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Liberté et responsabilité ?

Publié le 10/02/2004

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Si l'homme n'est pas doué du libre arbitre, il ne peut être tenu responsable de ses actes. Quel sens y aurait-il à punir ou à récompenser quelqu'un qui ne pouvait agir autrement qu'il ne l'a fait? « Qui lance une pierre ne peut plus la rattraper. Toutefois, il était en son pouvoir de la jeter ou de la laisser tomber, car cela dépendait de lui. Il en va de même pour les hommes qui pouvaient, dès le début, éviter de devenir injustes et débauchés; aussi le sont-ils volontairement; mais une fois qu'ils le sont devenus, ils ne peuvent plus ne pas l'être. » Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s. av. J.-C. « L'homme est condamné à être libre.

« Je ne peux considérer ni mon propre individu, ni autrui comme un simple moyen à mon usage, mais chaque .

humainest digne de respect.Kant commence par remarquer que rien ne peut être dit absolument bon, bon sans restriction, si ce n'est unevolonté bonne.

En effet l'intelligence, la persévérance, etc.

toutes les qualités humaines ne sont dites bonnes quesous la condition qu'on les utilise bien, c'est-à-dire qu'elles soient dirigée par une intention droite.

C'est donc lapureté de l'intention qui s'efforce de bien agir, la « bonne volonté » qui seule est inconditionnellement bonne.

Prunevolonté bonne est une volonté régie par te devoir, capable d'agir sans tenir compte des intérêts personnels, del'égoïsme, des motifs sensibles.Cette rectitude du devoir se dévoile quand l'homme agit par principe, dans une situation où toute sa sensibilité etses intérêts tendraient à le faire déroger à ces principes, même s'il n'est pas sûr que son acte sera couronné desuccès.Kant en donne un exemple édifiant dans la Critique de la raison pratique (1788).

Soit un honnête homme auquel onveut faire porter un faux témoignage contre un innocent.

Ajoutons que son prince veut d'abord l'acheter, puis lemenace, que ses amis se détournent de lui, que sa famille, à son tour menacée, le supplie d'accepter.

Précisons quenotre homme n'est pas insensible, mais déchiré, au contraire, par la douleur.

S'il refuse d'obtempérer on devral'admirer :« La vertu n'a ici tant de valeur que parce qu'elle coûte beaucoup, et non parce qu'elle rapporte quelque chose.Toute l'admiration et même tout effort pour ressembler à ce caractère reposent entièrement sur la pureté duprincipe moral, qui ne peut être représenté de façon à sauter aux yeux que si l'on écarte des mobiles de l'actiontout ce que les hommes peuvent mettre au compte du bonheur.

»C'est dire que l'action morale ne tire sa valeur ni du but particulier auquel elle tend, ni de sa réussite, mais duprincipe sur lequel elle repose.

Notre homme agit par pur respect du principe moral, de la loi morale. Les actions des êtres humains sont toujours guidées par une règle d'action, une maxime.

Agir par devoir, c'est agirpar respect pour la loi morale qui m'explique que «je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussivouloir que ma maxime devienne une loi universelle ».Ainsi je ne peux vouloir que ma maxime « porte un faux témoignage » soit adoptée par tous : car alors il n'y auraitplus de témoignage possible.

Je ne peux vouloir que ma maxime « je ne rendrais pas l'argent qu'on m'a prêté » soitvalable pour tous : car la notion même de prêt serait détruite, etc.Parmi les règles d'action que l'homme se donne, il ; existe des impératifs dits hypothétiques.

C'est-à-dire des règlesqui s'imposent à moi, qui sont des impératifs, mais sous une condition.

Ce sont toutes les règles d'action du type «situ veux ceci, alors tu dois faire cela ».

Par exemple « si tu veux conduire, tu dois rester sobre».

Mais l'action quim'est dictée (rester sobre) n'est valable que sous l'hypothèse ou la condition du but (conduire).

Ces impératifs«conditionnels» peuvent correspondre à des buts particuliers, et sans valeur morale (ils peuvent être bons oumauvais : assassiner mon voisin ou l'aider), soit au seul but que l'on peut supposer en tout homme : être heureux.Mais nul ne peut dire précisément quoi faire pour être heureux, dans la mesure où le bonheur est indéfinissable,selon Kant, et n'est qu'un idéal de l'imagination.La loi morale au contraire s'impose à moi sans restriction ni condition.

Je sais toujours où est le devoir, et il nes'impose pas à moi, comme on l'a vu, sous une quel- ! conque condition (je ne prends en compte ni la « réussite »de mon action, ni mes intérêts sensibles, etc.).Cette loi ne peut donc pas venir de la nature, elle ne me concerne pas en tant qu'être naturel, puisqu'elle peut aucontraire s'opposer à tous mes penchants sensibles.C'est une loi de la raison donc une loi que je me donne et qui prouve ma liberté et mon indépendance face auxmotifs sensibles.

Cela revient à dire que cette loi pro¬vient de ma propre volonté, pour autant qu'elle se libère detous les motifs sensibles et de tous les intérêts égoïstes.

Ainsi la loi morale me révèle comme personne, c'est-à-direcomme être raisonnable.

On peut même dire, ajoute Kant, que cette loi vaut pour tous les êtres raisonnables :c'est-à-dire pas seulement pour les hommes.

Si l'on pense à Dieu, ou à un pur esprit, alors nous le pensons commerespectant la loi morale qui ne me prescrit rien d'autre que d'agir comme si ma maxime devait être érigée en règle ouen loi pour tous.Mais précisément dans la mesure où cette loi peut s'opposer à mes mobiles égoïstes, elle prend pour l'homme laforme d'un impératif, d'une contrainte, de quelque chose qui s'impose à ma volonté en malmenant mes intérêtssensibles.

C'est un impératif catégorique.Quand j'agis par pur respect de la loi morale, je n'agis i que sous la décision de ma propre volonté, comme être Iautonome, se donnant ses propres lois.

Agir de façon l différente, en faisant droit à mes motifs sensibles, ' égoïstes,c'est recevoir ma règle d'action d'ailleurs, de I mes instincts, de ma sensibilité, c'est agir de façon hétéronome.Ainsi le devoir, le respect de la loi morale, permet de me comprendre comme membre d'un «règne des fins», commeappartenant à une communauté d'êtres raisonnables, soumis à ses propres lois.

Bref comme une personne, et nonune chose, comme pourvu d'une dignité et non d'un prix.

La racine du devoir, dit Kant, est: « Rien moins que ce qui élève l'homme au-dessus de soi-même en tant que partie du monde sensible [...] Ce n'estpas autre chose que la personnalité, c'est-à-dire la liberté et l'indépendance à l'égard du mécanisme de la natureentière, considérée en même temps cependant, comme le pouvoir d'un être soumis à des lois spécifiques, à savoirles lois pures pratiques données par sa propre raison.

»Si c'est la moralité qui me révèle comme libre et membre d'une communauté des êtres raisonnables, alors on peutconsidérer tous les êtres dépourvus de raison comme des choses, des moyens, comme ne possédant qu'une valeurrelative.«Les êtres raisonnables sont nommés des personnes parce que la nature les distingue comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne doit pas être employé uniquement comme moyen.

»S'il m'est permis d'utiliser mes semblables comme moyens (un commerçant pour acheter quelque chose, un chauffeur. »

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