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La loi peut-elle dire la morale ?

Publié le 01/10/2005

Extrait du document

morale
Dans le chapitre XIV du Léviathan il écrit que « Une LOI DE NATURE est un précepte ou une règle générale trouvée par la raison selon laquelle chacun a l'interdiction de faire ce qui détruit sa vie, ou qui le prive des moyens de la préserver, et de négliger de faire ce par quoi il pense qu'elle serait le mieux préservée. » Les lois naturelles constituent ainsi les conclusions que la raison élabore concernant ce qui mène à la conservation de soi. Elles élaborent les préceptes de la raison qui instruisent les hommes au sujet de ce qu'il faut qu'ils fassent pour éviter les périls et assurer au mieux leur conservation. Les lois de nature ont donc rapport plus avec l'intérêt égoïste qu'avec la morale. Hobbes résume ces lois en une seule dans le chapitre XV du Léviathan : « ne fais pas à un autre ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît à toi-même. » b) Toutefois, ces « lois naturelles » ne valent pas sans la société civile et le droit. Dans l'état de nature, « l'homme est un loup pour l'homme » ainsi qu'Hobbes l'écrit dans la dédicace du De cive. Dans de telles conditions, l'individu n'a pas intérêt à respecter les lois de nature car il n'est pas sûr que les autres les respecteront également. Ainsi les lois de nature sont alors inefficaces. Dès lors priment les passions qui épuisent les hommes dans une guerre de tous contre tous.
Analyse du sujet :
Morale : La morale a principalement pour objectif de répondre à la question : « comment dois-je me conduire ? « Elle est constituée de normes communes et intériorisées qui permettent de juger les actions. La morale que nous connaissons vient du monde antique, particulièrement du stoïcisme. Elle a ensuite été façonnée par le christianisme et elle connaît un nouveau visage comme morale impérative avec Kant, qui insiste sur l’importance des principes d’universalité et d’impartialité. Enfin, elle se continue sous l’influence de l’utilitarisme, d’où découle l’éthique de la responsabilité. Depuis Paul Ricœur, on distingue parfois la morale de l’éthique. La morale serait ainsi associée aux valeurs universelles héritées, alors que l’éthique serait plus à même de répondre aux problématiques individuelles. Suivant les différentes théories, la morale peut être guidée par le bien, le bonheur ou le devoir. Pour les doctrines qui placent le bien au-dessus de tout, ce dernier doit être recherché en tant que tel car il est la perfection, ce qui est bon en soi et pour soi. Le bien est alors souvent considéré comme un principe d’ordre. Pour les philosophies qui s’appuient sur le bonheur, seul ce dernier peut motiver nos actions et nos désirs, et il serait absurde de vouloir rompre avec cette recherche du bonheur qui constitue la tendance naturelle de l’homme. La morale est donc ce qui incarne le moyen le plus certain de parvenir au bonheur, et c’est pourquoi il faut y souscrire. Enfin, pour les morales du devoir, c’est le respect, principe fondamental, qui différencie l’homme des autres membres de la création qui motive l’être humain accompli. Ce respect est celui du devoir et c’est donc le devoir qui doit primer pour accorder l’homme avec sa nature profonde.
Loi : Dans le domaine juridique, une loi est une règle obligatoire, édictée par une autorité souveraine et qui établit les comportements que doivent respecter les individus au sein d’une société. Le droit part généralement du postulat que les individus ne peuvent parvenir à s’imposer d’eux-mêmes les contraintes qui seraient nécessaires pour réussir la vie en collectivité. On considère en effet la plupart des individus comme étant trop « passionnels « pour pouvoir oublier leurs intérêts égoïstes. Ainsi, le droit prescrit-il des lois qui obligent les individus à certaines actions et qui permettent à la société de punir ceux ou celles qui voudraient s’y soustraire. Le but des lois est donc le bon fonctionnement de la société. Ce qui pose cependant problème, et qui peut empêcher le droit d’effectuer son œuvre, c’est la question de la légitimité du droit. Sur quoi se fonde le droit et d’où tire-t-il le respect qu’on lui accorde ? Il se peut que le droit ne soit que l’institutionnalisation d’un rapport de force et qu’il semble donc injuste (thèse marxiste). Il se peut également que le droit tire sa légitimité de divinités. Le droit peut aussi résulter d’une réflexion rationnelle des hommes qui aboutirait à une sorte de contrat. Enfin, le droit peut aussi être le fruit de la morale. Dans tous les cas, le droit prétend viser la justice et il ne peut donc totalement faire fi de la morale. Reste à savoir dans quelle mesure le droit respecte réellement la morale, si la morale peut vivre en accord avec le droit, et encore s’il est certain que la morale n’est pas qu’un artifice résultant de l’intériorisation du droit.
Problématisation :
Si la loi pouvait dire la morale, si la loi décidait de ce qui était bien ou mal, ne faudrait-il pas concéder immédiatement que la morale n’existe pas ? En effet, le bien et le mal sont par définition des valeurs inscrites dans l’éternité qui ne peuvent résulter de décisions humaines. Penser que l’homme puisse choisir ce qu’est le bien ou ce qu’est le mal, c’est anéantir la morale. Cependant, si la loi n’avait pas de pouvoir moral, alors d’où viendrait la morale ? Comment aurions-nous connaissance d’elle ? Tout le problème consiste à savoir lequel, de la morale ou du droit, doit et peut être subordonné à l’autre.
 

morale

« inefficaces.

Dès lors priment les passions qui épuisent les hommes dans une guerre de tous contre tous.

c) Cela étant, ce même instinct de conservation qui pousse chaque homme à attaquer son prochain avant qu'autruine l'attaque va amener l'homme à chercher à mettre fin à cet état de guerre.

L'homme va ainsi chercher à s'éleverau-dessus de ses passions.

C'est la raison qui permettra aux hommes de dépasser cet état de nature, car la raisonamène les hommes à écouter cette maxime plutôt que leurs passions : « ne fais pas à un autre ce que tu nevoudrais pas qu'on te fît à toi-même.

» ( Léviathan, chapitre XV) Les lois de nature nous invitent ainsi à chercher l'état civil, dans lequel seul il peut y avoir la paix, condition sine qua non pour que soient efficaces ces lois.

C'est la loi civile qui pourra ensuite imposer la morale, car, ainsi qu'il l'écrit dans le chapitre XXVI du Léviathan : « déclarer ce qu'est l'équité, ce qu'est la justice et la vertu morale, et faire en sorte que [les personnes privées] leur soientsoumises, cela requiert les ordonnances de la puissance souveraine, et que les châtiments soient ordonnés pourcelles qui les enfreindraient.

» On peut donc en déduire avec Hobbes que la morale n'existe pas en tant que telle,mais que le droit crée la morale pour faire respecter la société civile.

Transition : Pourtant, n'a-t-on pas l'impression qu'un sentiment moral existe en l'homme et qu'il préexiste à toute société ? La morale est un sentiment inné qui peut s'opposer au droit.

2. a) Lorsqu'on considère l'idée de bien, on ne peut cependant s'empêcher d'éprouver pour elle comme une sorte defascination, comme si elle prenait le dessus sur tout et qu'elle pouvait même justifier de rompre l'harmonie socialeparce que, justement, elle prévaudrait sur tout.

Ce sentiment moral qui naît dans le cœur des hommes doit-ilforcément être considéré comme constituant une illusion au service de la paix civile ? Il se peut qu'il faille aucontraire postuler qu'il existe une morale innée, une morale qui dépasserait l'utilitarisme de Hobbes.

b) C'est ce que fait Kant, qui considère que la morale est une loi de la raison et non de l'intérêt, une loi qu'il appelle la loi morale.

Il écrit dans la Critique de la raison pratique que : « La loi morale est donnée comme un fait de la Raison dont nous sommes conscients a priori et qui est apodictiquement certain, en supposant même qu'on ne puisse alléguer dans l'expérience aucun exemple où elle ait été exclusivementsuivie.

» On peut la postuler si l'on postule que l'homme est libre.

Or,considérer que l'homme est libre, c'est imaginer qu'il est capable des'affranchir des déterminations sensibles, par exemple en renonçant à l'intérêtpersonnel et au plaisir immédiat.

Si l'homme est capable ainsi de mettre enaction sa liberté, c'est parce qu'il est sensible à quelque chose de plus nobleque l'utilité.

Agir par intérêt, ce n'est en effet pas agir en homme libre, carc'est être poussé par une impulsion animale.

Selon Kant, cette chose quiserait supérieure à l'utilité, ce serait le sens du devoir qui nous enjoint à unrespect inconditionnel envers la loi morale.

La loi morale se formulant en cestermes : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle .

» ( Fondements de la métaphysique des mœurs , deuxième section) • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christiquequant à son fondement.

En effet le commandement d'amour du Christ vient del'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescritl'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de la raison.

C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notremoralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous commeune règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les«aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignitéhumaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le«devoir» est ressenti comme tel.

c) C'est pourquoi selon Kant, il faut obéir à la morale, quelles qu'en soient les conséquences sur notre bonheurpersonnel ou sur le bien de la société.

La morale ne se limite pas au domaine du bien-être public ou des intérêtspersonnels.

S'il existe des conventions permettant à la société de mieux fonctionner, il existe aussi quelque chosequi est supérieur à ces conventions.

Ce quelque chose, c'est ce qu'il appelle la morale, cette morale qui nous donneles critères du bien et du mal.

Nous sommes moraux parce que nous éprouvons du respect pour la loi morale, or la loimorale répond aux critères d'universalité et d'impartialité, et non aux exigences de l'intérêt, que ce soit l'intérêtindividuel ou l'intérêt de la société.

Pour Kant, le bien et le mal ne peuvent donc pas être dictés par des lois, ils sontinscrits dans les lois de la raison.

Transition : Quels rapports doivent donc entretenir la loi et la morale ? La loi ne doit pas dire la morale, car alors elle nie la morale en la transformant en un instrument. 3.. »

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