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Luxembourg

Publié le 11/04/2013

Extrait du document

luxembourg
1   PRÉSENTATION

Luxembourg, en luxembourgeois Letzebuerg, pays d’Europe occidentale. Sa capitale est Luxembourg.

Le Luxembourg est bordé par la Belgique au nord et à l’ouest, par l’Allemagne à l’est et par la France au sud.

2   MILIEU NATUREL
2.1   Relief et hydrographie

La superficie du Luxembourg est de 2 586 km². C’est, après Malte, le deuxième pays le plus petit de l’Union européenne. Il mesure au maximum 82 km du nord au sud et 57 km d’est en ouest (soit deux fois moins qu’un département français). Situé au cœur de l’Europe occidentale, il appartient géographiquement au bassin de la Moselle, qui sert de frontière à l’est avec l’Allemagne sur 40 km. Son principal affluent, la Sûre (Sauer), traverse le pays d’ouest en est, tandis que l’Alzette le draine du sud au nord.

On peut diviser le Luxembourg en deux régions distinctes : au nord, l’Oesling, et au centre et au sud, le Gutland. Couvrant un tiers du territoire, l’Oesling (Ösling) est un plateau monotone tourbeux, d’une altitude moyenne de 450 m, très boisé et coupé de vallées sinueuses et encaissées, et formant la partie occidentale du massif de l’Ardenne. Cette région rurale au relief accidenté abrite le point culminant du Luxembourg, le Buurgplaatz (559 m), situé près de Huldange. Au sud de l’Oesling, le Gutland (« Bon Pays «) est le prolongement du plateau lorrain (l’altitude n’y dépasse pas 250 m). C’est la région à la fois la plus peuplée, la plus industrialisée et celle qui possède les meilleures terres agricoles du Luxembourg, notamment le long du cours inférieur de l’Alzette. Comme en Lorraine, de gros villages-rues y ponctuent un paysage de champs et de vergers.

Au sud-ouest, précédée de buttes isolées (mont Soleure, 440 m), la côte de Moselle se prolonge et domine d’une centaine de mètres une dépression. Son front est quasi continu en territoire luxembourgeois, depuis Athus (Belgique) jusqu’à Esch. À l’est, les versants calcaires de la vallée de la Moselle portent des vergers et des vignobles qui produisent des vins blancs réputés.

2.2   Climat

Le Luxembourg jouit d’un climat océanique de latitude moyenne à dégradation continentale du fait de la distance d’environ 300 km qui le sépare de l’océan Atlantique. Il connaît ainsi des hivers froids mais tempérés par l’influence des vents océaniques et des étés chauds de type continental. La température annuelle moyenne est de 8 °C. On constate toutefois une différence sensible entre le nord et le sud. Il tombe 650 mm d’eau par an sur l’Oesling avec des températures négatives en janvier pouvant descendre à - 15 °C et des températures estivales entre 17 et 18 °C, tandis que la moyenne thermique estivale est de 19 °C dans le Gutland, au climat moins humide et plus ensoleillé. La pluviosité varie surtout entre l’ouest, très arrosé, et l’est du pays, plus sec.

2.3   Ressources naturelles

Les bois et forêts couvrent 33,6 % de la superficie du territoire, ce qui fait du Luxembourg un pays très boisé. Le sud-ouest du pays possède des gisements de minerai de fer de faible teneur (d’où le nom de minette qui lui est attribué).

2.4   Végétation et faune

Dans le Gutland dominent largement les feuillus, tandis que dans l’Oesling, près de la moitié des surfaces boisées est occupée par des résineux. Les principales essences feuillues sont le hêtre et le chêne, majoritaires, parmi lesquels sont disséminés charmes, frênes, ormes, érables sycomores, etc. Les résineux sont essentiellement représentés par l’épicéa, le sapin de Douglas et le pin.

La faune aviaire est riche d’environ 150 espèces nicheuses ; quelque 300 espèces sont, en tout, observables au Luxembourg. Rapaces (chouettes, hiboux, balbuzard pêcheur, pygargue à queue blanche, milan noir, faucon pèlerin…), échassiers (grues, cigogne, aigrettes…), martin-pêcheur, cincles, plongeons, cygnes, pic cendré, grèbe, pluvier, figurent parmi les oiseaux du territoire.

Les forêts abritent de nombreuses espèces de petits mammifères : écureuils roux, hérissons, mulots, loirs gris, muscardins, hamsters, renards, martres, chauves-souris, castors, etc. Les mammifères de grande taille sont essentiellement représentés par le chevreuil et le sanglier.

2.5   Problématiques environnementales

Parmi les principaux problèmes environnementaux figure une pollution élevée de l’air, générant notamment des pluies acides qui dégradent les forêts (défoliation des arbres), ainsi que la qualité des eaux et des sols. Certains écosystèmes sont très menacés notamment les pelouses sèches et les zones humides (on estime que depuis les années 1960, respectivement 35 % et plus de 80 % de ces habitats ont été détruits). En revanche, la superficie boisée est restée stable depuis la fin des années 1980.

3   POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1   Caractéristiques démographiques

Le Luxembourg a connu un accroissement de sa population de plus de 100 % depuis l’industrialisation à la fin du xixe siècle. Il comptait près de 200 000 personnes en 1900 alors que sa population était estimée, en 2008, à 486 006 habitants (soit une densité d’environ 188 habitants au km²). Irrégulier, cet accroissement de la population a connu un déclin au milieu du xxe siècle, suivi par une reprise de la croissance démographique à partir des années 1990, du fait d’une hausse de la natalité liée à une immigration en progression. Le Luxembourg possède ainsi aujourd’hui un des taux de croissance de la population les plus élevés en Europe (14,4 % sur la période 1995–2005), alors que près de 40 % de sa population est d’origine étrangère et que plus de 50 % des naissances se font au sein de foyers étrangers au milieu des années 2000. Les Portugais et les Français, suivis des Italiens, des Belges et des Allemands sont les plus nombreux. En outre, la main-d’œuvre est constituée à près de 40 % par des transfrontaliers au milieu des années 2000, des Français pour plus de la moitié, suivis des Belges et des Allemands.

3.2   Divisions administratives et villes principales

Le Luxembourg est divisé en 3 districts administratifs, subdivisés en 12 cantons et 116 communes : le district de Luxembourg comprend les cantons de Capellen, d’Esch-sur-Alzette, de Luxembourg et de Mersch ; le district de Grevenmacher comprend les cantons de d’Echternach, de Grevenmacher et de Remich ; le district de Diekirch comprend les cantons de Clervaux, de Diekirch, de Redange, de Vianden et de Wiltz.

Les principales villes, toutes situées dans le bassin métallurgique du sud-ouest, sont Luxembourg, la capitale (83 800 habitants en 2007), Esch-sur-Alzette (27 900 habitants), Differdange (18 900 habitants), Dudelange (17 500 habitants) et Sanem (13 700 habitants).

3.3   Langues et religions

Le Luxembourg est un pays multilingue, du fait de la coexistence historique de deux groupes ethniques, roman et germanique, au fondement de son identité nationale. Depuis le xvie siècle, le français était la langue de l’administration, et l’allemand celle de la presse. La loi du 24 février 1984 sur le régime des langues a consacré le luxembourgeois (lëtzebuergesch), dialecte allemand d’origine francique mosellane, comme langue nationale. Le français y est défini comme la langue de la législation (actes législatifs et réglementaires), celle-ci s’appuyant sur le Code Napoléon. En matière administrative et en matière judiciaire, il peut être fait usage des langues française, allemande ou luxembourgeoise.

La plus grande partie de la population du Luxembourg est catholique (87 %) ; il existe des minorités protestante, juive et musulmane.

3.4   Éducation

La scolarité est obligatoire durant onze ans, dont deux années d’éducation préscolaire à partir de quatre ans, six années d’études primaires et trois années d’études secondaires. L’enseignement se fait en luxembourgeois au niveau préscolaire et de manière générale à l’oral. L’allemand est introduit la première année du cycle primaire, puis le français ultérieurement. L’enseignement se fait en allemand principalement en primaire et dans les premières années du cycle secondaire et notamment du secondaire technique, alors qu’il se fait en français dans le cycle secondaire classique. Durant tout le parcours scolaire, l’enseignement des langues représente la moitié des enseignements. L’université de Luxembourg, créée en 2003 dans la capitale en remplacement de diverses institutions d’enseignement supérieur, met l’accent sur la recherche et sur le bilinguisme. Les dépenses publiques consacrées par le Luxembourg à l’éducation s’élèvent à 4,05 % du PNB en 1999–2000.

3.5   Institutions et vie politique
3.5.1   Organisation des pouvoirs

Le grand-duché de Luxembourg est une monarchie héréditaire constitutionnelle. Proclamée en 1868, la Constitution a été révisée de nombreuses fois. Le grand-duc est le chef de l’État. Il exerce le pouvoir exécutif, mais son autorité reste symbolique. Le leader du parti majoritaire à la Chambre des députés est nommé au poste de Premier ministre par le grand-duc. Il forme le gouvernement que doit approuver le souverain. L’initiative et le contrôle des lois appartiennent à la Chambre des députés qui est composée de 60 représentants élus pour cinq ans au suffrage universel direct. Le droit de vote est fixé à dix-huit ans. Un Conseil d’État, nommé par le souverain et composé de 21 membres, agit à titre consultatif.

3.5.2   Partis politiques

Les trois principaux partis politiques luxembourgeois ont été fondés au début du xxe siècle, entre 1902 et 1914. Le Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (Lëtzebuergesch Sozialistesch Arbechterpartei, POSL/LSAP), d’obédience sociale-démocrate, est l’héritier du Parti social-démocrate créé en 1902, qui a connu plusieurs dissidences et réunifications. Le Parti démocratique (Demokratesch Partei, PD/DP), parti de droite fondé en 1954, est l’héritier de la Ligue libérale née en 1904. Le Parti chrétien-social (Chrëschtlech Sozial Vollekspartei, PCS/CSV), parti centriste démocrate-chrétien, s’appelle ainsi depuis 1945, après avoir été fondé en 1914 sous le nom de Parti de la droite. Le parti écologiste, Les Verts (Déi Greng), a été créé en 1983 et le Comité d’action pour la démocratie et la justice sociale (Aktiounskomitee fir Demokratie a Rentegerechtegkeet, ADR) a été fondé en 1987 par des retraités. La Gauche (Déi Lénk) regroupe depuis 1999 l’extrême gauche et les communistes.

Depuis 1945, le Parti chrétien-social est le parti dominant de la vie politique luxembourgeoise, en ce qu’il apparaît comme le pivot de tous les gouvernements de coalition, constitué alternativement avec les socialistes ou les libéraux (excepté entre 1974 et 1979 où il a été dans l’opposition).

3.5.3   Défense nationale

Le Luxembourg, membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a supprimé en 1967 le service militaire obligatoire et entretient une petite armée de 900 volontaires. Les dépenses de défense représentent 0,9  % du produit intérieur brut (PIB).

4   ÉCONOMIE
4.1   Généralités

Le Luxembourg est le pays le plus riche au monde : il se situe au premier rang mondial en ce qui concerne le produit national brut par habitant, estimé à 71 240 dollars en 2006. À partir du milieu du xixe siècle, le Luxembourg a fondé son développement économique sur la sidérurgie avant de le réorienter vers le secteur financier et de s’imposer dans la seconde moitié du xxe siècle comme un centre bancaire international de premier plan. Au milieu des années 2000, le secteur financier représente ainsi près de 30 % de son PIB.

Alors que la croissance de son économie était plus faible que celles des pays limitrophes jusqu’à la fin des années 1960, l’essor des services financiers lui a assuré un taux de croissance annuel moyen exceptionnel, atteignant pratiquement le double de celui de ses voisins entre 1985 et 2001. Depuis 1985, l’économie luxembourgeoise a la particularité de recourir massivement à une main-d’œuvre constituée par des transfrontaliers, représentant près de 40 % de l’emploi salarié total. Pâtissant comme la plupart des pays de la zone euro du ralentissement de l’économie mondiale au début des années 2000, le Luxembourg connaît à nouveau une croissance vigoureuse à partir de 2006.

4.2   Secteur primaire : agriculture, forêts et pêche

L’agriculture occupe une place marginale dans l’économie du Luxembourg, ne contribuant qu’à 0,4 % du PIB (2006) et employant 1 % de la population active. Les principales cultures concernent le blé et l’orge. La production vinicole est une activité importante en Moselle, où le vignoble couvre 1 200 ha. La sylviculture occupe traditionnellement une place importante dans le secteur primaire.

4.3   Secteur secondaire : mines et industries

Le secteur secondaire, qui représente 14,6 % du PIB (2006), emploie 21 % de la population active. Jadis fondée sur l’industrie du fer et de l’acier, développée dans les années 1880, la métallurgie n’est plus le secteur dominant de l’économie luxembourgeoise. La crise de l’acier, la concurrence internationale et la difficulté de rentabiliser les gisements de fer à teneur faible (l’exploitation de la minette, minerai de fer à l’origine du décollage économique du Luxembourg, s’est arrêtée en 1981) ont imposé un redéploiement complet de l’économie orienté vers les services. Parallèlement, la diversification industrielle s’est faite en direction des industries de la chimie, du caoutchouc et des matières plastiques.

4.4   Secteur tertiaire : services, finances et commerce

Dominant aujourd’hui largement l’économie luxembourgeoise, le secteur tertiaire représente 85 % du PIB (2006) et emploie 78 % de la population. Bénéficiant d’une position centrale au sein de l’Union européenne, la ville de Luxembourg est un important centre d’activités tertiaires et commerciales et le siège de plusieurs institutions européennes, telles que la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE), la Cour des comptes européenne et l’Office statistique des Communautés européennes (Eurostat).

Le Luxembourg est devenu une puissance financière et bancaire internationale où les services représentent le secteur le plus performant, en particulier grâce à une loi favorisant le secret bancaire (1981) et à une fiscalité attrayante. Au milieu des années 2000, il constitue ainsi le deuxième centre bancaire mondial pour les fonds d’investissement, derrière les États-Unis, tandis que le secteur bancaire représente un quart du PIB du pays. Une partie de l’attractivité bancaire du Luxembourg est toutefois remise en question par l’harmonisation de la fiscalité européenne. Le régime des holdings, très favorable à l’implantation des sociétés étrangères attirées par les exonérations fiscales, a ainsi été abrogé en 2007 à la demande de la Commission européenne. Le Luxembourg, qui est le siège de quelque 154 établissements de crédits issus de 26 pays différents (2006), cherche également à s’imposer dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication (présence de RTL Group et de SES Global, opérateur mondial de satellites ; de grandes multinationales y ont également installé leur siège européen, telles que AOL ou Amazon).

Le 1er janvier 2002, l’euro, la monnaie unique européenne, a remplacé le franc luxembourgeois selon le taux de conversion suivant : 1 euro = 40,33991 francs luxembourgeois. La face nationale de toutes les pièces en euros émises au Luxembourg est frappée à l’effigie du grand-duc héritier Henri, fils aîné du grand-duc Jean et de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte de Luxembourg.

La taille minime de son territoire bénéficiant néanmoins d’une position centrale en Europe a incité le Luxembourg à rechercher son intégration dans les espaces économiques internationaux. Dès 1921, il formait une union économique avec la Belgique. Les deux pays ont eu un double taux de change jusqu’en 1990, et le franc belge avait cours légal au Luxembourg jusqu’à l’introduction de l’euro. En 1948, les Pays-Bas et la Belgique ont établi un traité douanier qui est devenu, en 1958, un accord d’intégration économique totale. En 1960, l’Union économique du Benelux a été effective, permettant le libre échange de la main-d’œuvre, des capitaux et des services entre les trois États. Le Luxembourg est aussi l’un des membres fondateurs de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951, ancêtre de l’Union européenne, à la construction de laquelle il a toujours participé activement. L’essentiel du commerce luxembourgeois se fait avec l’Allemagne, la France et la Belgique.

5   HISTOIRE
5.1   Origines

Le territoire qui correspond aujourd’hui au Luxembourg a d’abord été occupé par des Celtes-Gaulois et des Germains. Sous l’Empire romain, il fait partie de la province de Belgica Prima. Après l’installation de peuples « barbares « en Europe occidentale (lors des Grandes Invasions), il est intégré au royaume franc d’Austrasie, puis à l’Empire des Carolingiens. La région est christianisée à la fin du viie siècle par le missionnaire Willibrord.

5.2   Le comté de Luxembourg (843-1354)

En 843, par le traité de Verdun, le territoire luxembourgeois devient l’un des comtés du royaume de Lotharingie. Au xe siècle, Sigefroi fait ériger le château de Luxembourg et devient le premier comte de Luxembourg de la maison d’Ardennes (963-1143, première des trois maisons de Luxembourg), inféodé au Saint Empire romain germanique. Par alliances, le comté passe ensuite sous la direction de la maison de Namur (1143-1247) puis sous celle de Limbourg (1247-1447). Marquant la frontière linguistique entre cultures romaine et germanique, le comté subit dès lors cette double influence — qui caractérise le Luxembourg jusqu’à nos jours. En 1308, avec Henri VII (comte de 1288 à 1309), les comtes de Luxembourg accèdent à la dignité impériale ; trois membres de la maison de Luxembourg deviennent simultanément souverains du Luxembourg et souverains du Saint Empire romain germanique : Henri VII (empereur de 1308 à 1313), Wenceslas II (comte de 1353 à 1354, puis duc de 1354 à 1383 ; empereur de 1378 à 1400, sous le nom de Wenceslas) et Sigismond (duc de 1419 à 1437 ; empereur de 1411 à 1437).

5.3   Le duché de Luxembourg (1354-1815)
5.3.1   Entre ducs en titre et ducs engagés

En 1354, sous le règne de Wenceslas II, le comté de Luxembourg est érigé en duché par l’empereur Charles IV du Saint Empire (un membre de la maison de Limbourg). Puis les ducs se mettent à gager le duché de Luxembourg. Le premier à inaugurer cette pratique est son successeur Wenceslas III (duc de 1383 à 1419), qui, en 1388, gage le Luxembourg à Jean de Görlitz (également membre de la maison de Limbourg) ; ce dernier cède ses droits à sa fille Élisabeth de Görlitz, tandis que Sigismond, successeur de Wenceslas III, transmet son titre à sa propre fille, Élisabeth de Habsbourg (épouse de l’empereur Albert II) : ainsi, le titre de duc de Luxembourg passe aux mains des Habsbourg, alors que son gouvernement demeure entre les mains des Luxembourg-Limbourg. La situation se complexifie lorsque, en 1443, Élisabeth de Görlitz (sans descendance) vend le gage au duc Philippe le Bon de Bourgogne. Pour sa part, le titre échoit en 1459 au roi de France, lointain descendant de la maison de Luxembourg. Finalement, en 1461, Louis XI de France cède son titre au duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui possède déjà le gage. Le duché de Luxembourg est alors intégré aux Pays-Bas bourguignons.

5.3.2   Un duché convoité

En 1477, à la mort de Charles le Téméraire (successeur de Philippe le Bon), le duché de Luxembourg échoit aux Habsbourg et suit, dès lors, le sort des Pays-Bas méridionaux ; il est uni à la Couronne espagnole en 1506 (par Charles Quint), devient autrichien en 1714 (en vertu du traité de Rastatt), puis français de 1795 à 1814, sous la dénomination de « département des Forêts «. Pendant cette longue période de tutelles, le Luxembourg conserve cependant une certaine autonomie, en particulier grâce à l’instauration d’un conseil provincial, le Conseil des princes et des États.

5.4   La mise en place du grand-duché de Luxembourg
5.4.1   Une indépendance proclamée, mais malmenée (1815-1867)

À la fin des guerres napoléoniennes en 1815, l’acte final du congrès de Vienne érige le Luxembourg en grand-duché indépendant, intégré à la Confédération germanique. Le titre de grand-duc est accordé à Guillaume Ier des Pays-Bas. Celui-ci outrepasse ses droits et intègre de facto le grand-duché dans sa Couronne. En réaction à cet absolutisme, les Luxembourgeois se solidarisent avec les Belges, et se révoltent communément en 1830. En octobre 1830, au terme de la Révolution belge, la Belgique proclame son indépendance et incorpore les Luxembourgeois du grand-duché, contre les revendications des Pays-Bas. Après de nombreux pourparlers au cours de l’année 1831, le traité de Londres (novembre 1831) accorde à la Belgique une partie des territoires luxembourgeois ; s’il est ratifié par le Parlement belge, il est ignoré par les Pays-Bas qui en refusent le principe même. En conséquence, le Luxembourg est, dans les faits, administré par la Belgique pendant huit ans.

En 1839 finalement, Guillaume Ier des Pays-Bas ratifie le traité de Londres, et reprend ainsi possession de l’intégralité du grand-duché — à l’exception de la région d’Arlon (devenue la province belge de Luxembourg). De 1840 à 1849, le Luxembourg est administré par Guillaume II des Pays-Bas. C’est à cette époque que le grand-duché entre dans l’Union douanière allemande (Zollverein), gérée par la Prusse. L’abolition des barrières douanières entre les États allemands facilite l’accession du Luxembourg au rang de nation industrielle. Guillaume II, farouche partisan de l’indépendance effective du Luxembourg, défend le pays contre les tentatives d’annexion de ses puissants voisins, la France et la Confédération germanique. En 1866, l’éclatement de la Confédération parachève le processus d’indépendance.

5.4.2   Indépendance reconnue, mais neutralité violée (1867-1944)

En mai 1867, à la suite des tentatives de la France d’acheter le Luxembourg — provoquant une grave crise dans les relations franco-prussiennes —, le Luxembourg devient une nation souveraine dont l’indépendance est garantie par un nouveau traité signé à Londres, qui prévoit une neutralité désarmée et perpétuelle du pays. En 1868, le grand-duché, doté d’une Constitution, est complètement indépendant. En 1890, à la mort de Guillaume III, l’union personnelle du Luxembourg et des Pays-Bas prend fin ; la couronne grand-ducale revient à Adolphe de Nassau, premier grand-duc de la maison de Nassau-Weilburg.

En 1907, le grand-duc Guillaume IV (père de six filles) abolit la loi successorale qui exclue les femmes du trône. Ainsi deux de ses filles, Marie-Adélaïde et Charlotte, deviennent-elles grandes-duchesses de Luxembourg, respectivement de 1912 à 1919, et de 1919 à 1964.

Au cours du xxe siècle, la neutralité luxembourgeoise est violée à deux reprises par l’Allemagne. Une première fois lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale (en 1914), puis une seconde fois au début de la Seconde Guerre mondiale (en 1940) : les nazis, en dépit du refus des Luxembourgeois (référendum du 10 octobre 1941), annexent purement et simplement le Luxembourg au IIIe Reich. La grande-duchesse choisit courageusement de former un gouvernement en exil à Londres. Le pays, entré en résistance, est libéré par les Alliés en septembre 1944.

5.5   L’essor du grand-duché de Luxembourg à partir des années 1950

Petit État au développement assuré par la sidérurgie et l’agriculture, le Luxembourg connaît à partir de la seconde moitié du xxe siècle un essor exceptionnel. Il se fonde notamment sur la reconversion de son économie en direction des services financiers, une percée inédite sur le plan diplomatique alliée à un rôle de premier plan dans la construction européenne et une vie politique intérieure d’une grande stabilité.

5.5.1   Une place financière de premier plan

Prenant conscience de la dépendance excessive de l’économie luxembourgeoise à l’égard du secteur sidérurgique, qui avait permis le développement économique du pays et assurait plus de 40 % du PIB au début des années 1950, les autorités engagent un vaste programme de diversification industrielle (loi-cadre de 1962) et incitent les entreprises étrangères à s’implanter au Luxembourg (Goodyear en 1951, DuPont de Nemours en 1963, une cinquantaine entre 1959 et 1972). Dès 1929, le Luxembourg avait mis en place une législation sur les holdings favorables à l’implantation de sociétés étrangères dans le grand-duché. Après la Seconde Guerre mondiale, d’autres mesures législatives pour attirer les capitaux étrangers tout en luttant contre le blanchiment d’argent renforcent l’attractivité du Luxembourg, qui s’appuie également sur sa grande stabilité politique et sociale, sur son caractère multilingue et sur son implication dans la construction européenne. Mais c’est surtout la décision américaine de freiner l’émission d’emprunts internationaux sur le marché financier de New York (« Interest Equalization Tax «, 1963) qui, en réorientant les flux financiers, favorise l’expansion des euromarchés (voir eurodevises), et en premier lieu de la place financière luxembourgeoise qui n’a pas de banque centrale et offre une législation plus souple que Londres ou Amsterdam. Le nombre de banques qui était de 14 en 1950 s’élève à 37 en 1970, 111 en 1980, 177 en 1990 et 209 en 2000.

Cette évolution spectaculaire place rapidement le Luxembourg parmi les toutes premières places financières mondiales. Le secteur financier, principal employeur du pays, assure dès lors la croissance exceptionnelle luxembourgeoise (taux de croissance moyen du PIB supérieur à 5 % du milieu des années 1980 à 2000). Au milieu des années 2000, Le Luxembourg compte ainsi parmi les premières places financières internationales en termes de fonds d’investissements, d’assurances et de gestion d’actifs.

5.5.2   Une forte implication internationale et européenne
5.5.2.1   Un petit pays très présent sur la scène mondiale

Dès les années 1920, le Luxembourg s’était orienté vers une politique d’union économique avec ses pays voisins ; l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL) est signée en 1921. Mais c’est surtout après la Seconde Guerre mondiale que ce mouvement s’accélère. En effet, la convention d’union douanière signée avec la Belgique et les Pays-Bas  dès 1944 entre en application en 1948. Cette union aboutit en 1958 (traité de La Haye) à l’institution du Benelux, qui devient un instrument important de l’influence du Luxembourg sur la scène diplomatique. Le 26 juin 1945, le pays devient membre fondateur des Nations unies. Après avoir retiré le principe de neutralité inscrit dans l’article Ier de la Constitution (loi du 28 avril 1948), le Luxembourg s’associe au traité de Bruxelles. Il est un membre fondateur de l’OECE en 1948, de l’OTAN et du Conseil de l’Europe en 1949. Appartenant désormais à la quasi-totalité des grandes organisations internationales, le Luxembourg acquiert dans la seconde moitié du xxe siècle une visibilité internationale tout à fait inédite, et s’illustre traditionnellement dans un rôle de conciliateur.

L’implication internationale du Luxembourg se traduit également par son engagement remarquable en faveur de l’aide au développement. Se classant parmi les tout premiers pays contributeurs au monde, il a atteint en 2000 le taux de 0,7 % de son revenu national brut consacré à l’aide publique au développement (un objectif fixé par l’ONU en 1970 et que seuls les pays scandinaves, les Pays-Bas et le Luxembourg ont respecté) – l’aide publique au développement est en outre en progression régulière (0,89 % du PNB en 2006.

5.5.2.2   Une nation au cœur de la construction européenne

Au début des années 1950, le Luxembourg, dont la production d’acier est supérieure à celle des Pays-Bas et de l’Italie (2,5 millions de tonnes en 1950), devient l’un des membres fondateurs de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) — dont il accueille sur son sol la Haute-Autorité et la Cour de justice. En raison de son histoire, de son économie et de sa position géographique, le Luxembourg, terre natale de l’artisan de la CECA, Robert Schuman, joue dès lors sans réserve la carte de l’intégration européenne. Il devient ainsi naturellement un des membres de la Communauté européenne et d’Euratom, et sa capitale constitue l’un des trois pôles de l’Union européenne (UE), aux côtés de Bruxelles et de Strasbourg. La ville de Luxembourg abrite notamment le secrétariat général du Parlement européen, la Cour de justice des communautés européennes, la Cour des comptes, la Banque européenne d’investissement (BEI), de nombreux services de la Commission européenne tels que l’Office des publications officielles et l’Office statistique des Communautés européennes. En outre, le Luxembourg joue traditionnellement le rôle de médiateur entre la France et l’Allemagne notamment, et fournit de nombreux cadres et dirigeants de l’Union européenne (dont notamment Pierre Werner, Gaston Thorn, Jacques Santer ou encore Jean-Claude Juncker).

Depuis la ratification du traité de Maastricht (1992), dont Jean-Claude Juncker a été l’un des principaux artisans, les dirigeants et la population luxembourgeois demeurent attachés à la construction européenne. En 1998, le Luxembourg figure parmi les onze pays retenus pour le passage à l’Union économique et monétaire (UEM) au 1er janvier 1999 (il est le premier pays à remplir toutes les conditions, un an avant la date butoir) et ratifie le traité d’Amsterdam. Le référendum sur la Constitution européenne se déroule au Luxembourg au mois de juillet 2005 et 56,52 % des électeurs se prononcent en faveur de la ratification du traité européen.

Lors des élections européennes de juin 1999, les chrétiens-sociaux et les socialistes obtiennent chacun 2 sièges au Parlement européen, les libéraux et les Verts en recueillant 1 chacun. Alors que le Luxembourg a réussi à maintenir le principe du secret bancaire dans le cadre des négociations entre les ministres des Finances de l’Union européenne, le scrutin européen de juin 2004 est marqué par la victoire du Parti chrétien-social, qui remporte 3 des 6 sièges attribués au Luxembourg. Les socialistes, les libéraux et les Verts obtiennent un siège chacun. Jean-Claude Juncker est élu peu après à la présidence de l’Eurogroupe, lui qui est alors le plus ancien dirigeant européen en exercice. Il devient « M. Euro « le 1er janvier 2005.

5.5.3   Une politique intérieure stable

Après 1945, le Luxembourg se caractérise par une politique consensuelle de coalition et une stabilité de la représentation parlementaire comme en témoignent les longs mandats des Premiers ministres. Le 4 mai 1961, le prince Jean, héritier présomptif, est proclamé gouverneur par sa mère, la grande-duchesse Charlotte. Celle-ci abdique le 12 novembre 1964 et, aussitôt après, Jean devient grand-duc. Il règne jusqu'au 7 octobre 2000, lorsqu’il abdique en faveur de son fils aîné Henri.

Durant les Trente Glorieuses, la vie politique est marquée par la suprématie du Parti chrétien-social (PCS/CSV), et en particulier par le long ministère de Pierre Werner (1959-1974),à la tête de gouvernements de coalition avec le Parti démocrate luxembourgeois (PDL/DP, 1959-1964 et 1968-1974) ou le Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (POSL/LSAP, 1964-1968). Cette suprématie est brièvement remise en cause en 1974 avec l’arrivée au pouvoir d’une coalition de centre-gauche formée par le DP et le LSAP (avec Gaston Thorn comme Premier ministre). Dans un contexte économique marqué par le premier choc pétrolier, le gouvernement parvient à contenir les effets de la crise et engage de nombreuses réformes de société telles que l’introduction de la cinquième semaine de congés payés, l’abolition de la peine de mort, l’autorisation du divorce par consentement mutuel et de l’interruption volontaire de grossesse.

Dès 1979, Pierre Werner et le Parti chrétien-social retrouvent la majorité en constituant une coalition avec les démocrates. Ils doivent imposer au pays les mesures d’austérité dictées par une récession économique durable. Pierre Werner démissionne finalement avant les élections de 1984 ; son successeur à la tête du Parti chrétien-social, Jacques Santer, mène les socio-chrétiens à la victoire mais la réaction de l’électorat aux mesures d’austérité permet au Parti ouvrier socialiste luxembourgeois de progresser sensiblement. Une coalition de socio-chrétiens et de socialistes, dirigée par Jacques Santer, reprend les rênes du pouvoir, malgré des majorités réduites, aux élections de juin 1989 et juin 1994. Nommé président de la Commission européenne en janvier 1995, Jacques Santer est remplacé par Jean-Claude Juncker à la tête du gouvernement.

Jean-Claude Juncker est reconduit dans ses fonctions au lendemain du scrutin législatif de juin 1999, marqué par la défaite des socialistes et la percée des libéraux, qui entrent au gouvernement. Il conserve le pouvoir à la faveur des élections législatives de juin 2004 et forme cette fois un gouvernement de coalition avec les socialistes.

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Capitale du Luxembourg, dans le sud du plateau de Luxembourg, au confluent de l’Alzette et de la Pétrusse. Site de nombreuses institutions financières. Inscrite depuis 1994 à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses vieux quartiers et ses fortifications, résumant l’architecture militaire de nombreux siècles.

Population : 100 000 habitants.

Gentilé : Luxembourgeois.

Endonymes : Luxemburg (allemand), Lëtzebuerg (luxembourgeois).

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