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Lorsque la vérité dérange, faut-il préférer l'illusion qui réconforte ?

Publié le 04/02/2004

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illusion

La vérité désigne ici le savoir certain de quelque chose. Que la vérité dérange, voilà qui nous oblige à penser que la vérité, même scientifique, n'est pas dans le ciel de l'esprit pur. La vérité est aux prises avec des croyances, des dogmes, des préjugés. Elle n'est donc pas neutre, mais au cœur des lignes de force qui s'affrontent tant dans la vie mentale que sociale. L'illusion n'est pas une erreur pure et simple. La connaissance vraie ne la dissipe pas ; j'ai beau savoir que le bâton n'est pas tordu quand je le plonge dans l'eau, je ne peux m'empêcher de le voir tel. Comme l'indique le sujet, l'illusion se définit moins comme négation de la vérité que par une fonction positive qui serait de repousser une vérité connue. On dira en ce sens qu'elle n'est pas ignorance, mais plutôt méconnaissance. Dès lors, lorsque la vérité dérange, faut-il préférer l'illusion qui réconforte ?

illusion

« et souffrance et vérité de l'autre.

Il s'agira bien sûr d'interroger cette équivalence : n'est-ce pas une visionréductrice ? L'illusion est-elle toujours du réconfort ? Et la vérité toujours du côté de la souffrance. * De manière plus radicale encore, il s'agira de trancher un certain plaisir de l'ignorant contrel'ascèse, ou en tout cas la désillusion du spécialiste, de celui qui en tout cas, approche la vérité ? Enréalité c'est le statut de la connaissance véritable qui est ici mis à la question comme sourced'épanouissement et de bonheur humain.

* Il s'agira donc de s'interroger sur ce qui est préférable pour l'homme en général, c'est-à-dire dedroit et non seulement de faire : est-ce légitime de n'en rester qu'au stade de l'illusion sous leprétexte que la vérité fait souffrir ? En quoi, d'ailleurs, la vérité peut-être entendue comme source desouffrance ? Problématique Est-on en droit, sous prétexte que la vérité apporte de la souffrance, tant morale que physique, de luipréférer l'illusion qui nous berce dans une douce ignorance ? La vérité est-elle source de souffrance en elle-même ouseulement en tant qu'elle désillusionne l'homme sur le monde et les choses ? N'est-ce pas bien plutôt l'illusion, dansson caractère irréductible, qui peut être source d'illusion ? Il faut donc en réalité s'interroger sur le statut de la connaissance : la vérité est-elle apte à rendrel'homme heureux, c'est-à-dire est-elle la réalisation pleine et entière de la nature raisonnable de l'homme si ellen'apporte que souffrance ? Plan I- Une vérité contraignante · La vérité est en effet, sous plusieurs points de vue, source de souffrance.

Dans la pratique, il semble donc préférable d'opter pour garder ses illusions, qui ne demandent ni ascèse, ni douleur. · Contrainte formelle de la vérité tout d'abord.

En tant que la vérité s'exprime dans un discours vrai, elle nous impose les exigences de la logique.

Nous pouvons nous sentir contraints devant lepoids de conséquences qui découlent d'un principe, et de nos propres principes.

Nous noussentons contraints quand nous sommes mis en demeure de devoir surmonter nos proprescontradictions.

Nous sommes donc en souffrance, car dans la nécessité d'affronter les proprescontradictions de son esprit.

La vérité est donc un véritable effort, il s'agit de « se faireviolence », alors que, dans les faits, l'illusion est bien plus douce et réconforte, car elle nedemande que notre assentiment. · Cf.

: « La vérité porte en elle-même un élément de coercition, et les tendances fréquemment tyranniques si déplorablement manifeste chez les diseurs de vérité professionnels peuvent êtredues moins à un défaut de caractère qu'à leur effort pour vivre habituellement sous une sorte decontrainte.

Des affirmations comme "la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits', 'laterre tourne autour du soleil', 'mieux vaut souffrir le mal que faire le mal', 'en août 1914 l'Allemagnea envahi la Belgique' son très différentes par la manière dont elles ont été établies, mais une foisperçues comme vraies et déclarées telles, elles ont en commun d'être au-delà de l'accord, de ladiscussion, de l'option, du consentement.

Pour ceux qui les acceptent, elles ne sont paschangées par le nombre grand ou petit de ceux qui admettent la même proposition; la persuasionou la dissuasion était sont inutiles car le contenu de l'affirmation n'est pas d'une nature persuasivemais coercitive ».

La crise de la culture, Hannah Arendt · Contrainte matérielle du vrai, du fait que l'on doit regarder en face, ce qui est.

Il est assez désagréable parfois de devoir accepter des faits, de devoir s'incliner devant la justesse d'unjugement qui est peu favorable à ce que nous avons cru tout d'abord, ou à ce que nous avonsvoulu soutenir.

La vérité exige que nous cessions de nous dérober devant ce qui est, elle veutêtre regardée en face.

Quoi de plus contraignant quand nous nous faisons une toute autre idée ?Il y a des faits que nous ne voudrions pas voir et des torts que nous ne voulons pas reconnaîtreet pourtant la lucidité demande d'ouvrir les yeux. II- Mais cette souffrance élève l'homme · Pour autant, l'illusion en tant qu'elle montre un rapport inné de confiance, constitue le rapport spontané de l'homme au monde et à lui-même.

Nous prenons le monde pour ce qu'il se donne, nouscroyons autrui, nous nous fions à nos sentiments ou nos impressions.

C'est ce premier élan quevient contrarier l'expérience de l'illusion : ayant été abusée, notre confiance naturelle se trouveébranlée.

Une telle déconvenue provoque une crise qui peut mener au repli sur soi et audécouragement : que l'illusion soit possible semble invalider par avance toute prétention àatteindre le vrai ou à prendre appui sur quelque certitude que ce soit.

Aussi le thème de l'illusionnourrit-il les doctrines sceptiques dont la sagesse désabusée recommande comme seule attitude. »

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