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LE LYRISME BOURGEOIS

Publié le 31/05/2012

Extrait du document

Entre les oeuvres nettement caractérisées qui se classent dans les genres définis, entre les fabliaux, les poèmes didactiques et le lyrisme courtois, s'étale une masse confuse de pièces, chansons, complaintes, dits, disputes, conges, qu'on est souvent embarrassé · de classer, où ne domine aucun caractère exclusivement narratif, moral ou lyrique. Mais ces pièces ont en général ceci de commun, qu'elles sont d'actualité, nées des circonstances et d'une particulière émotion des esprits. Il en est qui sont anonymes et impersonnelles, et qui reflètent les sentiments d'un siècle et d'une classe, parfois avec une singulière intensité :comme cette virulente complainte de Jérusalem (vers 1214), qui n'est qu'un cri de haine contre la richesse du clergé et la corruption de Rome...

« LE LYRISME BOURGEOIS.

f07 finirent par être vivants : bergers et bergères devinrent de vrais paysans.

Il y eut des poretcs qui, des conventions traditionnelles du genre, repassèrent aux réalités correspondantes et prochaines.

Certaines pastourelles qui parfois ne gardent même pas Je thème fondamental de la rencontre d'un chevalier et d'une bergère, sont de charmants tableaux de genre avec leurs rythmes alertes et leurs refrains joyeux ou goguenards; elles nous montrent tout un côté de la vic rurale : les jeux, les danses, la gaieté bruyante du village, les coquetteries et les jalousies, les cadeaux idylliques de gâteaux ct de fromages, la séduction des souliers il la mode et des fines cottes neuves, les gros rires et le:; lourds ébats terminés en rixes, coups de poing, musettes crevées, dents cassées.

Toutes ces scènes si vivement esquissées, surtout dans des pastourelles picardes, nous révèlent des esprits il rpJi la vulgaire réalité a fait sentir son charme, et qui ont essayé de la rendre 1 .

Volontiers aussi les faiseurs de chansons se regardaient eux­ mêmes et disaient leur vîe, ses joies et ses misères; les pauvres diables qui attendaient leur subsistance de la libéralité des nobles patrons ou des auditeurs populaires, étaient amenés à se prendre pour sujets de leurs chansons comme de leurs fabliaux.

De bonne heure, dès que la société se fut constituée dans une forme régulière ils y apparurent comme des irréguliers, des déclassés, et, comme tels, ils excitèrent la curiosité du pqblic honorable et rangé, sur qui la vic de bohème a toujours exercé une fascination singulière.

Us surent exploiter cc sentiment, ils sc peignirent à leurs contem­ porains avec un mélange curieux de servile bouffonnerie et de touchante sincérité, qui était fait pour exciter un peu de pitié parmi beaucoup de mépris, et délier les cordons de la bourse des gens qui avaient ri.

Il y a dans ce genre une exquise pièce d'un jongleur champenois, Colin Muset, le plus gciJtil quémandeur que nous connaissions avant Marot : il fait une peinture spiri­ tuellement naïve de son ménage à certain comte devant qui il avait " viellé " sans en rien recevoir 2 • C'était le goût des nobles qui maintenait surtout à la poésie lyrique son caractère d'irréalité convenue.

La classe bourgeoise, en l'adoptant, la fit servir à des usages pour ainsi dire .domes­ tiques et lui procura ainsi, notamment dans les villes dn Non!, une plus robuste vitalité.

Ainsi, les thèmes consacrés de l'amour courtois continuaient d'être traités, et, à l'imitation des concours institués d'abord au Puy-en-Velay en l'honneur de la Vierge, il 1.

Cf.

Bartsch et Jeanroy, ouv.

cités, p.

1"/0.

~-Bartsc~, et Horning, ouv.

cité, p.

351.

Cf.

J.

Bédier, De Nicolao Musela, Paris, 1893.

f L. »

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