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LORSQUE LA VÉRITÉ DÉRANGE, FAUT-IL LUI PRÉFÉRER L'ILLUSION QUI RÉCONFORTE ?

Publié le 15/03/2004

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illusion

La formulation du sujet, et notamment le mot «préférer«, pourraient laisser entendre que l'on opte volontairement pour l'illusion. Or, précisément, celui qui est dans l'illusion ne sait pas qu'il y est. On ne préfère pas volontairement l'illusion à la vérité. Néanmoins, toute illusion est dans une certaine mesure auto-illusion : l'homme qui est dans l'illusion n'est pas trompé; il se trompe. En conséquence, on peut se demander s'il y a un devoir de faire face à la vérité, et de la reconnaître, qui serait comme le pendant du devoir de dire ou de faire connaître la vérité (une sorte de devoir épistémologique qui consiste, par exemple, à accueillir comme vrais les résultats de la recherche scientifique, pourvu qu'ils aient été vérifiés conformément aux règles de la vérification scientifique). D'autre part, on l'a dit, le propre de l'illusion est de s'ignorer comme telle. L'illusion n'est pas seulement l'asile de l'ignorance. Elle génère aussi des certitudes et des croyances. C'est là qu'est le risque : que les fausses certitudes de l'illusion étouffent la vérité.

illusion

« Pascal (Pensées).

Conscience tragique et divertissement : ce thèmepermettra de réfléchir sur le statut de l'illusion qui aide à vivre.

Ne pouvant,au sujet de sa condition, supporter la vérité, 'l'homme s'adonne audivertissement, qui, selon l'étymologie le détourne du tragique de sonexistence et de sa mort (cf.

« Le dernier acte est sanglant, quelque belle quesoit la comédie en tout le reste : on jette enfin de la terre sur la tête, et envoilà pour jamais ».

Pensées 210.

Classification Brunschvicg)Nietzsche (La Naissance de la tragédie).

Thème des « belles apparentes » queleur précarité ne saurait disqualifier.

La vie est apparence, si l'on veut, maisl'apparence a une valeur.Les formes qu'elle produit sont vouées à la destruction, au retour àl'indifférenciation originelle, et la conscience tragique les resitue dans lejaillissement créateur et destructeur à la fois de toute vie.

Apollon etDionysos, pour Nietzsche, symbolisent le monde de la belle apparence etl'ivresse créatrice de la vie : leur union contradictoire fait alterner création etdestruction, et chaque forme accomplie, référée au devenir qui l'a créée, estd'emblée saisie comme forme destinée à la mort, à la résorption tragique dansle flux du devenir.

La conscience tragique saisit la beauté de la forme, aimeles belles apparences d'un amour lui-même tragique car habité du savoir quasimétaphysique de leur disparition prochaine« Le mot d'apollinisme désigne la contemplation extasiée d'un monde d'imagination et de rêve, du monde de la belle apparence, qui nous délivre du devenir ; le dyonysisme, d'autre part,conçoit activement le devenir, le ressent subjectivement comme la volupté curieuse du créateur, mêlée ab courrouxdu destructeur ». APOLLON ET DIONYSOS A.

Le rêve et l'ivressePour bien caractériser l'opposition entre les deux états d'esprit, Nietzsche leur donne des noms de dieux : Apollonreprésente les arts plastiques (peinture, sculpture et architecture) et Dionysos représente les autres arts (poésieet, surtout, musique).

On peut les décrire par deux états de perte de la conscience, à savoir le rêve pour Apollon etl'ivresse pour Dionysos.

Dans l'illusion du rêve, la réalité du rêve est convaincante mais laisse cependant l'impressionde n'être qu'une apparence.

Comme le philosophe se plaît à voir dans la réalité sensible une apparence qui cacheune autre réalité, l'artiste apollinien voit dans la réalité du rêve également une apparence.À l'opposé du rêve, l'ivresse brise le principe d'individuation — à savoir ce qui fait que le sujet se perçoit comme unêtre unique, identique à soi — et fait perdre au sujet la maîtrise de soi ; celui-ci renoue alors avec la nature et sesimpulsions originaires.

« L' homme n' est plus artiste, il est devenu oeuvre d'art » (chap.

1, p.

30).L'artiste apollinien imite le rêve, l'artiste dionysiaque imite l'ivresse, la tragédie imite les deux à la fois.

L'ivresse desGrecs n'avait rien à voir avec les orgies barbares : ils se protégeaient du débordement (hubris) par la mesureapollinienne.

Les fêtes de Dionysos étaient des phénomènes d'art.

Mais ce fut un choc pour les Grecs de découvrirla division de l'être entre la nature et l'esprit, dans l'expérience de la musique dionysiaque (chap.

2). B.

L'apollinismeL'antique légende du roi Midas rapporte que le bien suprême pour l'homme serait de ne pas être né et que le seconddes biens, c'est de mourir bientôt.

« Le Grec connaissait et ressentait les terreurs et les atrocités de l'existence : etpour qu'en somme la vie lui fût possible, il fallait qu'il interposât, entre elles et lui, ces enfants éblouissants du rêveque sont les Olympiens » (p.

36).

L'horreur de l'existence est voilée par la médiation artistique.

Homère, « l'artistenaïf », en créant des héros et des dieux pleins de vie, a permis aux Grecs de se voir non pas souffrants, mais beauxet volontaires (chap.

3).L'illusion apollinienne est un mirage sublime.

Apollon donne la beauté aux formes, donne le sens aux rêves, confère àl'individu le sentiment de son unité.

La musique dionysiaque vient renverser ces valeurs en révélant la démesure dela nature (chap.

4).. »

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