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Limites économiques et sociales de l'Etat-providence

Publié le 26/10/2010

Extrait du document

  • Le développement de l'État-providence est une des caractéristiques essentielles de l'évolution du capitalisme depuis un siècle et, plus particulièrement, depuis la fin du second conflit mondial.
  • La pression des luttes sociales, l'auto-organisation des salariés, la volonté intégratrice des gouvernements et du patronat ont contribué à mettre en place des systèmes de protection sociale qui, sans modifier la logique de fond de notre société, ont tenté d'en corriger les conséquences les plus injustes.
  • Ce développement de l' « État-providence « s'est accompagné d'une progression rapide des prélèvements obligatoires. Tolérée en période d'expansion rapide, cette progression se voit aujourd'hui fortement contestée au moment où la crise fait stagner les revenus. Et les gouvernements s'inquiètent des conséquences de trop lourdes cotisations sociales sur la compétitivité de l'industrie.
  • On constate donc une remise en cause du développement de l'État-providence dans les économies capitalistes développées. Il ne faut cependant pas se tromper sur son sens, ni sur sa portée. Si la crise tend à imposer des limites économiques et sociales au développement de l'État-providence, son action n'en demeure pas moins, et plus que jamais, nécessaire aujourd'hui.
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    « Du coup, les conflits pour la répartition du revenu deviennent plus aigus et les gouvernements hésitent àaugmenter encore les impôts et cotisations sociales qui pèsent sur les ménages.

    Les déficits répétés dessystèmes de Sécurité sociale observés depuis le début de la crise ne sont pas dus à une quelconque fatalitéstructurelle, mais à l'insuffisance des prélèvements effectués.

    On peut en donner pour preuve l'équilibreretrouvé en France depuis deux ans en dépit de la sensible progression du chômage, équilibre dont le prix a étél'accroissement des impôts sur les hauts revenus et la création d'un prélèvement spécial sur les fonctionnaires. De même, la baisse de la rentabilité des entreprises qui hypothèque le niveau de l'investissement et lacompétitivité de nos produits face à des concurrents comme le Japon où le niveau de la protection sociale estmoindre, n'est pas une conséquence mécanique de la hausse des prélèvements, mais l'effet d'une répartitionqui pénalise les entreprises.

    Ce phénomène, constaté de 1976 à 1982, s'est depuis lors inversé, une partie dela charge du financement ayant été depuis transférée sur les ménages. Baisse de la rentabilité des entreprises ou diminution des revenus directs, le prix à payer pour assurer lemaintien de l'État-providence est lourd.

    C'est pourquoi sa légitimité et son efficacité sont aujourd'huicontestées. B.

    L'État-providence voit sa légitimité et son efficacité contestées 1) Un blocage sociopolitique La montée des prélèvements obligatoires tend à remettre en cause le compromis social qui s'estprogressivement établi dans les États capitalistes — en particulier en Europe occidentale — depuis unsiècle. Sans modifier la logique de fond de notre société, les systèmes de protection sociale ont tenté d'encorriger les conséquences les plus injustes.

    Il a semblé ainsi possible d'assurer la prise en charge deslaissés-pour-compte du système — malades, personnes âgées et chômeurs --, et de préserver lahiérarchie des revenus, deux principes qu'une large majorité de la population jugeait légitimes etconciliables.

    Or, aujourd'hui, il faut choisir entre les deux.

    Le maintien d'une protection socialeétendue impose des prélèvements qui viennent diminuer fortement les revenus directs.

    Cette socialisationcroissante des revenus est considérée par de larges secteurs de la population comme une remise encause d'une hiérarchie qu'ils estiment justifiée.

    Ce phénomène, loin d'être cantonné aux milieux favorisés,se répand dans toute la société française, chacun regardant au-dessous de lui.

    C'est en ce sens que PierreRosanvallon explique avec raison que la crise de l'Etat-providence est une crise de légitimité. 2) Le retour en force de l'idéologie libérale L'État-providence et les politiques keynésiennes qui ont accompagné son développement sont, pourles partisans du libéralisme économique, les grands responsables de la crise actuelle.

    En empêchantles mécanismes naturels du marché de jouer leurs rôles, l'État a favorisé la montée de l'inflation et duchômage.

    L'extension de ses prélèvements empêche par ailleurs toute possibilité de repriseéconomique. Selon la théorie libérale, la montée des prélèvements obligatoires a un effet dépressif surl'investissement et sur l'offre de travail.

    D'une part, les charges sociales pèsent sur la rentabilité desentreprises, les privant des moyens comme du désir d'investir, d'autre part, le niveau trop élevé desimpôts et cotisations sociales dissuade les individus les plus dynamiques de travailler plus : à quoibon gagner plus si c'est pour tout donner à l'État sous forme d'impôts ? C'est la fameuse courbe deLaffer : un taux d'imposition trop élevé diminue les recettes fiscales en diminuant la masseimposable. En outre, la rigidité du niveau des salaires due aux lois sociales, aux politiques d'indemnisation duchômage et à l'action des syndicats empêche une baisse du prix du travail qui, seule, peut provoquerune reprise des embauches. Dans ces conditions, une remise en cause au moins partielle de l'État-providence est présentéecomme la condition nécessaire à une reprise de la croissance qui, seule, pourrait permettre, dansl'avenir, de retrouver un haut niveau de protection sociale. Cependant, la contestation dont fait l'objet l'État-providence n'est pas dénuée de contradictions.

    Et il estprobable que sa remise en cause provoquerait plus de mécontentement que son maintien.

    D'autant plusque la crise rend plus que jamais nécessaire son rôle d'amortisseur des fluctuations. Deuxième partie : une remise en cause nécessairement limitée. »

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