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Qu'est-ce qui permet d'affirmer qu'une loi est juste ?

Publié le 25/03/2004

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  • a) Un constat : Il est des lois qui peuvent paraître injustes : la loi qui instaure l'esclavage n'est-elle pas injuste ? Et la révolte de l'esclave qui, contre la loi, secoue le joug de son servage n'est-elle pas juste ? Inversement, une action injuste pourra être légale, par exemple la mise à mort de l'esclave par son maître.
  • b) Le problème : On peut dans ces conditions se demander ce qui permet d'affirmer qu'une loi est juste ou injuste. Mais cette question ne prend tout son sens que si la justice ne peut se réduire à la loi. Sinon elle reviendrait à se demander ce qui permet d'affirmer qu'une loi est légale. Il convient donc de rechercher s'il existe une justice indépendamment des lois, ou si au contraire il n'existe pas de justice mais seulement des lois.

 

■ Il est des lois qui peuvent paraître injustes : la loi qui instaure l'esclavage n'est-elle pas injuste? Et la révolte de l'esclave qui, contre la loi, secoue le joug de son servage n'est-elle pas juste? Inversement, une action injuste pourra être légale, par exemple la mise à mort de l'esclave par son maître.

  • 1) La justice existe au-delà des lois.
  • 2) Le rejet d'une justice en soi.
  • 3) Un dépassement de la justice et de la loi.

« établies par les hommes lors du contrat social mettant fin à la guerre de tous contre tous, cad par des mots.

Dansl'état de nature tout est juste dans la mesure où le juste est tout ce qu'un individu peut désirer pour saconservation.

Il n'y a de justice que dans la vie sociale, et les lois, qui se proposent uniquement de régir les actionshumaines et non les consciences, ne se fondent nullement sur un bien ou un juste transcendantal.

11 n'existe nidroit naturel ni justice en soi.

La justice n'est que le fruit d'un calcul rationnel amoral.• Ainsi peut-on réduire « l'essence de la justice » à « l'autorité du législateur » ou à « la coutume présente »,comme l'ont fait, selon Montaigne (cf.

Apologie de Raymond de Sebond), le célèbre sophiste Protagoras d'une part(cf.

Platon, Théétète, 177 a : « Pour le juste et l'injuste, le saint et l'impie, ses partisans assurent que rien de toutcela n'a par sa nature une essence qui lui soit propre, et que l'opinion que tout un État s'en forme devient vraie parcela seul et pour tout le temps qu'elle dure »), et les cyrénaïques d'autre part (cf.

Diogène Laërce, à propos de ladoctrine de Théodore : « Le sage pouvait aussi à l'occasion commettre un vol, un adultère, un sacrilège, car aucunde ces actes n'est laid par nature, si l'on enlève l'opinion vulgaire qui résulte de la réunion des sots », Vies, coll.

CF.,I, p.

138).La justice, nécessairement humaine, n'est donc justifiée ni en nature ni en raison et son seul fondement est « d'êtrereçue » (cf.

Pascal, sujet 73).

En d'autres termes, elle est arbitraire. b) HumeOn pourra noter que Hume refuse également d'admettre une justice éternellesans pourtant la réduire aux lois ni en faire un produit de la Raison.

« C'estuniquement de l'égoïsme de l'homme et de sa générosité limitée en liaisonavec la parcimonie avec laquelle la nature a pourvu à la satisfaction de sesbesoins, que la justice tire son origine » (Traité de la nature humaine.

III, 11,2e).

Ainsi « le sens de la justice ne se fonda pas sur la raison ou sur ladécouverte de certaines connexions ou relations d'idées qui sont éternelles,immuables et universellement obligatoires » (id.) Il suffirait que les conditionsde la nature humaine ou de son milieu changeassent pour que le sens de lajustice disparaisse.

Aussi le sens de la justice « n'est pas naturel à l'esprit del'homme » mais se fonde sur des conventions et sur l'éducation.

Humes'oppose cependant à Hobbes en ce sens que, pour lui, la convention de lajustice n'est pas un contrat, mais relève du spontané vécu, non d'unesoumission par crainte de la violence, mais d'une concordance d'actionspositives. c) Conclusion et transition Si, avec Épicure et Hobbes, on admet qu'il n'existe ni justice transcendante nijustice naturelle, mais qu'il n'y a de justice que dans et par la loi, il est clairqu'on ne peut dire d'une loi qu'elle est juste ou injuste, puisque c'est la loi quidéfinit le juste.Mais peut-on se satisfaire d'une telle vue ? Ne conduit-elle pas à légitimer toute autorité en place, même tyranniqueet totalitaire ?. »

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