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MACHIAVEL: Un prince doit s'efforcer de se faire une réputation de bonté

Publié le 27/02/2008

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Un prince doit s'efforcer de se faire une réputation de bonté, de clémence, de piété, de fidélité à ses engagements, et de justice ; il doit avoir toutes ces bonnes qualités mais rester assez maître de soi pour en déployer de contraires, lorsque cela est expédient. Je pose en fait qu'un prince, et surtout un prince nouveau, ne peut exercer impunément toutes les vertus, parce que l'intérêt de sa conservation l'oblige souvent à violer les lois de l'humanité, de la charité et de la religion. Il doit être d'un caractère facile à se plier aux différentes circonstances dans lesquelles il peut se trouver. En un mot, il lui est aussi utile de persévérer dans le bien, lorsqu'il n'y trouve aucun inconvénient, que de savoir en dévier, lorsque les circonstances l'exigent. Il doit surtout s'étudier à ne rien dire qui ne respire la bonté, la justice, la bonne foi et la piété ; mais cette dernière qualité est celle qu'il lui importe le plus de paraître posséder, parce que les hommes en général jugent plus par leurs yeux que par aucun des autres sens. Tout homme peut voir ; mais il est donné à très peu d'hommes de savoir rectifier les erreurs qu'ils commettent par les yeux. On voit aisément ce qu'un homme paraît être, mais non ce qu'il est réellement ; et ce petit nombre d'esprits pénétrants n'ose contredire la multitude, qui d'ailleurs a pour elle l'éclat et la force du gouvernement. Or, quand il s'agit de juger l'intérieur des hommes, et surtout celui des princes, comme on ne peut avoir recours aux tribunaux, il ne faut s'attacher qu'aux résultats ; le point est de se maintenir dans son autorité ; les moyens, quels qu'ils soient, paraîtront toujours honorables, et seront loués de chacun. Car le vulgaire se prend toujours aux apparences, et ne juge que par l'événement. MACHIAVEL

Machiavel dans le Prince offre une théorie du pouvoir qui fera date dans l’histoire de la philosophie politique et la politique elle-même. Comprendre les enjeux de l'écriture du Prince implique d'avoir à l'esprit les incessantes guerres d'Italie et leur effet sur Florence, la cité de Machiavel (1469-1527). Tout a été bouleversé par l'arrivée des troupes françaises en Italie en 1494. À Florence, l'état de guerre a conduit au départ des Médicis, en novembre 1494, et à la mise en place d'une forme politique nouvelle, la République du grand conseil. Mais les nouvelles guerres, plus rapides et plus violentes, posent une question décisive : celle de la survie de la cité et de la conservation du pouvoir. Il est ici question de conseils donnés à un nouveau prince qui vient d’entrer en fonction. Il s’agit d’instrumentaliser les vertus au profit du pouvoir politique. Il ne faut pas être vertueux mais seulement le paraître, mieux il faut savoir utiliser les vertus au bon moment et savoir s’en débarrasser au moment opportun. Comment un prince peut se servir des vertus pour conserver le pouvoir ?

 

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« Tout.

La fortune est ce qui fragilise la pratique et la prive de toute emprise « réelle », donc de toute garantie ; ellene se conjugue jamais au futur, et dès qu'on veut en parler au présent, elle s'évanouit en s'atomisant sous lesespèces de la pluralité des « occasions » disjointes.

Le réel étant instable, on ne peut rien prévoir à l'avance lesévénements.

Machiavel critique donc une vertu qui ne saurait s'adapter au moment présent, qui serait fixe etintangible.

Croire que l'on peut réagir, et surtout exercer un pouvoir sans s'adapter aux circonstances, faire preuvede bonté dans tous les cas serait finalement un aveu de faiblesse.

« Un prince doit s'efforcer de se faire uneréputation de bonté, de clémence, de piété, de fidélité à ses engagements, et de justice ; il doit avoir toutes cesbonnes qualités mais rester assez maître de soi pour en déployer de contraires, lorsque cela est expédient.

» Ce quicompte, c'est la réputation d'être bon, clément car sans certaines qualités , un prince ne peut tout simplement passe maintenir au pouvoir, et recevoir une admiration de ses administrés pour pouvoir mieux les commander. « Je pose en fait qu'un prince, et surtout un prince nouveau, ne peut exercer impunément toutes les vertus, parceque l'intérêt de sa conservation l'oblige souvent à violer les lois de l'humanité, de la charité et de la religion.

» Leprince ne doit hésiter à violer toutes les règles en cours si cela est nécessaire.

La guerre en est un exemple.Respecter les commandements de la religion serait néfaste au prince et contre productif.

Le prince fait usage deviolence, une violence légitime comme le dira plus tard Max Weber, car c'est dans la nature même du pouvoirpolitique d'être capable de s'abstraire des lois car il a la capacité de les édicter.

Cette conception s'oppose en celaà toutes les conceptions théologico-politiques qui avait cours jusqu'à son époque.

Le pouvoir politique n'est plussoumis au pouvoir religieux.

On assiste ici à une véritable séparation des pouvoirs qui fera date dans l'histoire de lapolitique.

Machiavel amorce la réflexion sur l'état moderne.

« Il doit être d'un caractère facile à se plier auxdifférentes circonstances dans lesquelles il peut se trouver.

En un mot, il lui est aussi utile de persévérer dans lebien, lorsqu'il n'y trouve aucun inconvénient, que de savoir en dévier, lorsque les circonstances l'exigent.

» Il estdonc ici question de la vertu, le prince doit apprendre à savoir changer, à faire violence à sa propre nature parfoispour exercer le pouvoir.

Bien loin d'être conditionnée par une psychologie qui serait un trait particulier de tel ou tel,la vertu rencontre au contraire la psychologie de l'individu comme un obstacle et comme sa principale limitation.Alors que la vertu, si elle pouvait exister sous la forme d'une force nue dégagée de toute condition d'ancragesubjectif, serait toujours adaptée aux « occasions de la Fortune », elle se donne nécessairement à travers une« nature humaine individuelle » rigide et résistante.

« Deux choses s'opposent à ce que nous puissions changer :d'abord, nous ne pouvons pas résister au penchant de notre nature ; ensuite, un homme à qui une façon d'agir atoujours parfaitement réussi n'admettra jamais qu'il doit agir autrement.

C'est de là que viennent pour nous lesinégalités de la fortune : les temps changent et nous ne voulons pas changer » ( Discours sur la première décade de Tite-Live , III, 9). « Il doit surtout s'étudier à ne rien dire qui ne respire la bonté, la justice, la bonne foi et la piété ; mais cettedernière qualité est celle qu'il lui importe le plus de paraître posséder, parce que les hommes en général jugent pluspar leurs yeux que par aucun des autres sens.

Tout homme peut voir ; mais il est donné à très peu d'hommes desavoir rectifier les erreurs qu'ils commettent par les yeux.

» Le pouvoir est le lieu du visible, de l'apparence, sareprésentation et sa mise en scène sont primordiale.

Le commun des mortels n'a pas accès au secret du pouvoir,aux prises de décisions, aux entretiens que le prince peut avoir avec ses conseillers.

L'impression que donne leprince ne doit laisser paraître en rien une duplicité.

Le prince doit montrer une assurance à toute épreuve.

Aussi, lapiété, vertu religieuse est essentiel pour avoir la confiance des citoyens car elle donne le sentiment que le princeest soumis lui-même à des règles qui le dépasse. « On voit aisément ce qu'un homme paraît être, mais non ce qu'il est réellement ; et ce petit nombre d'espritspénétrants n'ose contredire la multitude, qui d'ailleurs a pour elle l'éclat et la force du gouvernement.

Or, quand ils'agit de juger l'intérieur des hommes, et surtout celui des princes, comme on ne peut avoir recours aux tribunaux, ilne faut s'attacher qu'aux résultats ; le point est de se maintenir dans son autorité ; les moyens, quels qu'ils soient,paraîtront toujours honorables, et seront loués de chacun.

Car le vulgaire se prend toujours aux apparences, et nejuge que par l'événement.

» Finalement, c'est une perte de temps que d'examiner de près la moralité des princes,car on ne peut juger que des faits et une intériorité, une prise de décision qu'on ne connaît pas , et une fin quijustifie tous les moyens.

Machiavel ne fait pas preuve de cynisme.

Le machiavélisme, terme devenu péjoratif désignetout cynisme à qui les façon d'arriver importe peu.

Machiavel ne fait qu'énoncer une théorie de l'exercice du pouvoirpolitique que, finalement tout homme politique consciemment ou non. Ce texte met en avant l'articulation de la vertu et de la fortune.

Les vertus doivent être utilisées à bon escient, ilfaut les adapter aux circonstances changeantes, et s'attacher à la vérité effective des choses et non à despréceptes moraux prédéfinis.

Ce n'est pas que le prince ne doit avoir aucune vertu, ni toute mais les bonnes au bonmoment.

Le prince doit avant tout paraître et non être.

Il doit être tout à la fois aux yeux du peuple pour pouvoircontourner toute morale quand la nécessité le décide.. »

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