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Littérature enfantine

Publié le 30/11/2011

Extrait du document

 

Ce titre va détourner le regard de ceux qui auraient le plus besoin de lire ces lignes : ceux qui ont basculé dans le sérieux étouffant à jamais en eux l'esprit d'enfance qui anime les créateurs; ceux qui ont été abusés par l'image indigente que la littérature enfantine a trop longtemps donné d'ellemême, en France du moins. C'est qu'à la naissance du livre d'enfant, il n'y a pas si longtemps, de merveilleuses fées ont été invitées, mais la Carabosse a fomenté l'intrusion de génies adultes malfaisants tels l'infantilisme, le didactisme, le mercantilisme. Ils ont diversement sévi, pesé, mais peut-on avoir raison de l'élan vital?

« Seul responsable, ce commercial éditeur? Certes non.

Nos mauvais génies s'embusquent à tous les niveaux.

0 Niveau -Production donc : combien de textes niais et de graphismes stéréotypés.

Faut-il abaisser le livre au niveau de quelques séries infantiles? 0 Niveau -Diffusion : combien de libraires résistent à la tentation de n'exposer que les livres les plus ordinaires, mieux distribués et plus faciles à vendre que d'autres, dits originaux? Et en dehors de Noël , quelle tribune dans la grande presse? On pense aux pages hebdomadaires consacrées à la littérature enfantine dans les plus grands quotidiens de New York.

0 Niveau -Consommation enfin : parmi les acheteurs sévissent hélas de redoutables censeurs, parents et éducateurs ..

.

par défaut d'information, sans doute, ou excès de malformation.

Mais il y a toujours, il y a toujours eu des excep­ tions .

Au cœur même des périodes les plus ternes, des pédagogues, des bibliothécaires éclairés et d'authentiques créateurs; Paul Faucher avec le •• père Castor» , par exemple ont perpétré le meil­ leur de la littérature enfantine, aidant l'enfant à faire le tri et débusquer la médiocrité.

Et voilà qu'aujourd'hui, en plus, un formidable souffle de renouvellement assainit l'air :les génies poussiéreux reculent car arrivent ...

...

Leurs grands «pourfendeurs » C'est un signe de voir de nombreux chefs­ d'œuvre exhumés : on retrouve la vie de Polichi­ nel d'Octave Feuillet, on réédite Mérimée , Charles Vildrac, ...

, d'autres arrachés au massacre des bibliothèques verte ou rose de l'après-guerre et traités, comme ils le méritent sur le plan du gra­ phisme et de la typographie.

La chère comtesse , née Rospotchine, Jules Verne, Kipling, Lewis · Carroll, Collodi , . ..

, peuvent cesser de se retourner dans leur tombe, leurs écrits sont respectés dans leur intégralité , leurs héros ont cessé d'être défigu­ rés .

C 'est un signe encore plus probant de voir des créateurs trouver aujourd'hui dans le conte un mode d'expression à leur mesure.

Par le biais du Merveilleux, cette fabuleuse rencontre du réel et de ..J'imaginaire , les thèmes contemporains sont abordés avec une vigueur que l'on cherche en vain dans la littérature dite pour adultes.

QUe ces contes aient été écrits ou non pour eux, ils sont dévorés par les enfants qui se taillent enfin la part du Lion .

On songe aux contes de la rue Broca : de Pierre Gripari , aux livres de Maurice Sendak, de Tomy Ungerer , de Jacqueline Held, de Roald Dahl, ...

, ceux du « Soweres qui mord ,, et d'autres encore.

Dans le conte moderne il y a une trucu­ lence, une sève, une pointe d'absurde et une nuance de sarcasme qui exclut un peu trop la ten- dresse peut-être ...

En France, on a trop long­ temps, hélas ! confondu tendresse et mièvrerie .

C'est la grande revanche de la littérature enfan­ tine qui fait fi des frontières.

C'est une révolution en France qui s'est accélérée ces dernières années sous la pulsion de quelques aventuriers .

Parmi les premières initiatives, saluons celle de Delpire, qui n'y survécut pas, mais l'on retrouve aujourd'hui tous les titres de sa production dans Ia,collection Folio Junior.

..

Citons Jean Fabre, de l'Ecole des Loisirs, qui a soutenu une politique de qualité d'un rare mérite.

Il fut opiniâtre, réouvrit la porte aux monstres, ces chers monstres que les jardiniers d'enfants apeurés avaient essayé de pas­ teuriser.

Il demeura sage.

Ce n'est pas le cas de François Ruy-Vidal.

Celui-là fut le grand pourfendeur des malfaisants génies , et parce qu'il alla trop loin fit faire des pas de géant au livre d'enfant.

Avec Harlin Quist, il ouvrit la voie : «Il n'y a pas d'arts pour enfants, il y a /'art.

» clame-t-il.

«Il n'y a pas de graphisme pour enfants il y a le graphisme .

Il n'y a pas de cou­ leurs pour enfants, il y a la couleur.

Il n'y a pas de littérature pour enfants , il y a la litterature.

» Au nom de cela il traite les enfants comme des princes, il ose leur parler de sujets aussi tabous que la mort, la violence.

Il fait appel aux plus grands auteu,rs tels Ionesco, aux plus grands dessi­ nateurs tels Etienne Delessert, Nicole Claveloux . ..

Certains s'insurgent.

Snobisme? Illisibilité? Si l'accès à ces livres implique la présence du média­ teur adulte, dans la famille ou la bibliothèque, tant mieux ! Et pour l'enfant, et pout l'adulte.

La part de l'imagerie excessive? Nullement.

Pour le développement de la sensibilité et de l'esprit créa­ teur, un graphisme de qualité est aussi important qu'un texte.

Par l'un, aussi bien que par l'autre, s'expriment la poésie, l'humour, l'amour, la force, la vie, le rêve . ..

Chacun a son rôle.

Il est absurde de les opposer.

Il faut certes beaucoup d'art pour les savoir juxtaposer.

..

Le foisonnement Où en sommes-nous? A un moment de mutation plein de promesses, de dangers, et de confusion ...

Le terme ..

littéra­ ture enfantine,, recouvre toujours le meilleur et le pire.

La production s'emballe, la diffusion s'engorge, l'acheteur ne sait plus que choisir.

Le libraire ne l'aide guère : il a des circonstances atténuantes.

Quel critère de classement choisir? La notion de classes d'âge est âprement discutée, la séparation des genres est elle-même remise en question : la nouvelle génération des livres pour enfants s'ac­ commode très mal des étiquettes , ce qui est déci­ dément' un signe de bonne santé.

L'imaginaire a repris le pouvoir, courons le retrouver et laissons­ nous séduire.. »

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