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Les lois de la nature sont-elles nécessaires ?

Publié le 23/03/2004

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Boutroux. De la contingence des lois de la nature.)   A)    L'idée de loi naturelle : le déterminisme.   Si devant n'importe quel phénomène naturel l'esprit a tendance à se demander « pourquoi », parvenu à la maturité scientifique, il réduit ses exigences. Il cherche seulement « comment » se produisent les phénomènes, autrement dit selon quelles lois, dans quel ordre. La loi est le « rapport nécessaire entre les phénomènes ». On a dit que l'idée de loi naturelle est « tombée du ciel sur la terre » ce qui signifie que l'idée de loi vient de l'astronomie. C'est en effet ans le domaine de l'astronomie qu'on s'aperçoit d'abord que les phénomènes naturels se produisaient d'une façon ordonnée, régulière, ce qui permit de prévoir exactement certaines manifestations comme les éclipses. Citons par exemple la première loi de Kepler énoncée en 1609 dans son « Astronomia nova » : « chaque planète décrit dans le sens direct une ellipse dont le soleil occupe un des foyers ». Le génie de Galilée a consisté à introduire l'idée de loi en physique.

« On a donc un monde orienté de façon absolue.

Non seulement la Terre est le centre du monde, mais chaquechose a sa place naturelle, chaque élément son lieu naturel.

Ainsi la pierre est attirée par la terre, et yretombera toujours si on la lance, ainsi le feu « monte » vers son lieu naturel, l'éther.

Cette vision du mode est celle d'un cosmos, clos, achevé, hiérarchisé.

Chaque chose, dont l'homme, y a sa place et sa fonction. Enfin, cette vision, qui est celle que les contemporains de Galilée reçoivent d' Aristote , interdit que l'on fasse de la physique mathématique.

La physique s'occupe des corps concrets & naturels.

La mathématique s'occuped'objets abstraits.

On ne trouve pas sur Terre d'objets parfaitement sphériques comme ceux qu'étudient lesmathématiques, on ne trouve pas dans la nature où tout est en trois dimensions de cercle censé se situerdans un espace à deux dimensions, puisque le cercle mathématique n'a pas d'épaisseur. Avec les découvertes de Galilée , tout change.

Galilée est le premier à avoir l'idée de pointer la lunette récemment découverte sur le ciel.

Il découvre des tâches solaires, des volcans et des cratères lunaires, etmontre que la voie lactée est faite de milliers d'étoiles.

C'est donc que le monde supralunaire n'est pas parfait,immuable, incorruptible.

Ces cratères et ces tâches sont le signe qu'il y a changement, génération & corruptionpartout dans l'univers. Galilée est le premier à formuler correctement la loi de la chute des corps, à calculer le rapport de la distance parcourue par un objet qui tombe, le temps de la chute et sa vitesse.

Il montre alors deux choses : Ø Il n'y a pas de lieu naturel des corps, la notion de mouvement est relative à la place et au mouvement decelui qui observe.

Par exemple si un marin en haut d'un mât laisse tomber une pierre sur le bateau, il verrala pierre tomber en ligne droite.

Mais un observateur sur un pont verra la pierre tomber suivant uneparabole.

Ou encore si je suis dans un train, j'ai l'impression d'être immobile et que les objets hors du trainse meuvent ; Ø On peut exprimer le mouvement des corps et prévoir leur chute grâce à une formulation mathématique.Les mathématiques peuvent servir de « langage » pour décrire la réalité concrète des corps physiques. Enfin, Galilée en vient à soutenir que Copernic avait raison : la Terre n'est pas au centre du monde ; elle n'est pas immobile.

C'est le soleil qui est au centre du monde, et la Terre tourne autour de lui et sur elle-même.De plus, le monde n'est certainement pas fini, mais infini. Avec toutes ces découvertes, c'en est terminé du monde tel que l'Antiquité puis le Moyen-Age se lereprésentaient.

Galilée ouvre une crise extrêmement grave : toute une vision du monde s'écroule.

L'homme perd sa place au centre du monde.

Il n'a plus de fonction définie au sein du monde hiérarchisé et fini : il est surune planète comme une autre, perdu dans une infinité.

Il n'a plus de monde à imiter : la nature n'est plus qu'unlivre froid, désenchanté, accessible à l'abstraction mathématique. Pour les anciens, le monde était « plein de dieux » ( Héraclite ), pour les chrétiens médiéval, il chantait la gloire de Dieu par sa beauté, son ordre, sa perfection.

Pour les savants de XVII ième siècle, il est « écrit en langage mathématique », dans la froide abstraction des figures géométriques.

Il ne parle plus au coeur de l'homme, il ne l'entretient plus de la gloire de Dieu, il faut, au contraire, péniblement le déchiffrer grâce à la langue la plusrationnelle et la plus glacée qui soit : les mathématiques.

Un accusateur de Galilée le dira ; si celui-ci a raison, nous ne sommes plus le centre du monde mais « comme des fourmis attachées à un ballon » : des êtres insignifiants sur une planète comme les autres. Ce sont Descartes & Pascal qui tireront les conséquences philosophiques et théologiques de cette révolution dans les sciences.

Ce sont eux qui comprendront qu'il faut absolument redéfinir la place de l'homme dans cemonde infini et glacé où rien ne lui indique ni son lieu ni sa fonction. B.

— Contingence des lois de la nature. — Une autre école soutient, avec plus de raison, que les lois de la nature sont contingentes.

Sans doute elles sont constantes et fatales : mais cette nécessité de fait n'a riend'absolu : elle est relative et conditionnelle.

Et cela peut être établi a priori et a posteriori. 1° A priori, les lois physiques sont contingentes.

Montrer, en effet, que :a) Leur valeur est relative à la nature de notre monde.

On conçoit la possibilité de l'existence d'un inonde régipar d'autres lois.

Ainsi la terre pourrait aussi bien tourner de l'est à l'ouest que de l'ouest à l'est.b) Les lois dépendent (les circonstances; elles sont donc essentiellement hypothétiques, et par suitecontingentes comme les circonstances elles-mêmes.

« La science ne dit jamais : A sera donné, donc B seradonné.

Mais elle dit : Si A est donné, B sera donné.

Quand le savant dit : le soleil se lèvera demain, il sous-entend : si toutes les causes restent les mêmes.

Quand il dit : Tel animal qui va naître aura quatre pieds, ilsous-entend : si les causes ordinaires sont restées les mêmes.

» (Rabier, Psych., p.

546.) 2° A posteriori, les lois physiques ne sont pas absolument nécessaires.

Montrer, en effet, que le déterminismede la nature n'est pas à ce point rigide qu'il ne puisse subir aucune déviation, aucune variation.

L'expérience leprouve :. »

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