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La liberté est-elle possible ?

Publié le 30/09/2005

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La liberté est un mot très important dans notre monde et nombre de luttes se sont faites pour l'obtenir. Mais la liberté est très compliquée à définir parce qu'elle s'étend sur de nombreux domaines : pensons à la liberté politique, morale, individuelle,.... Paul Valéry, dans Regards sur le monde actuel, soulignait d'ailleurs l'importance démesurée qu'avait ce mot : « c'est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens ; qui chantent plus qu'ils ne parlent ; de ces mots qui ont fait tous les métiers. » Il paraît alors étonnant de se poser la question de sa possibilité. Ce terme désigne ce qui remplit les conditions nécessaires pour exister, même si ce n'est que dans le futur. Or, n'avons nous pas tous une expérience d'une liberté. Si tout le monde se bat pour elle, c'est que nous la considérons comme pouvant advenir. Il semblerait alors évident que la liberté soit possible. Pourtant, il nous faut réfléchir davantage. Si nous nous battons pour la liberté, n'est-ce pas parce que nous ne sommes pas libres justement ? Quelles sont les conditions nécessaires pour que la liberté se réalise ? Réfléchir sur la nature même de la liberté est nécessaire pour comprendre cette question. Dans son sens premier, elle désigne la possibilité de faire ce que l'on veut sans rencontre de contraintes. Le mot latin liber qui signifie « sans contrainte » appuie cette définition. Il possède une connotation juridique puisqu'il désignait le statut du citoyen, par opposition à l'esclave qui ne possédait pas de droit pour diriger sa vie comme il l'entendait. Dans ce sens, la liberté politique, la démocratie serait la réalisation de la liberté. Pourtant, est-ce véritablement possible d'échapper à la contrainte ? Les actions humaines ne sont-elle pas tout le temps limitées, que ce soient par les lois de la nature ou par les lois civiles ? Cependant, la liberté ne peut acquérir une autre définition que l'absence de contraintes ? La liberté n'est-ce pas aussi la possibilité d'être véritablement la cause de ses actions sans se laisser déterminer par les influences extérieures ? Dans ce cas, la liberté n'est-elle pas toujours à créer ? N'incluse-t-elle pas un travail sur moi et une connaissance sur le monde ?

« La liberté est une illusion, l'homme est toujours soumis à des déterminations- la liberté se présenterait alors nous l'avons vu, comme un pouvoir de faire ce que je veux.

Mais ce pouvoirprésente d'emblée des limites déterminées.

Mon corps par exemple, ne me permet pas de voler.

Si je voudrais mepasser de mon corps, je ne pourrais plus vivre du tout.

Agir, c'est utiliser des moyens pour atteindre ses fins et lesmoyens sont aussi des limites.

Sartre affirme ainsi tout projet détermine des obstacles qui sont les siens.

De plus, ilsemble illusoire de penser qu'il est possible de ne rencontrer aucune contrainte.

L'homme se heurte de manièrefondamentale aux lois de la nature qui ne lui permettent pas de faire ce qu'il veut.

L'homme est donc soumis aux loismais aussi aux déterminations extérieures.

Il ne fait pas ce qu'il veut, il fait ce que les lois et influences lui fontfaire.Or, penser l'homme comme un être sur lequel la nature et l'extérieur n'a aucune influence est une illusion.

Commel'écrivait Spinoza, considérer cela, c'est considérer l'homme « comme un empire dans un empire », c'est-à-dire lemettre au-dessus de la nature.

Schopenhauer montre d'ailleurs dans son Essai sur le libre-arbitre, qu'admettre lelibre-arbitre, c'est admettre un effet sans cause, un hasard absolu, notions que ne peut accepter notreentendement.

Il écrit ainsi que « jamais aucune cause ne tire sont effet entièrement d'elle-même.

» Il s'en suit quela liberté est purement illusoire comme le mettait en avant Spinoza.

Elle tient simplement au fait que les causes quiinfluent sur l'homme agissent de manière plus complexe que sur les autres corps ou êtres vivants.

Le déterminismes'élève en effet à la hauteur de motifs intellectuels.

Schopenhauer affirme en effet que chez l'homme, il y a untemps entre la cause et l'effet, temps dû par le détour par le cerveau et l'intellect.

Mais cela ne change rien audéterminisme strict.

Spinoza affirme alors dans Ethique que "Les hommes se trompent en ce qu'ils se croient libres;[...] ils sont ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés." Ils sont en effet conscients de leurs actionsmais leur connaissance s'arrête et ne remonte pas aux déterminations antérieures.

La liberté serait alors selonNietzsche simplement l'effet d'un orgueil de l'homme qui ne veut pas reconnaître sa dépendance : « Aussi longtempsque nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous estimons indépendants : sophisme quimontre combien l'homme est orgueilleux et despotique.

Car il admet ici qu'en toutes circonstances il remarquerait etreconnaîtrait sa dépendance dès qu'il la subirait.

»- L'absence de motivation d'un acte peut n'être qu'apparente.

Voltaire dans le Dictionnaire philosophique mettait en scène, de manière comique, cette nécessaire motivation de la volonté.

Un homme affirme en effet qu'il peut vouloirsans raison.

Il dit ainsi qu'il est libre de vouloir se marier.

Mais il reconnaît qu'il veut se marier parce qu'il estamoureux d'une jeune fille, belle, douce, bien élevée, assez riche.

L'autre de s'écrire « vous voyez que vous nepouvez pas vouloir sans raison.

» Ce n'est pas parce que l'on n'est pas conscient de ses propres motivations, parceque l'on ne veut pas les regarder en face que pour autant ces motivations n'existent pas et ne sont pas agissantes. Leibniz reconnaît l'impossibilité d'un acte sans motif.

On utilise généralement l'exemple de l'âne de Buridan qui placé àégale distance entre un seau et de la nourriture, meurt de soif et de faim parce qu'il ne peut choisir entre les deux.Leibniz récuse cette possibilité.

Pour lui, les deux choses ne peuvent être considérés comme identiques et unepetite différence influera toujours le choix.

Il n'y a donc pas de libre-arbitre et de liberté d'indifférence, car l'arbitre ne peut être dans un état d'équilibre entre deux objets puisqu'ils ne sont pas identiques.

Il est impossible d'agir sansmotif : notre comportement est donc nécessairement déterminé.

Leibniz reconnaît ainsi l'existence de petitesperceptions qui ne sont pas conscientes et qui peuvent influer sur nos choix. La psychanalyse de Freud continuera dans cette voie.

La théorie psychanalytique postule en effet des motifs inconscients qui déterminent nos actions.La conscience perd alors le contrôle de ses actes ; Freud affirme alors que « le moi n'est plus maître dans samaison.

» Les hommes surestiment donc leur conscience et la font souveraine alors qu'elle n'obéit qu'à des pulsionsinconscientes.De nombreux philosophes se sont ainsi attachés à identifier les différentes déterminations que subit l'homme.

Marxet Engels ont ainsi montré l'influence de la société et des classes sociales sur la conscience des hommes.

Lematérialisme historique tend en plus à montrer combien les moyens matériels sont déterminants.

Mais s'interroger surle déterminisme, n'est-ce pas lutter pour la liberté ? La liberté est le fruit d'un travail, d'une libération à travers une création permanente- Mais alors comment la liberté peut elle être possible ? Spinoza nous indique une voie : par la reconnaissance de lanécessité et la connaissance des causes qui influent sur nous.

Ainsi, par exemple, la science, en dévoilantprogressivement, les lois de la nature nous rend capable de les utiliser et d'accroître notre liberté.

Ricoeurreconnaissait à ce titre que « c'est la leçon de Spinoza : on se découvre d'abord esclave, on comprend sonesclavage, on se retrouve libre de la nécessité comprise.

» La liberté est alors une exigence et un travail, unedifficile libération qui suppose la connaissance des déterminismes qui pèsent sur nous.

« Autant il est agréable aux hommes de s'entendre dire qu'ils sont libres, autant il leur est pénible d'avoir à se libérer effectivement » (L.Brunschvicg).Toutefois, l'homme dans la mesure où il forme des idées adéquates, c'est-à- dire dans la mesure où il connaît, peutse libérer.

L'homme ne naît pas libre, mais il peut le devenir, il peut se libérer.

Par la connaissance, l'aveuglement sursoi et sur le monde comme l'aliénation s'amenuisent, et on augmente notre puissance d'agir que Spinoza nomme"conatus".

D'une certaine manière, on devient libre.

C'est pour cela qu'Alain écrivait dans Eléments de philosophie que « le principal c'est qu'il faut se faire libre.

» Être libre, c'est s'affirmer ; or plus on comprend, plus on connaît, plus on s'affirme.

De plus, la puissance de l'hommeconsiste en la pensée ; donc connaître, penser, c'est exprimer notre nature, la nécessité de notre nature et en cesens cela correspond à notre liberté.

Il va de soi qu'un être qui ignore pourquoi il agit de telle ou telle manière secroit libre mais ne peut l'être ; tandis qu'un homme qui connaît les causes qui le déterminent à agir acquiert une plus. »

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