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Lorsque je dis : « j'ai raison », mon interlocuteur n'a t-il plus qu'à se taire ?

Publié le 26/03/2004

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  Si une subjectivité peut dire le vrai, force est de constater que jamais les discussions ne se sont arrêtées : l'histoire des sciences et de la philosophie en témoigne.    II - Dire le vrai implique t-il la fin du dialogue ?     Proposition de plan :   I - Une subjectivité peut-elle dire le vrai ?   Dans le dialogue Ménon, Platon distingue l'opinion de l'opinion droite et de la connaissance. L'opinion peut se formuler sous la forme du « je pense que » et n'affirme pas nécessairement une vérité, bien que celui qui l'affirme puisse penser que son affirmation est vraie. Aucune certitude ne permet de fonder la vérité de l'affirmation. L'opinion droite est de même nature que l'opinion, mais, de plus, tombe juste : il y a coïncidence entre ce qui est affirmé et la vérité. Cependant, dans ce second cas, rien ne permet de fonder la vérité de l'affirmation en elle-même. Cette vérité ne peut qu'apparaître une fois qu'on a constaté la coïncidence. Platon prend à ce sujet l'exemple d'un homme qui prétend connaître la route qui mène à Larisse sans pourtant y être allé.

Le premier problème que nous rencontrons est le suivant : comment une subjectivité peut-elle légitimement affirmer « j’ai raison « ? I – Une subjectivité peut-elle dire le vrai ? Si une subjectivité peut dire le vrai, force est de constater que jamais les discussions ne se sont arrêtées : l’histoire des sciences et de la philosophie en témoigne.  II – Dire le vrai implique t-il la fin du dialogue ?

« II – Dire le vrai implique t-il la fin du dialogue ? Dans le cadre des dialogues platoniciens, à première vue, dire le vrai clôture l'interlocution : il n'y a plus qu'à setaire.

Mais considérons à nouveau en quoi cela consiste.

Nous avons dit qu'il fallait être capable de fournir la raisonde ce que l'on avançait.

Fournir la raison dévoile la coïncidence parfaite entre ce que nous disons et l'ordre de lavérité.

Pourtant demeure le problème de savoir comment on peut s'assurer qu'il s'agit d'une bonne raison. On comprend que le dialogue puisse se terminer par un « j'ai raison » s'il y a accord entre les interlocuteurs.

Maisceux-ci peuvent bien s'arrêter sur un point d'accord et pourtant tous les deux se tromper, dire le faux. Dans cette perspective, il est impossible de démontrer que ce à propos de quoi j'affirme que « j'ai raison » coïncideavec une vérité.

Dire le vrai n'entraîne donc pas nécessairement la fin du dialogue puisque nous ne pouvons bienêtre assurés que nous disons le vrai.

C'est ce doute permanent qui pousse mon interlocuteur à continuer le dialogueface au « j'ai raison ». Transition : Pourquoi conserver alors un ordre de la vérité auquel nous ne sommes jamais sûr de pouvoir accéder ? Plus encore :ne faudrait-il pas avoir déjà eu accès à cet ordre de la vérité pour pouvoir prétendre qu'il existe un ordre de lavérité ? En d'autre terme, la proposition : « la vérité existe » est-elle vraie et comment le savoir ? III – La poursuite du dialogue comme moteur d'une histoire de la vérité Michel Foucault, dans son Archéologie du savoir , montre qu'il y a une histoire de la vérité, et même une histoire des vérités.

Au sein de ce que Foucault nomme les discours , qui sont en réalités les textes, mais aussi les pratiques et les institutions, émergent des domaines ou sphère de vérité.

Les disciplines constituent une bonne illustration de ces domaines : la botanique, comme la physique constituent des sphères de vérités. Il n'y a donc pas comme chez Platon un ordre de la vérité qui transcende l'histoire mais des sphères de vérités quicoexistent dans l'espace et le temps.

Au sein de chaque sphère de vérité émerge la limite entre le vrai et le faux.Mais il est impossible de trancher sur la vérité ou la fausseté d'une proposition qui appartient à une sphère depuisune autre (par exemple la physique ne prétend pas que les propositions de l'économie politique sont fausses). Quelles en sont les conséquences pour notre problème ? Le dialogue semble pouvoir cesser dans une sphère devérité particulière, une fois que l'on a déterminé de quel côté de la limite entre le vrai et le faux propre à cettesphère on se situe.

Cependant, c'est l'affirmation d'une vérité qui n'a plus lieu d'être dans une sphère de vérité quien ouvre une nouvelle, dans laquelle la limite entre le vrai et le faux sera différente. Conclusion : Dans une perspective foucaldienne, face au « j'ai raison », poursuivre le dialogue est toujours légitime dans lamesure où : premièrement, le dialogue est l'instrument qui permettra au sein d'une sphère de vérité de trancher surla vérité ou la fausseté de ce qui est affirmé.

Deuxièmement, même si la vérité de ce à propos de quoi on dit « j'airaison » est avérée, poursuivre le dialogue peut toujours constituer l'ouverture d'une nouvelle sphère de vérité, ausein de laquelle vérité et fausseté s'opposeront de manière différente.

Par conséquent, s'il y a une histoire de laraison et des vérités comme Foucault le prétend : c'est bien la discussion qui en est le moteur.

Autrement dit,quand je dis : « j'ai raison », jamais mon interlocuteur n'a à se taire.. »

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