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Locke: Le droit de propriété est-il une entrave à la vie en société ?

Publié le 10/03/2005

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La raison pour laquelle les hommes entrent en société, c'est qu'ils veulent sauvegarder leur propriété ; la fin qu'ils se proposent lorsqu'ils choisissent et habilitent un pouvoir législatif, c'est de faire adopter des lois et établir des règles, qui servent de protection et de clôture à la propriété dans la société entière, de façon que chaque élément, ou chaque membre de celle-ci, détienne seulement un pouvoir limité et une autorité tempérée. En aucun cas, on ne saurait imaginer que la société veuille habiliter le pouvoir législatif à détruire l'objet même que chacun se proposait de sauvegarder quand il s'est joint à elle et que le peuple avait en vue quand il s'est donné des législateurs de son choix ; chaque fois que les législateurs tentent de saisir et de détruire les biens du peuple, ou de le réduire à l'esclavage d'un pouvoir arbitraire, ils entrent en guerre contre lui ; dès lors, il est dispensé d'obéir et il n'a plus qu'à se fier au remède que Dieu a donné à tous les hommes contre la force et la violence. Aussi, dès que le pouvoir législatif transgresse cette règle fondamentale de la société, dès que l'ambition, la peur, la folie, ou la corruption, l'incitent à essayer, soit de saisir lui-même une puissance qui le rende absolument maître de la vie des sujets, de leurs libertés et de leurs patrimoines, soit de placer une telle puissance entre les mains d'un tiers, cet abus de confiance le fait déchoir des fonctions d'autorité dont le peuple l'avait chargé à des fins absolument opposées ; le pouvoir fait retour au peuple, qui a le droit de reprendre sa liberté originelle et d'établir telle législature nouvelle que bon lui semble pour assurer sa sûreté et sa sécurité, qui sont la fin qu'il poursuit dans l'état social. Ce que je viens de dire du pouvoir législatif en général s'applique aussi à l'exécuteur suprême; il est chargé d'une double mission, celle de participer à l'activité législative et celle d'assurer l'exécution suprême des lois ; il faillit à l'un et à l'autre devoir, s'il tente d'ériger l'arbitraire de sa volonté personnelle en loi de la société.
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« institué auparavant par un contrat ? En quel sens l'extrait nous fait-il comprendre que non seulement le peuple a ledroit de résister à l'oppression, mais encore que ce droit est un droit naturel ? Mouvements du texte Il semble que nous puissions identifier trois principaux mouvements de l'argumentation lockéenne : - 1er MOUVEMENT : Ce 1 er mouvement s'étend du début du texte jusqu'à « législateurs de son choix ». Dans ce 1 er temps de l'argumentation, Locke entreprend de définir quelles sont les fins qui ont poussées le peuple à laisser leur autorité à l'Etat.

Il soulève donc d'emblée la contradiction qu'il y aurait si l'Etat faisait lecontraire de ce pour quoi il aurait été préalablement instauré. - 2e MOVUEMENT : Ce 2 nd mouvement s'étend de « chaque fois que les législateurs » jusqu'à « fins absolument opposées ».

Il tire ici les conséquences de cette contradiction flagrante qu'il a soulevéeprécédemment, à savoir le droit légitime, pour le peuple, de se retourner contre l'Etat qu'il avait jadisinstauré. - 3e MOUVEMENT : Ce 3 e et dernier mouvement s'étend de « le pouvoir fait retour au peuple » jusqu'à la fin de l'extrait.

Enfin, Locke définit les conditions d'une nouvelle législature, en soulignant de quelle naturepourrait être l'abus exécutif. Explication détaillée - 1er MOUVEMENT « La raison pour laquelle les hommes entrent en société, c'est qu'ils veulent sauvegarder leur propriété ; la fin qu'ils se proposent lorsqu'ils choisissent et habilitent un pouvoir législatif, c'est de faire adopter des lois et établirdes règles, qui servent de protection et de clôture à la propriété dans la société entière, de façon que chaqueélément, ou chaque membre de celle-ci, détienne seulement un pouvoir limité et une autorité tempérée.

En aucuncas, on ne saurait imaginer que la société veuille habiliter le pouvoir législatif à détruire l'objet même que chacun seproposait de sauvegarder quand il s'est joint à elle et que le peuple avait en vue quand il s'est donné deslégislateurs de son choix ; » · Les fonctions du gouvernement civil sont déduites des conditions de sa formation, c'est-à-dire de la structure de l'Etat de nature et des raisons qui conduisent les hommes à se constituer en corpspolitique.

Locke rejette toute idée de subordination, et avec elle le lien qu'elle maintient entre lesrelations entre les hommes et les relations entre les hommes et les créatures inférieures.

Une coupureentre les deux catégories, est établie, institutionnalisée.

Quant aux hommes, il n'y a pas entre eux dedifférence inhérente, pas de hiérarchie : ils sont tous libres et égaux aux yeux de Dieu.

Laproblématique de Locke est antihiérarchique : la liberté naturelle suppose à la fois l'indépendance etl'égalité ; elle subordonne l'autorité politique au consentement.

Il défend l'idée que les hommes sontoriginellement libres et égaux et que l'origine des gouvernements réside dans une libre association.

Ils'oppose donc à la théorie de la monarchie de droit divin. · L'état de nature est présenté comme une période heureuse de communisme primitif, comme un état de liberté, mais non de licence pour s'achever sur une théorie de l'origine du gouvernement civil,proche de celle de Hobbes, même si elle fonde une conception plus libérale de l'autorité politique.

PourLocke, comme pour Hobbes, l'origine du gouvernement et de la société civile réside dans la nécessitéde sortir de l'incessant conflit qui naît de la loi de nature elle-même, c'est-à-dire du droit de chacun àfaire ce qui lui semble convenable pour assurer sa conservation. · La sauvegarde de la propriété est donc le moteur, la raison, ou pour le dire encore autrement la cause de l'entrée des hommes en société.

Comprenons donc que l'ensemble des règles et loisadoptées doit aller dans le sens de cette nécessité de sauvegarde de la propriété de chacun.

Del'instauration du peuple en peuple à l'instauration de l'Etat comme tel, tout est légitimé en raison decette sauvegarde nécessaire de la propriété de chacun.

Tout l'ensemble législatif est ordonné à lasauvegarde de la propriété de chacun.

Et c'est pour cela que l'autorité est à la fois « limitée » et« tempérée » puisqu'elle n'est légitime et n'a de sens qu'en vue, et seulement en vue, de cettesauvegarde. · C'est dans cette perspective que Locke entreprend de mettre au jour une contradiction flagrante : une société ne saurait, avec raison, autoriser et légitimer un pouvoir qui aurait pour conséquences dedétruire ce en vue de quoi il doit être instaurer, à savoir encore une fois la propriété de chacun.

Laseule motivation qui fait passer le peuple de l'état de nature (qui est, on l'a vu dans les élémentsd'introduction) à l'état civil, c'est la nécessité de sauvegarder la propriété de chacun : on ne sauraitdonc concevoir autrement un Etat qui la détruirait que comme illégitime.

On comprend alors, danscette perspective où tout est ordonné à la sauvegarde de la propriété de chacun, que c'est un droitnaturel de résistance à l'oppression qui peut ainsi être défini.. »

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