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La liberté n'est qu'un vain mot ! (Robespierre)

Publié le 22/02/2012

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robespierre

 “ Peuple, souviens-toi que si dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, la liberté n’est qu’un vain mot ! ” C’est le 8 Thermidor que Robespierre prononce cette phrase. Pour plus d’un député dans les gradins de l’assemblée, ce n’est pas la justice qui règne avec un empire absolu, c’est la Terreur, la Grande Terreur que, deux jours après la Fête de l’Être Suprême, la loi du 22 prairial de l’An II (10 juin 1794) a mis à l’ordre du jour.

Rien qu’à Paris seulement, depuis ce 22 prairial, près de 1 300 têtes sont déjà tombées. “ La tragédie court les rues ” écrit... le traducteur de Shakespeare. Or la situation militaire depuis la victoire de Fleurus semble ne plus justifier la poursuite de la Terreur.

Dans le même temps où la Commune taxe les denrées de première nécessité qu’elle ne réquisitionne pas, elle favorise le marché clandestin et ruine la taxation. Le maximum parisien des salaires publié le 5 thermidor accuse encore le mécontentement ouvrier. De son côté, le Comité de sûreté générale, auquel incombe la direction de la répression, supporte de plus en plus mal les empiétements du Comité de salut public. Robespierre, tout incorruptible qu’il est, commence de passer pour un dictateur.

On ne cesse de répéter les mots de Billaud-Varenne, prononcés à la Convention le 1er floréal de l’An II : “ Tout peuple jaloux de sa liberté doit se tenir en garde contre les vertus même des hommes qui occupent des postes éminents ”. Le 4 et le 5 thermidor, Robespierre refuse de se réconcilier avec le Comité de sûreté générale. Le 8, devant la Convention, il rejette sur ses adversaires les excès de la Terreur. Louis-Joseph Charlier lui lance : “ Quand on se vante d’avoir le courage de la vertu, il faut avoir le courage de la vérité ! Nommez ceux que vous accusez ! ” Robespierre refuse de donner les noms de ceux qu’il appelle les “ fripons ”. Cambon lance encore à l’assemblée : “ Demain, de Robespierre ou de moi, l’un des deux sera mort ”. Dans la nuit le complot se met en place. Le 9, Saint-Just monte à la tribune pour lire un rapport. Tallien l’interrompt et dénonce la tyrannie de Robespierre. Celui-ci tente de se justifier. Le tumulte couvre sa voix. Un député accuse : “ C’est le sang de Danton qui t’étouffe ! ”.

Tout bascule. Robespierre enrage : “ La République est perdue. Les brigands triomphent ”. La mise en accusation est adoptée, Robespierre arrêté et emmené au Comité de sûreté générale par des gendarmes. Au début de la soirée, Fleuriot-Lescot, maire de Paris, fait sonner le tocsin pour délivrer Robespierre, que le guichetier de la prison du Luxembourg a refusé d’interner. Quelques 3 000 sectionnaires se rassemblent place de Grève. A 10 heures du soir, la Commune dispose de trente-deux pièces de canon. Les Tuileries sont cernés. Mais il n’y a personne pour donner l’ordre qui materait les députés rebelles de la Convention, qui décrète Robespierre, ses proches et la Commune hors la loi. La place de Grève se vide... Paris refuse de se battre pour Robespierre. A 2 heures du matin, Barras marche avec la garde nationale sur l’Hôtel de ville. La Commune, auprès de laquelle Robespierre est venu se réfugier vers 10 heures du soir, est perdue. Dans la confusion, après que la porte du conseil ait été forcée, un coup de pistolet du gendarme Merda brise la mâchoire de Robespierre.

Quelques heures plus tard, il est transporté jusqu’à la salle d’audience du Comité de salut public, étendu sur une table. Il tient à la main une sacoche de cuir, frappée de l’estampille Au grand monarque. La foule le nargue : “ Alors ? Sa Majesté a perdu la parole ? ” Ce n’est pas la dernière des injures. Lorsque, quelques heures plus tard, il demande à écrire, quelqu’un ricane : “ Quoi écrire ? et à qui donc ? Vas-tu écrire à ton Être Suprême ? ” On le transporte au Tribunal révolutionnaire. Brève audience. “ Es-tu bien Maximilien Robespierre, âgé de 35 ans, né à Arras et ci-devant député à la Convention nationale ? ” L’exécution de la sentence de mort est immédiate. Après la mort de Couthon, après celle son frère Augustin, Robespierre s’évanouit. Pour qu’il ne meurt pas avant que justice soit faite, on le couche aussitôt sur la planche de la guillotine. Le couperet tombe. Treize de ses fidèles le suivent. Et soixante et onze encore sont guillotinés dès le lendemain. Quelques jours encore... quelques dernières exécutions, la Terreur s’achève. Le frère d’André Chénier écrit : “ Salut 9 thermidor, jour de la délivrance,

Tu viens purifier un sol ensanglanté.

Pour la seconde fois, tu fais luire à la France,

Les rayons de la liberté. 

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