Le loisir peut-il constituer un idéal de vie ?
Publié le 27/02/2004
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Dans les pays économiquement développés, la durée moyenne du travail a baissé de moitié en un siècle. Le loisir, qui peut se définir comme une activité de non-travail (le sommeil n'est pas un loisir), a changé de sens et de fonction : de marginal qu'il était, il tend à devenir central. Cela suffit-il à en faire un idéal de vie ?1. LA VICTOIRE DU PRINCIPE DE PLAISIRFace au travail, pris dans l'aliénation et la nécessité, le loisir représente la liberté. Face au travail soumis au principe de réalité, le loisir signifie la victoire du principe de plaisir.A - Le loisir, une fin en soi¦ Le loisir n'est pas l'inactivité : celui qui voyage ou jardine fait quelque chose, mais au lieu que ce faire soit un moyen au service d'un objectif autre, il constitue une fin en soi.¦ C'est pourquoi le jeu (qui est, parmi les loisirs, le plus important) paraît indispensable à l'équilibre de l'existence humaine : il est bon que l'être humain, au lieu d'être constamment tendu vers un plus tard qui peut n'arriver jamais, vive enfin dans le présent qui coule. Socrate jouait de la flûte avant de mourir pour jouer de la flûte avant de mourir : à la différence du travail, qui a toujours besoin de la justification par l'utilité, le loisir trouve son sens en lui-même et donne au temps qui passe sa véritable épaisseur.B - Une société de loisirs ?
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- Il est facile, comme on l'a souvent fait, de dégager des tragédies de Corneille un idéal moral « cornélien ». Définissez brièvement cet idéal et dites dans quelle mesure il serait, selon vous, applicable non pas seulement à des êtres d'exception, mais à la vie commune.
- En y mêlant de la fantaisie romanesque, Rabelais nous a donné dans l'abbaye de Thélème son idéal de vie. Des gens « libères, bien nés et bien instruits » y font « ce qu'ils veulent ». C'est-à-dire qu'ils lisent, étudient, écrivent en vers et en prose, chantent, se donnent des concerts, jouent et chassent, etc. Vous vous demanderez dans quelle mesure Montaigne se serait accommodé de la Thélème de Rabelais.
- Madame de Staël écrit on 1800 dans De la Littérature (Première Partie, chap. 11 ) : « Ce que l'homme a fait de plus grand, il le doit au sentiment douloureux de l'incomplet de sa destinée. Les esprits médiocres sont, en général, assez satisfaits de la vie commune: ils arrondissent, pour ainsi dire, leur existence, et suppléent a ce qui peut leur manquer encore par les illusions de la vanité: mais le sublime de l'esprit, des sentiments et des actions doit son essor au besoin d'échapper