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LA LITTÉRATURE DE LA SUISSE ROMANDE

Publié le 22/10/2011

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La véritable contemplation n'est pas une attitude passive, mais un acte. Nous sortons du monde des reflets, des signes, dont on suppose qu'ils nous donnent de la réalité une vue « objective «, pour entrer dans le monde des symboles, qui ne sont pas extérieurs ni absolument extrinsèques à la réalité qu'ils expriment (l'étymologie du mot symbole enferme, elle aussi, l'idée de participation) . Je rappelle le mot de Goethe : « Il faut comprendre les symboles comme symboles «. Il est clair que le langage, ici, n'a pas pour unique fonction de signifier; il vise à nous introduire dans un certain mode d'existence, où nous nous sentons en accord plus ou moins complet avec le carmen poetlcum, avec toute oeuvre littéraire ayant valeur d'art, possédant son propre style.

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« et salue avec bonheur les Po~!Ms he!vétiennes (1782) du Doyen BRIDEL (1757-1845) .

Celui-ci n'aura désormais d'autre but que de permettre à tous les confédérés de se con­ naître et de prendre conscience de ce qui les unit.

Il y contribuera pour sa part avec une publication annuelle, les Etrennes helvétiennes (1783-1831).

Cependant la présence à Coppet de Germaine DE STAËL (1766-1817) et de Benjamin CoNSTANT (1767-1830), la société internationale dont ils s'entourent, l'importance qu'ils donnent aux littératures du nord et du midi, suggèrent aussi d'autr es champs d'investigation que celui de l'helvétisme : Charles-Victor DE BoNs­ TETTEN (1745-1832), de culture et de langue à la fois allemandes et françaises, décrit l'Italie moderne dans son Voya11e sur la scèn e des six derniers livres de l'Enéide (1805) et fait la syn­ thèse des observations psychologiques dont de nombreux voyages ont été pour lui l'occasion dans l'Homme du Midi et l'Homme du Nord (1824).

Simonde DE SISMONDI (1773-1842), avant de se tourner vers l'économie et la sociologie, contribue avec sa Littérature du Midi de l'Eu­ rop e (1813) à développer l'intérêt pour les lit­ tératures étrangères; son Histoire des Républi­ ques italiennes (1807-1817) et son Histoire des Français (1821-1842) ouvrent la voie aux re­ cherches des Guizot, des Barante , des Thierry : « c'est notre père », disait de lui Michelet à Quinet.

DE 1830 A 1900 Au début du xrx• siècle, Genève, le Pays de Vaud, Neuchâtel se constituent en cantons, qui, tout en entrant dans la Confédération suisse, affirment leur personnalité morale et politique; cette indépendance nationale s'ac­ compagne d'un remarquable essor intellectuel.

Trois grands noms illustrent alors les lettres romandes : Vinet, Tiipffer, Juste Olivier.

Alexandre VINET (1797-1847), tour à tour professeur de théologie et professeur de litté­ rature française, associe de façon étroite les problèmes de religion, de politique, d'art et de morale; la critique est pour lui « une étude de psychologie chrétienne », et il voit avant tout dans la littérature un miroir du cœur humain, qui reflète parfois aussi quelque rayon de la lumière divine.

Son originalité tient dans l'acuité de son regard, dans la fi­ nesse et dans l'indépendance de ses jugements.

L'œuvre de Vinet est faite de ses cours et des articles qu'il a publiés pendant seize ans au Semeur, hebdomadaire protestant de Paris.

On en retiendra plus particulièrement les Etudes sur Pascal, admirable exemple de critique fondée sur la sympathie.

Rodolphe TiiPFFER (1799-1846) apporte la note, nouvelle dans la littérature romande, de l'humour.

Une observation à la fois candide et malicieuse, une imagination habile à ména­ ger les « cascades d'incidents », un sens déli­ cat de la beauté des paysages, une langue pri­ mesautière et pittoresque font des Nouvelles genevoises (1841) des chefs-d'œuvre du récit.

Dans les Voyag es en zigzag (1844-1854), qui narrent les excursions organisées pour les élè­ ves de la pension Tiipffer , à la verve de l'écri­ vain s'ajoute le charme de croquis et de cari­ catures dont l'art sera poussé à la perfection dans les Albums : M.

Jabot, M .

Crépin, M.

Vieux-Bois .

Avec le roman du Presbytère (1839), dont la tonalité rappelle la Nouvell e Héloïse, Tiipffer s'est essayé à tracer une fres­ que de la société genevoise : il était peu à l'aise avec de vastes sujets, et la nouvelle qui est à l'origine du roman vaut davantage, dans sa brièveté, que l'œuvre de longue haleine· mais l'une et l'autre ont le mérite et l'intérêt de traiter une matière purement locale.

C'est de cette matière seule que Juste OLIVIER (1807- 1876) s'est s e rvi pour tenter c d'élev er un monument à sa patrie ».

« Un génie est caché dans tous ces lieux que j'aime » : le cerner, le saisir, le communiquer, tel est le propos de son œuvre poétique, !e s Ohansons loin­ taines (1847), le s Ohansons du Soir (1867), comme de son histoire du Oanton de Vaud (1837) qui n'est pas sans rappeler Michelet tant par sa méthode que par sa manière .

Le style lui faisant trop souvent d é­ faut, il illustra le mot de Saint e-Beuve sur les Vaudois : « On est poète ic i, on y est peu artiste ».

N'en est-il pas de même avec Henri-Frédéric AMIEL (1821-1881) ? Ce philosophe de vaste culture, ce psychologue perspicace, ce critique indépendant n'a-t-il pas cédé à la facilité en se bornant à transcrire jour après jour pen­ dant près de trente-cinq ans les élans et les retombements de sa pensée et de son cœur ? Du moins ce monstrueux monologue intérieur qu'est le Journal intime a-t-il l'intérêt d 'une expérience unique .

En s'interrog eant en 1849 sur « le mouve­ ment littéraire en Suisse romande », Amie!, trop proche sans doute des œuvres d'un Vi­ net, d'un Tiipffer et d'un Olivier pour en me ­ surer l'originalité, ne voyait qu' « un corps qui cherche une âme ».

Ces tâtonnements, qui ne vont pas sans égarements, caractérisent surtout, nous semble-t-il, la deuxième partie du siècle.

Si un Eugène RAMBERT (1830-1886), observateur attentif et sensible des paysages et de la vie de la montagne dans ses Alpes suisses (5 vol., 1865-1875) met ses qualités de critique au service des Ecrivains nationaux (1874), en particulier d'Alexandre Vinet et de Juste Olivier dont il écrit les biographies (pu­ bliées respectivement en 1875 et 1877) , si un MARc-MoNNIER (1829-1885) avec son ouvrage sur Genève et ses poètes (1874) s' efforce d'atti­ rer l'attention des lecteurs français sur la lit­ térature de sa ville d'adoption , un Victor CHERBULLIEZ (1829-1899), un Edouard Ron (1857-1910) s'établissent à Paris et se font pa-. »

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