êtredérivés et que Kant énonce ainsi : « Agis uniquement d'après la maxime quifait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».De cette formule, Kant en déduit trois autres :• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volontéen loiuniverselle de la nature.

»• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne quedans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, etjamais simplement comme un moyen.

»• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur etcomme sujet dans un règne des fins rendu possible par la liberté de la volonté.

» Et si la possibilité de cette autonomie est certaine, dans les faits, sa réalisation est une conquête jamais assurée.La liberté comme autonomie est une conquête de l'homme sur lui-même, afin qu'il se montre à la hauteur del'exigence qu'il porte en lui-même. C'est bien, en effet, ce que nous montre Kant dans des analyses célèbres développées dans les Fondements de lamétaphysique des moeurs et dans la Critique de la raison pratique.

Dans la sphère morale, qu'est-ce qu'être libre ?Liberté, raison et autonomie sont profondément liées.

Une volonté libre, loin de se soumettre aux indicationssensibles et aux désirs, obéit, bien au contraire, à une loi morale rationnelle et universelle.

Alors qu'une volontés'inclinant devant les désirs sensibles est « pathologique », au contraire une volonté libre obéit à la loi rationnellequ'elle se donne.

La liberté morale ? Un pouvoir de la raison.

Être libre, c'est obéir au devoir, être autonome.

Sedéterminant en vertu de sa propre loi et se conformant ainsi à une loi morale universelle, le sujet s'affirme libre.« L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de lanature des objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc d'opter toujours de telle sorte que la volontépuisse considérer les maximes qui déterminent son choix comme des lois universelles, dans ce même acte de vouloir[...] Lorsque la volonté cherche la loi qui doit la déterminer ailleurs que dans l'aptitude de ses maximes à former unelégislation qui lui soit propre, et qui en même temps soit universelle, lorsque, par conséquent, sortant d'elle-même,elle cherche cette loi dans la nature de quelqu'un de ses objets, il y a toujours hétéronomie.

» (Kant, Fondementsde la métaphysique des moeurs, Delagrave, p.

176).. »

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