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MACHIAVEL: «...Aussi est-il nécessaire à un prince, s'il veut se maintenir, d'apprendre à pouvoir n'être pas bon, et d'en user et n'user pas selon la nécessité.»

Publié le 13/01/2004

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MACHIAVEL: «...Aussi est-il nécessaire à un prince, s'il veut se maintenir, d'apprendre à pouvoir n'être pas bon, et d'en user et n'user pas selon la nécessité.»
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« est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; comme la première bien souvent ne suffit pas, il faut recourirà la seconde.

Ce pourquoi est nécessaire au Prince de savoir bien pratiquer la bête et l'homme.

»La même idée que la fin justifie les moyens est exprimée dans les « Discours » : « Un esprit sage ne condamnerajamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou pour fonder unerépublique.

Ce qui est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse.

»Ce réalisme, bien loin de la morale humaniste ou de la morale chrétienne, apparaît, à première vue, tout à fait dénuéde machiavélisme.

Dans son acception courante, ce terme évoque, en effet, des manœuvres tortueuses, le recoursau secret.

Rien de tout cela ici, mais seulement un exposé lucide dans lequel il n'est pas toujours facile de percevoirla marge d'ironie.

Ce « machiavélisme » apparaît cependant dans les conseils complémentaires.

Le prince doit «savoir entrer dans le mal s'il y a nécessité », mais il veillera cependant à sauver sa réputation.

Il fera prendre lesmesures impopulaires par quelqu'un d'autre, se réservant celles qui ont la faveur du peuple.

Il sera renard : « Mais ilest besoin de savoir bien colorer cette nature, bien feindre et bien déguiser.

» Machiavel ajoute que les hommessont si simples et tant soumis aux nécessités du présent que celui qui trompe trouvera toujours quelqu'un prêt à selaisser tromper.

Il importe donc avant tout de préserver ce que l'on n ‘appelait pas encore son « image de marque »: « il n'est donc pas nécessaire à un Prince d'avoir toutes les qualités dessus nommées, mais bien il faut qu'ilparaisse les avoir.

»Un exemple parmi d'autres de ces pratiques, qui laissa Machiavel frappé de stupeur, mais sans doute aussi admiratif: César Borgia, pour faire régner l'ordre en Romagne, donna toute puissance à l'un de ses hommes de confianceconnu pour être cruel & expéditif.

La paix établie, pour éviter que l'opprobre ne s'attache à sa propre personne, il fitexécuter l'officier, exposant son corps coupé en deux morceaux sur une place publique.

Bel exemple de duplicité etde détermination.

Borgia possédait la « virtù ».Le Prince ne se souciera donc pas de ce qu'exige la morale, mais il veillera à manipuler l'opinion pour asseoir saréputation.

La chose est aisée du fait de la crédulité du peuple.

« Les hommes, en général, jugent plutôt aux mainsqu'aux yeux.

»« Qu'un Prince donc se propose pour but de vaincre, et de maintenir l'Etat ; les moyens seront toujours estiméshonorables et loués de chacun ; car le vulgaire ne juge que de ce qu'il voit et de ce qui advient ; or en ce monde iln'y a que le vulgaire ; et le petit nombre ne compte pour rien quand le grand nombre a de quoi s'appuyer.

» Rousseau estime que ce penseur politique a été encore plus subtilement machiavélique qu'on ne le pense.

En faisantsemblant de donner des conseils à un prince sur la façon de manipuler les foules, il aurait en fait dévoilé aux peuplesla manière dont ils sont grugés : « En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples.Le Prince de Machiavel est le livre des républicains.

»Spinoza pensait déjà de même : « Peut-être Machiavel a-t-il voulu montrer qu'une masse libre doit, à tout prix, segarder de confier son salut à un seul homme […] Cette dernière intention est, quant à moi, celle que je serais portéà prêter à notre auteur.

Car il est certain que cet homme si sagace aimait la liberté et qu'il a formulé de très bonsconseils pour la sauvegarder." MACHIAVEL (Nicolas). Né et mort à Florence (1469-1527).

Secrétaire du gouvernement florentin, le retour des Médicis au pouvoir, en 1512, le conduisit en prison.

Il fut torturé et dut se retirer des affaires publiques.

Puis, ildevint historiographe de Florence, mais, de nouveau suspect, il se tint à l'écart et mourut la même année.

Il futsurtout un théoricien politique, conscient des dangers courus par son pays, et cherchant à les combattre.

Il tentaune analyse scientifique de la société.

S'il préconise l'hypocrisie ou l'immoralité comme moyens de gouvernement,c'est parce que, dans un pays réduit à l'immoralité, pays qu'il faut sauver, le prince ne doit reculer devant aucunmoyen.

On a souvent mal interprété la pensée de Machiavel, qui s'applique à l'Italie dans laquelle il vivait.

Il demeurecomme l'un des plus grands artistes de la Renaissance. Oeuvres principales : Le prince (écrit en 1513, publié en 1531), Discours sur la première décade de Tite-Live (1513), L'art de la guerre.. »

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