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Est-ce librement que nous désirons ?

Publié le 02/09/2005

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DÉSIR (lat. de-siderare, regretter l'absence d'un astre -sidus)

Désirer, c'est tendre consciemment vers ce que l'on aimerait posséder. Le désir est conscience d'un manque. Comme conscience, il est le propre de l'homme dans la mesure où seul celui-ci est capable de représentations intellectuelles (l'animal a des besoins»). « Le désir est l'idée d'un bien que l'on ne possède pas mais que l'on espère posséder » (Malebranche). Comme manque, il est aussi spécifiquement humain dans la mesure où ne manque jamais que ce qu'on a le souvenir d'avoir possédé et le regret d'avoir perdu. Le désir se définit donc paradoxalement comme nostalgie, en son essence insatisfait; impossible espoir de retrouver ce qui appartient à un passé révolu. Le désir, en définitive, se nourrit du fantasme de ressusciter le bonheur enfui : il est une impuissante révolte contre l'irréversible.

Si nous pouvions désirer librement, alors il est fort probable que le désir ne serait plus vraiment un problème. En effet, il nous suffirait de toujours choisir de désirer ce que nous possédons déjà pour être perpétuellement comblés. Toutefois, la plupart des êtres humains s’accorderont sur le fait qu’il n’est pas si facile d’être comblé, et qu’en règle général, nous ne sommes jamais parfaitement comblés. Il s’ensuit que nous sommes forcés de constater que l’harmonie ne règne pas parfaitement entre la liberté et le désir. Mais alors, qu’est-ce qui empêche la liberté de parfaitement prendre possession du désir ?

« Transition : Cependant, la raison ne peut-elle justement conquérir les passions ? La liberté humaine est absolue. 2. a) C'est en effet bien parce que les passions nous mènent vers des désirs impossibles que les stoïciens prônent qu'ilfaut apprendre à contrôler ses désirs de manière à orienter ceux-ci vers ce qui est raisonnable.

AinsiÉpictète conseille-t-il cette sagesse : « Ne cherche pas à faire que ce qui arrive, arrive comme tu le désires;veuille, au contraire, ce qui arrive comme il arrive.

» b) Épictète soutient en effet dans son Manuel que : « de toutes les choses du monde, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas.

Cellesqui en dépendent sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nosinclinations, nos aversions ».

Or la vraie liberté se doit d'être en accord avecla raison, et la raison nous indique qu'il est inepte de vouloir changer ce quine dépend pas de nous.

Or, pour ce philosophe, l'on peut changer notreassentiment au cours des choses, mais l'on ne peut influer sur lesévénements extérieurs à nous : « le destin conduit celui qui y consent, et ilentraîne celui qui y résiste » (Sénèque, Lettres à Lucilius ).

Ainsi la vraie liberté repose-t-elle justement dans le fait de choisir librement ses désirs pourdésirer ce qui nous arrive plutôt que de subir des événements qui vont àl'encontre de nos désirs.

La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver résidestrictement dans notre propre volonté.

Nul autre que soi n'est maître de cequi nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des chosessur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.

Lesobstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandisqu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres,libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peutagir.

Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celuides autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nous empêcher de faire.

Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur, chacun est aussi l'artisan de son propremalheur en s'échappant de soi-même et en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons de l'extérieur une loi à laquelle nous obéissons etnous soumettons.

Nul ne nous oblige à croire ce quel'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenons dépendants de la versatilité du jugementd'autrui, dans l'autre nous finissons par donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.

Enfin, à l'égard des opinionscommunes comme des théories des philosophes, ou même de nos propres opinions, il faut savoir garder une distanceidentique à celle qui est requise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer en temps voulu.Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté.

c) Les stoïciens se trouvent justifiés à suivre cette doctrine car la liberté est pour eux quelque chose d'absolu.

Ilest l'outil de la raison par lequel l'être humain reconquiert ses passions et prend le dessus sur elles.

En définitive, laliberté de désirer une chose ou une autre est la seule véritable liberté qui est offerte à l'homme.

Transition : Cette liberté à laquelle le stoïcisme est si attaché n'est-elle cependant pas une forme d'illusion ? La liberté est une illusion. 3. a) Ces considérations faites, il faut rappeler que la liberté pourrait bien n'être qu'un sentiment illusoire : celui d'avoirdécidé.

Agir librement, ce serait alors agir tel que le font ces hommes qui sont « conscients de leurs actions etinconscients des causes qui les déterminent.

» (Spinoza, Ethique , II, proposition 35, scolie) La liberté n'existe peut- être pas réellement, et il se peut qu'elle ne soit que l'expression de l'orgueil humain qui se flatte de se croire librepour pouvoir se prétendre exceptionnel.. »

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