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Louis Leprince-Ringuet, Science et Bonheur des hommes

Publié le 24/04/2011

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« Lorsque les planificateurs posent aux éducateurs le problème en termes économiques : fournir aux populations en âge de travailler les qualifications nécessaires pour exercer les métiers qui leur seront demandés dans l'avenir, la réponse n'est pas facile à donner. On peut prévoir à la rigueur des techniques à court terme, disons à cinq ans de distance, mais c'est déjà bien incertain à dix ans et sur le plan de la technique elle-même et sur celui du nombre des techniciens...    « Mais l'éducation ne doit pas se poser seulement en termes économiques. Elle doit correspondre aussi à une formation de l'esprit. Culture générale? Que cache cette locution utilisée à gogo, bradée mais toujours mal définie? Où se situe la nécessité impérieuse?    « C'est une évidence que la formation générale doit essentiellement permettre au jeune d'être adapté à sa future existence, d'évoluer avec son temps et d'atteindre un niveau de possibilités suffisant pour être un homme heureux et non un « recalé «, aigri, rejeté de la société. Un homme comprenant les exigences du moment, connaissant bien une technique, mais susceptible de suivre, non seulement les évolutions technologiques, mais aussi les transformations humaines, culturelles, intellectuelles qui les accompagnent nécessairement. Un homme qui, de plus, aura été formé dans une direction d'accueil, s'émerveillant des nouveautés, aimant la réalité du jour. Cet homme aura toutes les chances d'être heureux, et on peut le dire cultivé.    « Mais de qui peut-on dire : cet homme est réellement, profondément cultivé?... Il est difficile de cerner la notion de culture. Nous sentons bien qu'elle doit correspondre à un équilibre de l'homme dans la vie moderne, à une possibilité de s'adapter, d'être heureux ; mais quelle attitude prendre? L'une des caractéristiques de notre existence est sa complexité. Autrefois on pouvait réfléchir et réagir seul. Ce n'est plus possible actuellement. De même que dans les techniques on ne peut pas construire seul un objet moderne, de même pour le jugement que nous avons constamment à donner sur les choses, les événements, les gens, on doit s'associer, avoir des amis en qui on a confiance, les rencontrer souvent. La culture passe aujourd'hui par un réseau de personnalités.    « Tout est si complexe! La situation du Viêt-Nam, la retraite à soixante ans, l'Irlande, le Moyen-Orient, l'orientation de ses enfants, l'option politique, le divorce, la peine de mort, la croissance économique, l'Europe, sans compter les problèmes de la réflexion sur sa destinée, de la foi, de l'âme et du corps. Plus le monde bouge, plus nous avons besoin d'être épaulés. Mais l'action personnelle est aussi fondamentale. Nous cultiver, c'est en grande partie préparer notre esprit à accueillir la réalité, à ne pas mettre entre nous et ce qui nous entoure et nous choque a priori une barrière infranchissable, c'est nous former, par une culture générale, par un développement de l'esprit d'accueil, car, attention! ce n'est pas une question purement intellectuelle, la culture n'est pas réservée à l' « intelligenzia «. On rencontre dans tous les milieux des gens possédant les éléments d'une véritable culture ; le cœur joue un rôle éminent dans l'accueil et dans la prudence.    « Mais qui dit amour associe la générosité à la sagesse, à la réflexion. C'est cette synthèse entre l'esprit d'accueil et l'esprit de prudence qui constitue à mon sens, lorsqu'elle est réussie, la véritable culture. Elle exige une longue formation, une véritable ascèse intellectuelle et spirituelle. «    Louis Leprince-Ringuet, Science et Bonheur des hommes.    Vous ferez d'abord, suivant votre préférence, soit un résumé soit une analyse de ce texte; puis vous y choisirez une question à laquelle vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données et vous exposerez vos propres vues sur le problème que vous aurez retenu.

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